Armes à feu illicites : 14 260 arrestations à travers l’Amérique latine dans le cadre de l’opération Trigger IX

18 avril 2023
Des stupéfiants d’une valeur de 5,7 milliards USD ont également été saisis lors de cette opération dirigée par INTERPOL, qui cible les principaux itinéraires de trafic et groupes criminels organisés

LYON (France) – Dans le cadre de la plus grande opération jamais coordonnée par INTERPOL dans ce domaine, les autorités d’Amérique centrale et du Sud ont procédé à 14 260 arrestations et saisi 8 263 armes à feu illicites ainsi que 305 000 cartouches.

Les armes à feu illicites sont utilisées par les criminels pour commettre des vols à main armée et des meurtres, mais elles sont aussi étroitement liées à la prolifération de nombreuses autres infractions via les mêmes itinéraires de trafic.

Le lien entre les armes à feu illicites, d’une part, et la fabrication et le trafic de stupéfiants, d’autre part, a été clairement mis en évidence lors de l’opération Trigger IX (12 mars - 2 avril), avec la saisie de 203 tonnes de cocaïne et d’autres stupéfiants pour un montant total de 5,7 milliards USD, ainsi que de 372 tonnes de précurseurs.

Les services chargés de l’application de la loi des 195 pays membres d’INTERPOL ont déclaré des saisies de stupéfiants record au cours de l’année écoulée, une activité criminelle qui s’accompagne bien souvent d’une violence accrue, alimentée par le trafic d’armes à feu illicites.

L’opération, qui a atteint un degré de coopération sans précédent entre 15 pays, a également permis d’identifier de nombreuses autres infractions, telles que la corruption, la fraude, la traite d’êtres humains, des atteintes à l’environnement et des activités terroristes.

Les autorités colombiennes ont arrêté l'individu faisant l'objet d'une Notice Rouge INTERPOL.
Arrestations en Honduras - Opération Trigger IX
Les armes à feu sont étroitement associées à la prolifération d'un large éventail d'autres crimes.
Contrôles aux frontières - Opération Trigger IX
Centre opérationnel - Opération Trigger IX
Patrouilles maritimes - Opération Trigger IX
L'opération Trigger IX a permis de démanteler 20 groupes criminels organisés.
Saisie de drogue - El Salvador
Une femme tentant de faire passer en contrebande des pistolets et des chargeurs entre le Paraguay et le Brésil.
Saisie par le Chili - Opération Trigger IX
Contrôles de véhicules - Opération Trigger IX
L'Uruguay a connu la plus importante saisie de munitions de son histoire.
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Temps forts de l’opération

INTERPOL a rassemblé des experts en armes à feu issus des pays participants dans un centre opérationnel à Foz do Iguaçu, à la triple frontière entre l’Argentine, le Brésil et le Paraguay, en vue de soutenir les actions sur le terrain et d’assurer l’échange et le recoupement rapides des renseignements.

Sur le terrain, les actions coordonnées ont permis de démanteler 20 groupes criminels organisés et d’arrêter des membres des organisations Primeiro Comando da Capital et Mara Salvatrucha ainsi que du Cartel des Balkans, tous impliqués dans le trafic d’armes à feu.

En Uruguay, 100 000 munitions faisant l’objet d’un trafic international orchestré par deux ressortissants européens ont été saisies par les autorités, soit la plus vaste saisie de ce type dans le pays.

Au Brésil et au Paraguay, les autorités ont fermé plusieurs boutiques de revente d’armes à feu après avoir identifié des transferts irréguliers et des ventes sans permis.

Les autres résultats de l’opération sont les suivants :

  • Au Paraguay, 11 victimes ont été secourues dans le cadre du démantèlement d’un réseau de traite d’êtres humains ;
  • En coopération avec le Venezuela, la police colombienne a procédé à l’arrestation d’un ressortissant vénézuélien faisant l’objet d’une notice rouge INTERPOL pour activités terroristes et trafic d’armes ;
  • Une femme de 32 ans a été arrêtée à la frontière terrestre entre le Paraguay et le Brésil : huit pistolets et 16 chargeurs étaient scotchés sur son corps.

À la suite des actions menées sur le terrain, une trentaine d’enquêtes ont été ouvertes et les autorités ont identifié 15 nouveaux modes opératoires pour la fabrication, le trafic et la dissimulation d’armes à feu illicites, ce qui a donné lieu à la publication d’une notice mauve INTERPOL afin d’alerter les pays membres.

Les autorités ont fermé plusieurs points de vente d'armes à feu au Brésil et au Paraguay.
Plate-forme opérationnelle - Brésil
Contrôles aux frontières entre l'Argentine et le Brésil
Saisie par le Honduras - Opération Trigger IX
Contrôles de police en Argentine - Opération Trigger IX
Les autorités ont fermé plusieurs points de vente d'armes à feu au Brésil et au Paraguay.
Arrestation au Paraguay - Opération Trigger IX
Contrôles de concessionnaires d'armes à feu au Salvador - Salvador
Les autorités ont eu un accès immédiat au Réseau d'informations balistiques d'INTERPOL.
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Le rayon d’action mondial d’INTERPOL

« Le fait qu’une opération ciblant les armes à feu illicites conduise à des saisies de stupéfiants d’une telle ampleur démontre à nouveau, s’il en était besoin, que ces infractions sont étroitement liées », déclare Jürgen Stock, Secrétaire général d’INTERPOL.

« Ces résultats, qui nous sont parvenus quelques semaines après notre Conférence régionale des Amériques, laquelle soulignait la nécessité d’accroître l’échange d’informations sur ces activités criminelles organisées interconnectées, illustrent le rôle unique d’INTERPOL pour soutenir les actions menées dans ce domaine.

Les réseaux criminels organisés à l’origine de ces activités illicites n’ont qu’un seul but : engranger des bénéfices. L’ensemble des services chargés de l’application de la loi doivent se montrer déterminés à démanteler ces réseaux dans chaque région et à l’échelle mondiale », conclut M. Stock.

Valdecy Urquiza, Vice-président pour les Amériques d’INTERPOL, a insisté sur l’importance d’initiatives communes comme l’opération Trigger IX afin de prioriser les actions nationales et régionales contre les flux illicites. « Les enquêtes et opérations fondées sur les renseignements favorisent la coopération policière internationale et le retrait des armes à feu illicites de la circulation en vue de protéger la population », a-t-il expliqué.

Parmi les outils mondiaux d’INTERPOL utilisés par les enquêteurs au cours de l’opération, citons le Système INTERPOL de gestion des données sur les armes illicites et du traçage des armes (iARMS), la seule base de données mondiale sur les armes à feu illicites, qu’elles soient volées, perdues, ou qu’elles fassent l’objet de trafic ou de contrebande.

Les autorités bénéficiaient par ailleurs d’un accès immédiat au Réseau d’information balistique d’INTERPOL (IBIN), leur permettant de comparer des empreintes balistiques prélevées sur des douilles et des projectiles tirés afin de relier des infractions commises dans le monde entier.

Le fait d’établir l’historique et la liste des propriétaires successifs d’une arme fournit de précieuses pistes d’enquête. Chaque arme à feu est unique et peut être identifiée à l’aide du numéro de série, de la marque, du modèle et du calibre, mais aussi des empreintes balistiques qu’elle laisse. La comparaison des éléments de preuve balistiques provenant de douilles et de munitions retrouvées sur les lieux d’une infraction est donc essentielle pour les enquêtes.

Au cours de l’opération, le Programme INTERPOL sur les armes à feu a bénéficié du soutien des Bureaux régionaux d’INTERPOL en Argentine et à El Salvador, de ses unités Stupéfiants et Fugitifs, ainsi que de son Centre de commandement et de coordination.

Plus d’une centaine de services nationaux chargés de l’application de la loi ont participé à l’opération, en collaboration avec le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives (ATF) et le Service d’enquête pour la sécurité intérieure (HSI) des États-Unis.

Pays participants : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, El Salvador, Équateur, Guatemala, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou et Uruguay.

L’opération Trigger IX a été financée par l’Union européenne et menée dans le cadre du projet Disrupt.