LYON (France) – Une opération de police ciblant le trafic d’armes à feu en Amérique du sud a permis de saisir des milliers d’armes illicites, d’arrêter des milliers de personnes et d’obtenir des pistes d’enquête concernant les réseaux criminels et les itinéraires de trafic.
Menée durant trois semaines (8 - 28 mars), l’opération Trigger VI a abouti à l’arrestation de près de 4 000 suspects dans les 13 pays d’Amérique du Sud, et à la saisie de quelque 200 000 armes à feu, pièces, composants, munitions et explosifs illicites.
Des centaines de milliers de personnes et de véhicules ont fait l’objet de fouilles à des points névralgiques présumés et aux frontières aériennes, terrestres et maritimes de la région.
Coordonnée par INTERPOL et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), cette opération conjointe a permis aux services de police, des douanes, des contrôles aux frontières et des ministères publics de travailler ensemble et de procéder à près de 10 000 vérifications dans les bases de données d’INTERPOL afin de repérer les armes à feu illégales et de mettre en évidence des liens éventuels avec la criminalité organisée.
Alors que les enquêtes se poursuivent dans toute la région, les premiers résultats notables de cette opération sont les suivants :
- Arrestation, en Uruguay, des membres d’une bande criminelle qui se servaient des médias sociaux pour promouvoir la violence en y publiant des photographies dans lesquelles ils s’exhibaient avec des armes à feu illégales ;
- Saisie, au Pérou, de grandes quantités de munitions en provenance de la région des trois frontières entre le Brésil, l’Argentine et le Paraguay, et arrestations de deux personnes recherchées par les États-Unis et faisant l’objet de notices rouges INTERPOL pour des infractions graves en matière de stupéfiants. À Lima, des spécialistes en explosifs ont intercepté et saisi des grenades non explosées sur une place publique grâce à une piste transmises durant l’opération ;
- Arrestation, au Chili, d’un ressortissant colombien faisant l’objet d’une notice rouge INTERPOL pour trafic d’armes à feu et infractions graves en matière de stupéfiants ;
- Mise au jour d’une vente illégale de 90 000 munitions, sachant que les enquêtes en cours devraient aboutir à des arrestations dans les jours qui viennent.
« Les armes à feu constituent une menace grave pour la sécurité et la stabilité de l’Amérique du Sud. C’est pourquoi la coopération transnationale entre services est essentielle pour identifier et démanteler les réseaux de criminalité organisée et les groupes terroristes concernés » a déclaré le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock.
« L’opération Trigger VI a permis de prendre aux malfaiteurs des milliers d’armes illicites et témoigne de la motivation des services chargés de l’application de la loi sud-américains malgré les défis liés à la pandémie actuelle », a ajouté le Secrétaire Général Stock.
Le trafic d’armes à feu étant intrinsèquement lié à de nombreuses autres formes graves de criminalité, l’opération menée a également permis d’obtenir les résultats suivants :
- Les forces de police des 27 États du Brésil ainsi que la police fédérale du pays ont confirmé le lien direct entre trafic d’armes à feu et escroquerie, notamment la vente d’armes de contrefaçon entre bandes criminelles ;
- Saisie, par l’armée et la police fédérale brésiliennes, de plus de 60 armes à feu illégales chez un vendeur soupçonné de détourner des armes et des munitions au moyen de documents contrefaits. Le chef présumé du réseau de contrefaçon et de trafic a été arrêté ;
- Destruction de 27 laboratoires de cocaïne en Bolivie, dont l’un se trouvait dans une réserve de la région de Gran Chaco, à la frontière avec le Paraguay, et possédait une piste camouflée pouvant accueillir des avions de petite taille ainsi qu’un système moderne de télécommunications ;
- Lors d’une perquisition menée à la gare routière de La Paz dans le but de rechercher des armes à feu, 33 victimes présumées de la traite d’êtres humains, probablement originaires d’Haïti, ont été secourues ;
- Saisie collective de plus de 21 tonnes de cocaïne, de marijuana et de précurseurs chimiques.
Des enquêtes fondées sur le renseignement
Pour cibler les suspects, les réseaux et les sites, les pays ont exploité les renseignements recueillis en amont de l’opération.
Des agents des 13 pays ont effectué simultanément des recherches sur des armes à feu dans la base de données iARMS d’INTERPOL afin de vérifier si ces armes avaient été signalées comme perdues, volées ou faisant l’objet d’un trafic ou de contrebande. Avec plus d’un million d’enregistrements, cette base permet de mettre en évidence les caractéristiques et les itinéraires des trafics d’armes.
« En assurant des formations et en encourageant la coopération dans le cadre de l’opération Trigger VI, l’ONUDC a été heureux d’appuyer les réponses des systèmes de justice pénale d’Amérique du Sud au trafic d’armes et à ses liens avec la criminalité organisée. Cette action est conforme au rôle de notre Office en tant que gardien de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et de son Protocole relatif aux armes à feu, seuls instruments juridiquement contraignants traitant de la criminalité organisée transnationale et du trafic d’armes à feu au niveau mondial », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUDC, Ghada Waly.
« Il est essentiel que l’ONUDC et INTERPOL unissent leurs forces pour permettre aux pays de se doter des capacités et des outils nécessaires pour lutter contre le trafic d’armes à feu, tant sur le terrain que devant les tribunaux », a ajouté la Directive exécutive de l’ONUDC.
La formation préopérationnelle dispensée conjointement par INTERPOL et l’ONUDC a permis aux agents et procureurs concernés d’acquérir les compétences nécessaires pour détecter les infractions liées aux armes à feu, les identifier, enquêter à leur sujet et poursuivre leurs auteurs de manière globale, chaque arme à feu étant considérée comme faisant partie d’un système plus vaste dont les éléments sont liés.
L’Union européenne finance les opérations Trigger et la base de données iARMS, seule base de données mondiale d’armes à feu illicites.