Partenariat GAFI-INTERPOL : réinjecter plusieurs milliers de milliards de dollars de profits illicites dans les économies légales

20 septembre 2023
Renforcer les capacités de recouvrement d’avoirs au niveau mondial

LYON (France) – Deux chefs de file mondiaux de la lutte contre la criminalité financière – INTERPOL et le Groupe d’action financière (GAFI) – se sont réunis cette semaine pour aider les services de police du monde entier à faire un meilleur usage des outils opérationnels mis à disposition par INTERPOL pour localiser, geler et saisir les biens et les fonds acquis illicitement par des malfaiteurs.

Alors que les organisations criminelles internationales génèrent des gains illicites de plusieurs milliers de milliards de dollars chaque année et que les malfaiteurs font preuve de plus en plus d’inventivité pour dissimuler leurs profits illicites, la police doit pouvoir disposer d’outils élaborés pour détecter et prévenir les tentatives d’investissement des malfaiteurs.

Depuis le lancement en 2022 du mécanisme mondial d’INTERPOL pour le blocage rapide des paiements (I-GRIP), les pays membres ont intercepté plus de 200 millions de dollars provenant en grande partie d’escroqueries commises à l’aide d’Internet.

Les quelque 200 experts assistant à la conférence interactive ont présenté des réussites opérationnelles et exposé leurs difficultés en indiquant comment les outils de police d’INTERPOL leur avaient permis de localiser et de saisir des avoirs criminels répartis dans le monde entier, notamment des yachts de luxe, des voitures, des chevaux de course, des investissements dans les cryptomonnaies et des biens immobiliers.

La seconde table ronde GAFI-INTERPOL a réuni au siège d’INTERPOL des représentants des services chargés de l’application de la loi, du renseignement financier, de l’administration publique, de la justice, de l’industrie et des milieux universitaires.
Dans son discours d’ouverture, le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock, a indiqué que les organisations criminelles engrangent chaque année des profits illicites se chiffrant à plusieurs milliards, et que leurs activités devraient être considérées comme des menaces pour la sécurité des pays.
Dans ses remarques liminaires, le Président du GAFI, Raja Kumar, a affirmé qu’un changement majeur d’état d’esprit et de culture est nécessaire pour faire du recouvrement d’avoirs une priorité des services nationaux chargés de l’application de la loi.
L’événement réparti sur deux jours était organisé en séances thématiques et études de cas concrètes.
Des spécialistes représentant un large éventail de domaines d’expertise, d’approches et d’expériences ont participé à des ateliers interactifs dans le but de trouver des façons d’améliorer le recouvrement d’avoirs à l’échelle mondiale.
De gauche à droite : le Directeur du Centre INTERPOL de lutte contre la criminalité financière et la corruption (IFCACC), Isaac Kehinde Oginni ; le Directeur exécutif des Services de police d’INTERPOL, Stephen Kavanagh ; le Président du GAFI, Raja Kumar ; le Vice-président du GAFI, Jeremy Weil ; la Secrétaire exécutif du GAFI, Violaine Clerc.
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La présentation de l’une des enquêtes menées a montré comment une organisation criminelle située en Asie et se livrant à l’utilisation frauduleuse du nom d’INTERPOL en Europe a été identifiée, ses fonds illicites localisés et ses activités arrêtées.

Un autre exemple de réussite majeure a été le démantèlement d’une organisation de trafic de drogues après que la police eut mis au jour ses opérations de blanchiment d’argent à travers l’Europe.

Les experts ayant assisté à la conférence de deux jours ont découvert comment le mécanisme I GRIP permet à la police de soumettre et de traiter en un temps record des demandes de localisation, d’interception ou de gel des profits résultant d’activités criminelles transfrontalières.

« Les organisations criminelles engrangent chaque année des profits illicites se chiffrant à plusieurs milliards, et leurs activités devraient être considérées comme des menaces pour la sécurité des pays. » Jürgen Stock, Secrétaire Général d’INTERPOL

« Les organisations criminelles engrangent chaque année des profits illicites se chiffrant à plusieurs milliards, et leurs activités devraient être considérées comme des menaces pour la sécurité des pays », a déclaré le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock.

« Seuls un renforcement de la coopération et une coordination des efforts – par exemple grâce à la présente conférence GAFI-INTERPOL – nous permettront de trouver la voie à suivre pour combler les lacunes dont les malfaiteurs tirent chaque jour profit », a ajouté le Secrétaire Général.

« Un changement majeur d’état d’esprit et de culture est nécessaire pour faire du recouvrement d’avoirs une priorité des services nationaux chargés de l’application de la loi. Cela prendra du temps, mais il est indispensable que les pays engagent ce processus dès maintenant. Le recouvrement d’avoirs n’est pas un volet annexe ou secondaire des enquêtes et des poursuites judiciaires. Il devrait constituer une stratégie essentielle de prévention de la criminalité axée sur la suppression de la motivation première des infractions financières, à savoir l’argent. Dans le meilleur des cas, il permettra de prévenir de nouvelles infractions et de réduire la criminalité », a affirmé le Président du GAFI, Raja Kumar, dans ses remarques liminaires.

Seconde table ronde GAFI-INTERPOL

Conçue pour donner un éclairage opérationnel aux discussions sur le recouvrement des avoirs, la table ronde GAFI-INTERPOL s’est tenue les 19 et 20 septembre au siège d’INTERPOL, réunissant des représentants des services chargés de l’application de la loi, du renseignement financier, de l’administration publique, de la justice, de l’industrie et des milieux universitaires dans le but de trouver des solutions aux difficultés rencontrées à l’échelle mondiale dans le domaine du recouvrement des avoirs.

Lors de séances thématiques et d’études de cas concrètes, des spécialistes représentant un large éventail de domaines d’expertise, d’approches et d’expériences ont imaginé et examiné des méthodes permettant de lutter efficacement contre les menaces actuelles de la criminalité financière et d’aider les services chargés de l’application de la loi à localiser et bloquer les flux d’avoirs criminels.

Le partenariat GAFI-INTERPOL

Les défis planétaires ne peuvent être relevés qu’au moyen de partenariats internationaux. Le GAFI et INTERPOL ont donc uni leurs forces dans la lutte contre les menaces de la criminalité transnationale en s’attaquant à ce qui constitue l’élément vital de toute entreprise criminelle, à savoir l’argent sale qui finance le crime.

Le Groupe Egmont, composé de cellules de renseignement financier, fait également partie de ce partenariat.

Le GAFI fixe les normes internationales permettant aux autorités nationales de remonter la piste des fonds illicites liés au trafic de stupéfiants, au trafic d’êtres humains, aux escroqueries commises à l’aide d’Internet, au commerce d’armes illicites, au trafic d’espèces sauvages, aux atteintes à l’environnement et aux autres formes graves de criminalité.

En partenariat avec INTERPOL, le GAFI travaille en collaboration avec les autorités nationales pour s’assurer que le recouvrement d’avoirs occupe une place centrale dans l’approche utilisée par les pays pour lutter contre le blanchiment d’argent ainsi que le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.

Les méthodes et les outils d’INTERPOL en matière de recouvrement d’avoirs permettent aux policiers de 195 pays d’échanger des informations qui les aident à localiser des avoirs acquis illégalement dans le monde entier.

La première table ronde GAFI-INTERPOL a eu lieu à Singapour en septembre 2022.