Des trafiquants arrêtés dans le cadre d’une opération menée en Côte d’Ivoire contre le trafic et le travail forcé des enfants

22 juin 2015

SAN-PÉDRO (Côte d’Ivoire) – Plus de 48 enfants ont été secourus et 22 personnes arrêtées dans le cadre d’une opération ciblant le trafic et l’exploitation d’enfants en Côte d’Ivoire.

Près de 200 fonctionnaires des services de police, de gendarmerie et de protection des forêts ont participé à l’opération Akoma (1er- 6 juin), axée sur les secteurs agricole et commercial de la région de San-Pédro, dans le sud-ouest du pays.

Âgés de 5 à 16 ans, les enfants ont été découverts travaillant dans des conditions extrêmes, particulièrement dangereuses pour leur santé. Les victimes, dont certaines étaient employées dans les champs depuis un an, ont déclaré aux enquêteurs travailler régulièrement de longues heures chaque jour sans recevoir ni salaire ni éducation. Elles étaient originaires du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali, ainsi que du nord de la Côte d’Ivoire.

Bénéficiant du soutien d’INTERPOL et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Akoma est la dernière en date d’une série d’opérations de lutte contre le trafic et l’exploitation des enfants en Afrique de l’Ouest. Il s’agit également de la première initiative conjointe des deux organisations depuis la signature, en 2014, d’un accord par lequel elles prévoyaient de renforcer leur coopération en matière de lutte contre la traite d’êtres humains et le trafic de migrants.

L’opération a reçu le soutien du Cabinet de la Première Dame, du ministre d’État chargé de l’Emploi, des affaires sociales et de la formation professionnelle, du ministre de la Solidarité, de la famille, de la femme et de l’enfant, ainsi que de hauts responsables régionaux. Des policiers du Bureau central national (B.C.N.) INTERPOL de la Côte d’Ivoire et du Bureau régional d’INTERPOL à Abidjan ont aidé à coordonner l’opération, en collaboration avec le Comité interministériel de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants. Des officiers spécialisés de l’unité Trafic d’êtres humains et exploitation des enfants (HTCE) d’INTERPOL, qui se trouve au siège du Secrétariat général de l’Organisation, à Lyon (France), ont également participé à l’opération, financée par la Human Dignity Foundation.

M. Martin N'Guettia, Secrétaire exécutif du Comité interministériel et coordinateur national pour l’opération Akoma, a déclaré que les actions de prévention et de protection ne peuvent éradiquer le phénomène du travail des enfants sans des actions vigoureuses de poursuite et de répression contre les auteurs de traite et d’exploitation du travail des enfants.

Il a salué la coopération entre les gouvernements, INTERPOL, l’OIM et des ONG, souhaitant qu’elle se pérennise afin d’assurer une protection et une aide continues aux enfants victimes de traite.

Le chef du Bureau régional d’INTERPOL à Abidjan, M. Balla Traore, a indiqué que la coopération interservices et le soutien des autorités nationales avaient été déterminants pour le succès de l’opération Akoma.

« En portant secours à ces enfants, nous avons aussi fait un premier pas vers l’identification, la désorganisation et le démantèlement des réseaux responsables du trafic, ce qui permettra, à terme, de secourir davantage de victimes », a déclaré M. Traore. « Nous poursuivrons notre collaboration avec les pays membres de la région comme avec nos partenaires tels que l’OIM, afin que les responsables de ce crime odieux soient traduits en justice. »

« Protéger et soutenir les victimes de trafic est au cœur de l’action de l’OIM, et c’est précisément pourquoi nous avons participé à cette opération », a déclaré M. Laurent Guittey, Officier de projet national à l’OIM. « Une partie tout aussi importante de notre travail consiste à apporter de l’aide aux familles vulnérables afin de contribuer à assurer un avenir meilleur et durable à leurs enfants. »

« L’étroite collaboration entre la Côte d’Ivoire, INTERPOL et l’OIM dans le cadre du projet Akoma démontre qu’il est possible de s’attaquer à tous les aspects du trafic et du travail forcé des enfants. Il conviendrait maintenant de poursuivre le travail en ce qui concerne l’application des lois existantes et la recherche des failles du système, dans le cadre d’un projet à long terme s’appuyant sur les résultats d’Akoma », a déclaré Michael Moran, responsable de l’unité Trafic d’êtres humains et exploitation des enfants (HTCE) d’INTERPOL.

Des policiers spécialement formés aux enquêtes sur l’exploitation et le trafic d’enfants ont interrogé les victimes, dont les réponses ont permis de mieux cerner l’ampleur du problème du travail des enfants dans la région et de réunir davantage d’éléments sur de possibles réseaux régionaux. Qu’il s’agisse des enfants ou de leur famille, personne ne savait que le travail des enfants est illégal. Aussi l’information sur ce problème a-t-elle été une autre composante clé de l’opération.

Les travailleurs sociaux et les services médicaux locaux font partie intégrante de cette initiative, afin que les enfants secourus reçoivent les soins nécessaires avant d’être rendus à leur famille.