Du déni à la colère puis à l’acceptation : les étapes par lesquelles passent les victimes d’escroqueries financières ressemblent fréquemment aux cinq phases du deuil.
Trop souvent, les victimes d’une escroquerie en ligne sont peu enclines à agir lorsqu’elles réalisent qu’elles ont été spoliées, car elles éprouvent de la honte ou considèrent qu’il est déjà trop tard pour récupérer leur argent.
Il arrive aussi que les policiers de première ligne ne sachent pas très bien ce qu’il convient de faire, en particulier lorsque les escroqueries ont un volet international, comme des transactions financières transfrontalières.
Cependant, ainsi que le montre un nouvel ensemble d’outils d’INTERPOL, même lorsque l’argent d’une victime a été transféré depuis son compte, il reste parfois possible d’intercepter les fonds.
Intitulé « Agissez : demandes urgentes de blocage de paiement et ordres de gel provisoire de fonds » et réservé aux services chargés de l’application de la loi, cet ensemble d’outils est partagé sur le réseau d’INTERPOL, constitué de 194 pays membres.
Un webinaire à ce sujet a été organisé le mercredi 29 juillet à l’intention de plus de 500 représentants de services chargés de l’application de la loi, de cellules de renseignement financier (CRF) et d’organismes internationaux de lutte contre le blanchiment de fonds. Plus de 100 pays étaient représentés à cette occasion
Appelez votre banque, appelez la police
« On pense souvent qu’il n’y a rien à faire une fois l’argent d’une victime transféré à l’étranger, alors qu’il existe des systèmes permettant de rappeler les transactions frauduleuses », a déclaré M. Tomonobu Kaya, Coordinateur en matière de lutte contre la criminalité financière à INTERPOL.
« La victime devrait toujours commencer par contacter sa banque, l’informer du caractère frauduleux de la transaction et insister pour qu’elle adresse une demande de rappel à la banque bénéficiaire à l’étranger, via le système de communication interbancaire spécialisé », a ajouté M. Kaya.
Lorsqu’elle reçoit une demande de rappel, la banque ayant émis le transfert frauduleux envoie à la banque bénéficiaire un message demandant l’annulation du paiement et empruntant le même chemin que l’argent de la victime. Tant que les fonds n’ont pas été retirés de la banque bénéficiaire par les escrocs, il y a de bonnes chances qu’ils puissent être bloqués et restitués.
Il n’y a pas de temps à perdre
Si la victime est en mesure d’identifier elle-même la banque bénéficiaire, il peut également être utile qu’elle prenne contact directement avec cette dernière.
Des outils en ligne gratuits peuvent être utilisés pour localiser la banque bénéficiaire à partir des caractéristiques individuelles propres à chaque numéro de compte, associées au code banque. Une autre recherche rapide sur le nom de la banque bénéficiaire et les mots-clés « réclamations » ou « contact en ligne » (respectivement complaint et online contact en anglais) devrait ensuite permettre aux victimes d’identifier le contact approprié.
Si ces deux démarches revêtent un intérêt crucial dans un tout premier temps, l’ensemble d’outils réunis et mis en avant par INTERPOL propose également d’autres canaux et mesures à la disposition des services chargés de l’application de la loi pour intercepter et recouvrer les produits des escroqueries financières. Il s’agit notamment de coopérer avec les points de contact dédiés au sein des Bureaux centraux nationaux INTERPOL ou des CRF nationales.
« Ce qui compte, c’est que ni les victimes ni les policiers ne doivent se sentir impuissants face à une escroquerie financière en ligne », a déclaré Jose de Gracia, Sous-directeur de la division Réseaux criminels d’INTERPOL.
« Des systèmes et des personnes sont en place pour aider à intercepter les transactions frauduleuses. Il est essentiel que vous appeliez votre banque, que vous appeliez la police, et – surtout – que vous agissiez sans attendre. Il n’y a pas de temps à perdre quand il s’agit de lutter contre les escroqueries en ligne et autres actes frauduleux. »
