Luanda (Angola) – C’est autour des enjeux de la hausse de la criminalité transnationale organisée et du terrorisme que les représentants de police de toute l’Afrique se sont réunis lors de la 26ème Conférence régionale africaine d’INTERPOL pour trouver des réponses mondiale et régionale et apporter plus de sécurité aux communautés et aux pays.
La Conférence a rassemblé plus de 160 hauts responsables de la police de 36 pays d’Afrique et du monde entier, et ce, alors que l’Organisation internationale de police criminelle fête cette année son 100ème anniversaire.
« Ces rencontres nous donnent l’occasion de renforcer nos relations, d’encourager la coopération et d’améliorer les capacités des services chargés de l’application de la loi », a déclaré Arnaldo Manuel Carlos, Directeur général de la Police nationale angolaise. « Chaque pays membre devrait exploiter pleinement les ressources et le système de communication policière d’INTERPOL. »
Pendant trois jours, du 3 au 5 octobre 2023, les délégués ont discuté du renforcement de la coopération policière internationale en Afrique, notamment de la poursuite de la coordination avec les organisations de police régionale comme AFRIPOL.
« Cette conférence rassemble les pays membres d’INTERPOL de toute une région très importante », a déclaré Ahmed Naser Al-Raisi, le Président d’INTERPOL. « Dans un monde où la criminalité ne connaît pas de frontière, nos discussions visent à renforcer la sécurité du peuple africain et du continent. »
Dans son discours d’ouverture, le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock, a tiré la sonnette d’alarme sur la simultanéité de multiples crises, notamment l’instabilité géopolitique, le changement climatique et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, et a rappelé à quel point ces crises étaient exploitées par les criminels.
« Pendant ce temps, la criminalité transnationale organisée continue de planifier, de cibler et de frapper – et devient de plus en plus mondiale », a précisé le Secrétaire Général d’INTERPOL.
Criminalité sans frontières
Les récentes opérations coordonnées par INTERPOL démontrent l’échelle de la menace que constituent les groupes criminels organisés en Afrique. L’année dernière, les opérations d’INTERPOL aux côtés des services chargés de l’application de la loi africains ont mené à plus de 2 400 arrestations et à plus de 126 millions d’euros de flux illicites saisis ou interceptés.
Largement entretenus par le trafic de drogues et les infractions commise à l’aide d’Internet, les groupes criminels organisés exploitent également les ressources naturelles du continent et la vulnérabilité des communautés en soutirant des sommes d’argent considérables via la traite d’êtres humains et le trafic de migrants.
La Conférence s’est concentrée en priorité sur le défi que représentent les menaces, de toute évidence sans frontières, telles que la cybercriminalité et les infractions commises à l’aide d’Internet, qui ont connu une forte hausse depuis la pandémie de COVID-19 et ont considérablement nui aux entreprises, aux infrastructures essentielles et aux internautes du monde entier.
Deux récentes opérations d’INTERPOL ciblant Black Axe et d’autres organisations criminelles ouest-africaines ont abouti à la saisie ou au gel de 3 millions d’euros de produits illicites et au gel de plus de 200 comptes bancaires.
Black Axe et plusieurs groupes similaires sont en effet responsables de la majorité des cyberfraudes financières dans le monde et de bien d’autres faits de grande criminalité.
Les participants à la Conférence ont aussi abordé les formes nouvelles et persistantes de terrorisme en Afrique. En avril dernier, une opération coordonnée par INTERPOL avec l’aide de la République démocratique du Congo, du Kenya, de la Somalie, de la Tanzanie et de l’Ouganda a donné lieu à l’arrestation de 14 terroristes présumés.
Soutenir les agents de première ligne en Afrique
Pour s’attaquer aux menaces criminelles en Afrique, il faut un meilleur partage d’informations : c’est le moteur de la coopération policière internationale. De manière générale, les pays membres africains utilisent moins les bases de données d’INTERPOL que les autres régions du monde, même si de grands progrès ont été réalisés à ce sujet.
Rien que l’année dernière, les données policières partagées par la police africaine ont augmenté de 7 % et l’utilisation des bases de données d’INTERPOL a grimpé de 26 %.
Par ailleurs, le système de communication policière sécurisé I-24/7 d’INTERPOL a été étendu au-delà des Bureaux centraux nationaux dans 47 pays membres.
« Nous intervenons dans le cadre de menaces communes, donc la coopération entre les régions doit être à la fois fluide et mondiale », a déclaré le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen STOCK.
« L’année de son centenaire, INTERPOL est plus déterminé que jamais à apporter un soutien aux premières lignes en Afrique et à optimiser le potentiel des services chargés de l’application de la loi du continent africain. »
