Les groupes criminels organisés poussent la sécurité environnementale vers un point de bascule

2 décembre 2023
COP28 : deux opérations jumelles d’INTERPOL témoignent de la menace que représente la criminalité organisée pour les objectifs climatiques

LYON (France) – Plus de 70 personnes ont été arrêtées lors de deux opérations de lutte contre la criminalité environnementale coordonnées par INTERPOL, qui ont été annoncées aujourd’hui avant une importante réunion sur la criminalité et l’environnement organisée dans le cadre du sommet de la COP28.

Avec des profits s’élevant à 280 milliards de dollars par an, la criminalité environnementale est aujourd’hui la troisième activité la plus lucrative pour les organisations criminelles transnationales, et elle déstabilise les populations, les économies et l’environnement.

Opération Aurum au Nigéria

Menée dans trois États nigérians, l’opération Aurum visait à repérer et à démanteler les réseaux criminels responsables de l’exploitation minière illégale et du trafic de mercure, ainsi que de la déforestation et de l’empoisonnement des écosystèmes qui en résultent.

Les groupes vulnérables, qui sont déjà victimes d’enlèvements, d’intimidations, de pratiques de travail forcé et de violences de la part de réseaux criminels organisés et de groupes terroristes tels que Boko Haram, subissent les effets délétères de la pollution et sont exposés à d’autres risques sanitaires liés à l’exploitation minière illégale.

Lors de l’opération, qui s’est déroulée du 7 au 9 octobre, 52 suspects ont été arrêtés, dont 11 sont considérés comme des cibles de premier plan. Dix-huit camions transportant d’importantes quantités de produits de l’exploitation minière illégale ont également été saisis.

L’opération Aurum a permis de montrer une fois de plus que le travail forcé, notamment celui des enfants, est très courant dans les mines, la plupart des mineurs illégaux recrutés ou forcés à travailler étant âgés de 12 à 16 ans.

L’opération Aurum visait à repérer et à démanteler les réseaux criminels se livrant, entre autres, à l’exploitation minière illégale.
Des mineurs illégaux sont contraints de travailler par la force et l’intimidation.
L’exploitation minière illégale et le trafic de mercure engendrent la déforestation et l’empoisonnement des écosystèmes.
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Opération Bahia Negra au Paraguay

Cette opération ciblait les réseaux responsables d’atteintes à l’environnement dans la région des trois frontières entre le Paraguay, le Brésil et la Bolivie située dans le Haut-Paraguay, qui subit les effets du changement climatique.

Elle avait pour objectifs de démanteler les groupes qui s’étaient établis de manière illicite en vue de se consacrer à la chasse illégale, au trafic de bois et au travail forcé, et d’enquêter sur les routes du trafic de chargements illégaux de bois et d’espèces sauvages.

L’opération, menée du 16 au 22 octobre, a conduit à 23 arrestations et à l’identification de six autres suspects. Huit des personnes arrêtées sont liées à un réseau transnational criminel asiatique impliqué dans un trafic mondial d’espèces sauvages. Des appareils électroniques ont également été saisis et sont actuellement examinés par des spécialistes de la criminalistique numérique.

L’initiative a fait apparaître la convergence géographique de la traite d’êtres humains et des trafics d’armes à feu, de stupéfiants, de véhicules volés et de contrefaçons avec le trafic de produits illégaux issus du bois et des espèces sauvages le long de ces routes.

Les deux opérations étaient financées par les Émirats arabes unis.

L’opération Bahia Negra ciblait les atteintes à l’environnement dans la région des trois frontières, qui subit les effets du changement climatique.
L’opération a permis d’enquêter sur les réseaux criminels responsables du commerce illicite de bois et de la déforestation.
Il existe une convergence géographique de la traite d’êtres humains et des trafics d’armes à feu, de stupéfiants, de véhicules volés et de contrefaçons avec les atteintes à l’environnement.
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INTERPOL et l’initiative I2LEC des Émirats

"Ces opérations montrent que la criminalité environnementale est une activité de criminalité transnationale extrêmement organisée, qui exige une réponse des services chargés de l’application de la loi forte et coordonnée au niveau international" Stephen Kavanagh, Directeur exécutif des Services de police à INTERPOL.

« Notre partenariat avec les Émirats dans le cadre de cette initiative met l’accent sur la menace grandissante que représente la criminalité environnementale à l’ère du changement climatique. »

Afin d’optimiser la riposte mondiale, INTERPOL a rejoint une nouvelle coalition, l’International Initiative of Law Enforcement for Climate (I2LEC, initiative internationale des services chargés de l’application de la loi pour le climat).

Cette initiative a été créée par le ministère de l’Intérieur des Émirats arabes unis et elle est mise en œuvre en collaboration avec l’ONUDC et d’autres organisations internationales.

INTERPOL fera fonction de principal organe opérationnel de l’I2LEC, l’objectif étant de coordonner les futures opérations menées sous son égide.

Depuis sa création, il y a 13 ans, le Programme INTERPOL sur la sécurité environnementale contribue à la réalisation d’actions opérationnelles mondiales afin de réunir différents acteurs en vue de lutter contre les atteintes à notre planète.