INTERPOL lance une initiative contre les abus sexuels dans le secteur humanitaire

17 février 2022
Le projet Soteria, actuellement mis en œuvre en Afrique et en Asie, vise à empêcher des prédateurs sexuels de commettre des abus dans certaines des populations les plus vulnérables au monde.

LYON (FRANCE) -- Dans le cadre du plus important partenariat qu’il ait jamais conclu avec le secteur humanitaire, INTERPOL a lancé un nouveau projet dont l’objectif est de prendre des mesures répressives à l’encontre d’auteurs d’exploitation, d’abus et de harcèlement sexuels travaillant pour des organisations actives dans les domaines de l’humanitaire et du développement.

Le projet Soteria (du nom de la déesse grecque de la sécurité) a déjà reçu le soutien de plus de 20 organisations humanitaires de premier plan, parmi lesquelles Oxfam, Save the Children et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Compte tenu du caractère mondialisé des activités liées à l’humanitaire et au développement, ainsi que de l’urgence qui préside souvent au recrutement et au déploiement du personnel, il est difficile, pour les organisations concernées, de procéder à des vérifications approfondies concernant ce personnel avant et après le recrutement.

Trop souvent, des personnes ayant déjà commis des infractions à caractère sexuel peuvent continuer à travailler et à évoluer dans ces métiers, et elles représentent alors un danger pour les enfants et les adultes vulnérables.

« Nous devons mettre fin à l’exploitation, aux abus et au harcèlement sexuels dans les secteurs du développement et de l’humanitaire internationaux », a déclaré Vicky Ford, Ministre chargée de la protection contre ces actes au Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement du Royaume-Uni.

« C’est la raison pour laquelle le Royaume-Uni collabore avec INTERPOL, des ONG et d’autres entités participant au projet Soteria afin d’identifier les auteurs d’abus sexuels et de prendre des mesures à leur encontre. Nous braquons les projecteurs sur ces abus dans le but de protéger les personnes vulnérables », a-t-elle ajouté.

Un partenariat intersectoriel

« Les organisations du secteur humanitaire offrent souvent un refuge à des femmes, des hommes et des enfants plongés dans des conflits ou dans la pauvreté, mais elles sont aussi la cible d’individus en quête de victimes vulnérables sur lesquelles commettre des abus », a déclaré Jürgen Stock, Secrétaire Général d’INTERPOL.

« Le vaste partenariat intersectoriel que le projet Soteria a mis en place avec le soutien du Royaume-Uni témoigne de l’engagement commun du secteur humanitaire et des services chargés de l’application de la loi de protéger les bénéficiaires de l’aide humanitaire et de traduire en justice les auteurs d’infractions à caractère sexuel, quelles que soient les circonstances », a ajouté le Secrétaire Général Stock.

Les organisations humanitaires jouent un rôle essentiel dans certaines des situations les plus difficiles que l’on puisse imaginer, en apportant une aide humanitaire et une aide au développement destinées à atténuer les souffrances de groupes vulnérables dans le monde entier. Les auteurs d’actes relevant de l’exploitation, des abus et du harcèlement sexuels dans le secteur humanitaire sapent les principes fondamentaux de la mission de ce secteur, en portant atteinte aux personnes mêmes qu’ils sont censés protéger et aider.

Le projet Soteria vise à établir des relations de confiance entre les organisations humanitaires et les services chargés de l’application de la loi tout en s’employant à renforcer leurs capacités respectives en matière de prévention et de répression des cas d’exploitation, d’abus et de harcèlement sexuels.

En s’appuyant sur ses bases de données mondiales et sur son réseau regroupant les polices de 195 pays, INTERPOL travaillera avec les services nationaux chargés de l’application de la loi afin de renforcer leur capacité à enquêter sur les faits qui leur sont signalés et à tenir à jour les fichiers d’antécédents judiciaires. L’organisation policière mondiale collaborera également avec le secteur humanitaire en vue de faciliter l’échange d’informations et de soutenir les efforts qu’il déploie pour repérer les individus s’étant déjà rendus coupables d’infractions à caractère sexuel et empêcher tout agresseur potentiel de passer à l’acte.

« Je vois de près les effets dévastateurs de l’exploitation et des abus sexuels commis par des travailleurs humanitaires sur les personnes concernées, leurs familles et leurs communautés », a déclaré Jane Connors, Défenseuse des droits des victimes aux Nations Unies. « Le projet Soteria entend obliger les auteurs de ces actes à rendre des comptes et avoir une action de dissuasion auprès de ceux qui pourraient en commettre. Il donnera aux victimes la garantie que ces abus sont pris au sérieux et que leurs droits sont reconnus et protégés. »

Prochaines étapes

Au cours des prochains mois, le projet Soteria organisera simultanément plusieurs ateliers à l’intention d’une centaine d’enquêteurs spécialisés dans la protection de l’enfance et les violences sexuelles ou sexistes en Afrique de l’Est et en Asie du Sud, qui porteront sur l’utilisation des capacités d’INTERPOL et d’autres outils permettant d’agir contre les auteurs d’abus.

L’équipe du projet Soteria d’INTERPOL lancera ensuite des activités dans les pays, notamment le tout premier atelier organisé par INTERPOL sur l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuels et réunissant des représentants des services chargés de l’application de la loi et du secteur humanitaire ; et une formation de deux jours destinée aux personnes travaillant dans ce secteur en tant qu’employés, bénévoles ou stagiaires et consacrée aux spécificités des actes en question ainsi qu’aux mesures à prendre pour y faire face.

En outre, un système mondial de « recherches et vérifications » sera développé afin de permettre à plusieurs organisations pilotes d’envoyer à INTERPOL des informations sur des candidats à un recrutement, dans le but de repérer des personnes susceptibles de représenter un danger pour des adultes et des enfants vulnérables.

Le projet Soteria est financé par le Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement du Royaume-Uni et bénéficie de l’appui technique du Bureau des casiers judiciaires de l’ACPO (ACRO) du Royaume-Uni. Un comité consultatif formé de représentants de gouvernements, des services chargés de l’application de la loi, des Nations Unies, du secteur privé et de la société civile, ainsi que de juristes et de victimes d’exploitation, d’abus et de harcèlement sexuels dans le secteur humanitaire apporte également son éclairage au projet.

Pour en savoir plus sur le projet Soteria et suivre son actualité, rendez-vous sur la page Web de notre site qui lui est consacrée.

Pour plus d’informations sur l’action du gouvernement du Royaume-Uni contre l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuels en général, suivez ce lien.