Le GAFI et INTERPOL intensifient leur action en matière de recouvrement d’avoirs à l’échelle mondiale

13 septembre 2022
Des spécialistes examinent les mécanismes qui permettront de donner la priorité à la localisation, la saisie et la confiscation transfrontalières d’avoirs d’origine criminelle.

Singapour – Le Groupe d’action financière (GAFI) et INTERPOL ont lancé une initiative conjointe visant à priver les malfaiteurs de leur agent sale. Cette initiative marque un tournant dans les efforts déployés au niveau mondial pour recouvrer les avoirs illicites.

Le recouvrement d’avoirs devrait être l’un des principaux piliers de toute stratégie nationale de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Or, selon les estimations de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, les pays interceptent et recouvrent moins d’un pour cent des flux financiers illicites mondiaux. Les avoirs volés sont souvent transférés rapidement à l’étranger et peuvent transiter par plusieurs pays, ce qui complique la procédure de recouvrement et nécessite une coopération internationale de longue haleine.

La toute première table ronde GAFI-INTERPOL (FATF-INTERPOL Roundtable Engagement - FIRE) a réuni 150 spécialistes de haut niveau qui ont souligné la nécessité urgente de :

  • promouvoir des politiques et des actions nationales donnant la priorité à la localisation, la saisie et la confiscation des avoirs d’origine criminelle ;
  • renforcer la coopération opérationnelle au niveau national, régional et international ;
  • renforcer l’échange d’informations entre les autorités publiques et avec le secteur privé.

Initiative conjointe visant à renforcer et à mobiliser la communité des spécialistes mondiaux, la conférence, qui s’est tenue les 12 et 13 septembre, a réuni des représentants des services chargés de l’application de la loi, des cellules de renseignement financier et des bureaux de recouvrement des avoirs ainsi que des procureurs, des décideurs politiques, des organisations internationales et des dirigeants du secteur privé.

En ouverture des débats, M. K. Shanmugam, ministre de l’Intérieur et de la Justice de Singapour, a souligné le rôle important que jouent INTERPOL et le GAFI dans la lutte mondiale contre la criminalité transnationale, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. M. Shanmugam a réaffirmé la détermination de Singapour à continuer de contribuer à l’important travail mené par le GAFI et INTERPOL. Il a également souligné qu’une collaboration internationale étroite et des partenariats solides entre les secteurs public et privé pouvaient conduire à de meilleurs résultats dans le domaine du recouvrement d’avoirs.

« Le fait de renforcer la visibilité du recouvrement d’avoirs et d’en relever le niveau de priorité au niveau national permet de montrer la voie à suivre à l’ensemble des parties prenantes et d’exprimer clairement notre intention de porter un coup d’arrêt aux organisations criminelles, de mieux protéger la société et de contribuer à une croissance économique durable. En canalisant les efforts mondiaux, cette initiative prometteuse du GAFI et d’INTERPOL peut avoir un impact durable sur la manière dont nous mettons la main sur le produit des activités criminelles », a déclaré le Président du GAFI, M. T. Raja Kumar.

« En nous montrant ambitieux dans les solutions mises en œuvre, en nous appuyant sur chaque renseignement exploitable, nous mettrons au jour ces flux illicites et les redirigerons vers l’économie légale. » Jürgen Stock, Secrétaire Général d’INTERPOL

Le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock, a déclaré pour sa part : « L’ampleur des profits illicites et la vitesse à laquelle les milliards franchissent les frontières sont extrêmement inquiétantes. Les groupes criminels organisés affaiblissent les systèmes financiers mondiaux et font subir des pertes considérables aux entreprises comme aux particuliers. Nous devons en faire plus pour parvenir à l’efficacité opérationnelle qui fait défaut aujourd’hui. En nous montrant ambitieux dans les solutions mises en œuvre, en nous appuyant sur chaque renseignement exploitable, nous mettrons au jour ces flux illicites et les redirigerons vers l’économie légale. »

Les participants sont convenus qu’une meilleure compréhension de la criminalité financière mondiale, en particulier de ses rouages sur Internet, était indispensable pour lutter contre les flux illicites.

M. K. Shanmugam, ministre de l’Intérieur et de la Justice de Singapour, a réaffirmé la détermination de son pays à continuer de contribuer à l’important travail mené par le GAFI et INTERPOL.
(de gauche à droite) Le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock, le ministre de l’Intérieur et de la Justice, K. Shanmugam, et le Président du GAFI, T. Raja Kumar, en compagnie de hauts dirigeants
La première journée, qui s’est tenue au Complexe mondial INTERPOL pour l’innovation, à Singapour, a été l’occasion de faire le point sur l’état actuel de la menace.
La deuxième journée a porté sur les mesures opérationnelles, politiques et législatives à prendre à l’échelle internationale.
Table ronde GAFI-INTERPOL, 12 et 13 septembre 2022
Table ronde GAFI-INTERPOL, 12 et 13 septembre 2022
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Les délégués ont salué l’initiative du GAFI et d’INTERPOL, qui vise à renforcer les réseaux judiciaires et de police internationaux œuvrant dans le domaine du recouvrement d’avoirs ainsi que les outils disponibles, parmi lesquels figure le mécanisme mondial de blocage des paiements d’INTERPOL, actuellement dans sa phase pilote, appelé Protocole d’intervention rapide antiblanchiment de fonds (Anti-Money Laundering Rapid Response Protocol, ARPP). Les délégués sont également convenus de la nécessité de renforcer les normes du GAFI afin que les pays soient mieux à même d’agir efficacement à chaque étape de la procédure de recouvrement.

De séances plénières en ateliers, les spécialistes se sont penchés sur les évolutions stratégiques et opérationnelles qui seront nécessaires, au niveau national et international, pour passer à la vitesse supérieure dans le recouvrement d’avoirs et pour priver les malfaiteurs du produit de leurs activités criminelles. Seront ainsi nécessaires, parmi d’autres évolutions, un changement de perspective et de culture au sein des services chargés de l’application de loi, une amélioration des réseaux internationaux et des outils ainsi qu’un renforcement de la législation et des normes mondiales dans le domaine de la lutte contre le blanchiment d’argent.