Criminalité liée aux cybermonnaies : prévenir l’utilisation abusive d’actifs virtuels par la criminalité organisée aux fins du blanchiment d’argent

9 décembre 2021
Une conférence mondiale pour dynamiser le travail d’enquête en vue de détecter et démanteler les réseaux qui se livrent au blanchiment d’argent au moyen d’actifs virtuels

LYON (France) – Au terme d’une conférence mondiale en ligne sur les actifs virtuels, un appel a été lancé pour protéger les systèmes financiers mondiaux en accroissant la coopération de divers acteurs dans le but de renforcer le travail d’enquête sur la criminalité liée aux cybermonnaies.

Organisée conjointement par INTERPOL, Europol et l’Institut de Bâle sur la gouvernance, la 5ème Conférence mondiale sur la criminalité financière et les cybermonnaies a été animée de manière virtuelle par l’Institut de Bâle.

Pendant deux jours (7 - 8 décembre), cet événement virtuel a rassemblé plus de 3 000 représentants de services chargés de l’application de la loi, des secteurs public et privé, d’institutions politiques et d’universités de 130 pays pour faire le point sur les tendances, les stratégies et les tactiques en matière de lutte contre la criminalité liée aux actifs virtuels.

Alors que la chaîne de blocs et le bitcoin de même que les autres monnaies virtuelles permettent d’effectuer rapidement des transferts de fonds anonymes partout dans le monde, les délégués ont axé leur réflexion sur les outils, les ressources, les compétences et les connaissances à développer et à acquérir en matière d’application de la loi pour prévenir l’utilisation de ces technologies aux fins du blanchiment d’avoirs acquis de manière illégale.

Les débats ont mis en lumière la progression rapide de la finance décentralisée et des jetons non fongibles (NFT), les nouveautés réglementaires ayant une incidence sur le respect des règles anti-blanchiment, les escroqueries liées à l’utilisation des cybermonnaies et les possibilités dont disposent les pays pour le recouvrement d’avoirs illicites, même lorsque ceux-ci sont virtuels.

Une nouvelle normalité

Au cours de la deuxième journée de la conférence, qui était réservée aux services chargés de l’application de la loi, les intervenants ont fait part de leurs expériences d’enquête sur les cybermonnaies au niveau régional et national, présentant de nouvelles méthodes pour examiner les transactions et les flux illicites sur les marchés du dark net et dans les affaires d’escroquerie décentralisée aux fins du blanchiment d’argent.

Les tables rondes ont fait ressortir la nécessité impérieuse de disposer d’un cadre réglementaire mondial clair et harmonisé pour lutter contre le blanchiment d’argent.

Au terme des débats, une série de recommandations ont été approuvées, visant le renforcement des compétences, l’amélioration des connaissances, l’accroissement de l’expertise et la promotion des bonnes pratiques pour améliorer le travail d’enquête sur les avoirs illégaux.

« Les cybermonnaies sont en train de modifier le fonctionnement des milieux criminels et nous devons œuvrer de concert afin d’éviter que les actifs virtuels ne deviennent un moyen d’effectuer des transactions financières illégales en toute sécurité », a déclaré Mme Ilana de Wild, Directrice de la Criminalité organisée et des Nouvelles formes de criminalité à INTERPOL.  

« La protection des citoyens et de l’économie mondiale contre l’utilisation abusive des cybermonnaies et des autres actifs virtuels est une mission qui requiert une action concertée et suivie de la part des services chargés de l’application de la loi, en collaboration étroite avec les autorités gouvernementales, les autorités de réglementation et le secteur privé. C’est pourquoi ce type d’événement international réunissant différents secteurs est crucial pour la sécurité mondiale », a ajouté Mme de Wild.

Cette conférence annuelle est organisée par le Groupe de travail sur la criminalité financière et les cybermonnaies, une initiative tripartite lancée en 2016 et réunissant l’Institut de Bâle sur la gouvernance, INTERPOL et Europol.

En janvier 2022, avec la création d’une nouvelle Direction de la Criminalité financière, INTERPOL étoffera les services de soutien qu’il offre aux forces de police de ses 195 pays membres afin de stimuler la lutte contre la criminalité financière au niveau national.