INTERPOL accueille une réunion de chefs de police pour combattre la 'Ndrangheta

24 juin 2020
Une initiative mondiale ciblant l’organisation de type mafieux rassemble plusieurs pays afin de fixer un cadre opérationnel

LYON (France) – Des chefs de police du monde entier ont tenu leur première réunion dans le cadre du projet I CAN (Coopération INTERPOL contre la ‘Ndrangheta), une initiative menée conjointement avec l’Italie pour lutter contre la menace mondiale que constitue la criminalité de type mafieux.

La pandémie de COVID-19 a montré que la coopération pour faire face à cette menace était plus que jamais nécessaire, le mode opératoire de la ‘Ndrangheta ayant pour but de la faire prospérer dans le contexte économique actuel de récession, de pénurie de liquidités et de mobilisation de fonds public.

Le danger existait déjà, les organisations mafieuses ayant depuis longtemps investi dans des activités essentielles telles que le secteur agroalimentaire, la fourniture de médicaments et de matériel médical, le transport routier, les services funéraires, les entreprises de nettoyage et la collecte des déchets.

Même si les caractéristiques des divers réseaux de la ‘Ndrangheta sont fondamentalement similaires, on note également des différences car chaque groupe s’adapte pour infiltrer plus efficacement une infrastructure économique nationale.

Infiltrer l’économie

Les chefs de police ont partagé l’expérience de leur propre pays s’agissant de lutter contre ces réseaux criminels en ciblant tout particulièrement les infractions financières.

« Le COVID-19, qui pour le monde entier représente la pandémie la plus tragique et la plus soudaine de l’époque moderne, pourrait constituer, pour la ‘Ndrangheta et le crime organisé en général, une formidable occasion de conquérir de nouveaux marchés et de blanchir de l’argent », a déclaré le chef de la police italienne, le Préfet Franco Gabrielli.

« L’Italie, avec INTERPOL, est prête à relever ce défi. Nous devons agir immédiatement pour anticiper la menace et parer à la capacité de la mafia de s’adapter rapidement aux changements pour exploiter les nouveaux schémas socio-économiques », a ajouté le Préfet Gabrielli.

L’un des trois axes du projet I-CAN est la coordination des enquêtes nationales via INTERPOL afin d’identifier et d’arrêter les individus recherchés pour des activités liées à la ‘Ndrangheta. La réunion des chefs de police a également été l’occasion de dresser une première cartographie générale des flux transnationaux de fugitifs entre les 11 pays participants.

I-CAN meeting

Le Secrétaire Général d’INTERPOL Jürgen Stock a déclaré qu’I-CAN permettra la mise en place d’un système mondial d’alerte précoce pour aider les pays membres à faire face à cette menace insidieuse.

« La ‘Ndrangheta est une menace invisible et un partenaire d’affaires criminel et dangereux. C’est ainsi que le cycle s’auto-entretient dans plus de 30 pays. Un cycle que nous devons nous employer à interrompre – maintenant.

« Au travers de l’initiative I-CAN, INTERPOL soutiendra une action « panpolicière » contre ce très vieil – et très puissant – ennemi, ses affiliés et ses profits », a indiqué le chef d’INTERPOL.

Des cibles de choix

Parce qu’elle dispose d’une grande quantité de liquidités, la ’Ndrangheta est bien placée pour proposer de l’aide à des grandes, moyennes et petites entreprises susceptibles d’avoir du mal à s’acquitter de leurs paiements. Elle peut garantir un règlement ou proposer des prêts, autant de moyens pour elle d’infiltrer l’économie licite.

Les familles dans le besoin, les travailleurs saisonniers ou non déclarés sont eux aussi des cibles de choix pour les usuriers des organisations de type mafieux.

Les 11 pays pilotes du projet I-CAN financé par le Département italien de la Sécurité publique sont : l’Allemagne (Police fédérale allemande – BKA), l’Argentine (Police fédérale argentine), l’Australie (Police fédérale australienne), le Brésil (Police fédérale brésilienne), le Canada (Gendarmerie royale du Canada), la Colombie (Police nationale colombienne), les États-Unis (DEA et FBI), la France (Police nationale et Gendarmerie), l’Italie (Police nationale italienne, Carabinieri et Guardia di Finanza), Suisse (Fedpol) et l’Uruguay (Police nationale uruguayenne).