Conférence d’INTERPOL : la sécurité mondiale dépend d’une Afrique plus sûre

5 octobre 2023
La 26ème Conférence régionale africaine d’INTERPOL s’est conclue par l’accord des délégués pour accroître le partage d’informations dans de nombreux domaines de criminalité, du trafic d’espèces sauvages à l’antiterrorisme.

Luanda (Angola) – Les dirigeants de police d’Afrique ont voté l’adoption d’une série de recommandations ambitieuses pour encourager l’échange de données de police dans la région.

L’année dernière, le nombre de données partagées par les pays de la région via les systèmes d’INTERPOL a augmenté de 7 %. Il a donc été jugé crucial d’aller encore plus loin dans le partage de données, en Afrique et au-delà de la région, pour faire face aux menaces criminelles mondiales avec efficacité.

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« Les outils et services d’INTERPOL permettent de relier automatiquement les forces de police du monde entier, et pourtant, nous n’exploitons pas pleinement ce système », a regretté Garba Baba Umar, Vice-président pour l’Afrique au sein du Comité exécutif d’INTERPOL et Président de la Conférence.

« Nous avons une vision commune pour une Afrique plus sûre, qui sera la pierre angulaire de la sécurité dans le monde », a ajouté le Vice-président.

La stratégie d’INTERPOL pour l’Afrique, adoptée par les délégués le dernier jour de la conférence, cherchera à renforcer l’échange d’« informations exploitables », grâce à une série de projets ciblés.

La priorité sera également donnée au renforcement des partenariats stratégiques avec l’Union africaine et les organisations de coopération régionale des chefs de police, avec des initiatives comme le Programme INTERPOL d’appui à l’Union africaine (ISPA), qui a déjà débouché sur des résultats concrets.

« INTERPOL est la garantie d’une coopération réussie, car sans coopération et échange d’informations, la sécurité et la stabilité mondiales sont menacées », a déclaré Monique Nsanzabaganwa, Vice-présidente de l’Union africaine.

« Chaque année, l’Afrique perd en moyenne 60 milliards de dollars en flux financiers illicites et plus de 140 milliards de dollars à cause de la corruption. […] L’Union africaine continuera de compter sur la police africaine à travers AFRIPOL, INTERPOL et les polices des pays membres pour faire face à ces menaces », a-t-elle assuré.

Cyberenquêtes sur le trafic d’espèces sauvages

Les délégués ont également approuvé des recommandations spécifiques sur le renforcement de la coopération pour lutter contre les atteintes à l’environnement et le terrorisme.

Étant donné que les marchés en ligne illégaux faisant commerce d’espèces sauvages se propagent à un rythme très préoccupant, les délégués se sont accordés pour suivre et évaluer les publicités et les groupes sur les réseaux sociaux afin de vérifier l’ampleur et la nature de leur contenu, afin d’ouvrir des cyberenquêtes nationales axées sur le trafic d’espèces sauvages.

La stratégie d’INTERPOL pour l’Afrique part du constat que la criminalité environnementale ne cesse d’augmenter, ce qui aggrave les effets négatifs du changement climatique sur la région.

L’Afrique est l’une des régions constituant une source et une zone de transit majeure de marchandises écosensibles qui font l’objet d’une exploitation illégale et d’un trafic illicite vers le reste du monde. La région est une destination pour les déchets et autres polluants, souvent rejetés illégalement et faisant l’objet d’un trafic.

L’activité terroriste est également en hausse en Afrique, selon le Rapport d’INTERPOL sur les tendances mondiales de la criminalité en 2022, en particulier depuis la perte de contrôle territorial de l’État islamique (Daech). Les délégués ont décidé de tirer parti des nouvelles technologies pour mieux détecter les déplacements internationaux de terroristes et empêcher la circulation de ces derniers grâce à un partage accru de données de police à l’échelle régionale et mondiale.

Une présence régionale plus forte

L’Afrique regroupe plus de pays membres d’INTERPOL que toute autre région. En effet, elle représente environ un tiers des Membres de l’Organisation. Quatre des six Bureaux régionaux d’INTERPOL se trouvent par ailleurs en Afrique, à Abidjan, Harare, Nairobi et Yaoundé.

Prenant acte de la nécessité de renforcer les Bureaux régionaux pour apporter un soutien adapté aux pays membres africains, les délégués se sont mis d’accord pour améliorer la capacité d’analyse des Bureaux régionaux d’INTERPOL en Afrique en augmentant la fréquence et le volume de données qui leur sont fournies.

Les Bureaux régionaux ont quant à eux décidé de planifier et mener des opérations conjointes régulières avec les organisations africaines des chefs de police afin de cibler le terrorisme, la cybercriminalité et la criminalité transnationale organisée. Dans le cadre de ce partenariat, des plans d’action annuels conjoints seront élaborés en fonction des menaces régionales et des besoins des pays membres.

La 26ème Conférence régionale africaine d’INTERPOL, qui s’est déroulée sur trois jours (du 3 au 5 octobre), a réuni plus de 160 hauts responsables de la police de 36 pays d’Afrique et du monde entier.