ABOU DHABI (Émirats arabes unis) – La 12ème réunion de la Cellule spéciale d’INTERPOL sur les matchs truqués (IMFTF) s’est conclue sur un appel à lutter contre les manipulations des compétitions de façon concertée à l’échelle mondiale.
Cette réunion a rassemblé trois jours durant (du 10 au 12 mai) des spécialistes de l’intégrité et du renseignement d’une cinquantaine de pays, représentant les pouvoirs publics et les services chargés de l’application de la loi, des fédérations sportives, des organisations antidopage et des organismes de surveillance des paris.
C’était la première réunion majeure organisée sous la bannière du tout nouveau Centre INTERPOL de lutte contre la criminalité financière et la corruption (IFCACC), qui oppose une réponse mondiale coordonnée à la croissance exponentielle de la criminalité financière transnationale et de la corruption.
Les discussions ont porté en particulier sur les moyens de renforcer le partage des renseignements et de combler les lacunes législatives et institutionnelles, par exemple en mettant en place, comme le prévoit la Convention de Macolin, des « plateformes nationales » chargées de centraliser et analyser les informations relatives aux tendances atypiques et suspectes.
Les organisations criminelles étant de plus en plus actives sur les marchés des paris et du sport, les participants à la réunion se sont penchés sur les nouveaux usages des technologies, les mégadonnées et les médias sociaux. Ils ont en outre reconnu que les truqueurs de matchs s’appuient encore beaucoup sur des méthodes qui ont fait leurs preuves – consistant par exemple à cibler l’entourage des sportifs ou à attirer les jeunes joueurs par de belles promesses –, et insisté à cet égard sur un constant besoin d’éducation.
INTERPOL a donné un aperçu des outils qu’il met à la disposition des services chargés de l’application de la loi pour recueillir des données sur la corruption dans le sport (projet ETICA) et pour analyser les infractions financières (FINCAF, le Fichier d’analyse sur la criminalité financière). Un certain nombre de pays ont présenté des notices mauves INTERPOL récemment publiées contenant des informations sur des modes opératoires liés aux médias sociaux, à l’usurpation d’identité ainsi qu’aux matchs fantômes et aux faux matchs.
La réunion comportait une séance à huis clos réservée aux enquêteurs spécialisés qui ont ainsi pu mettre en commun des études de cas, échanger sur de nouvelles tactiques de trucage de matchs et s’entretenir de façon bilatérale ou multilatérale au sujet de la coordination d’affaires internationales en cours.
Les échanges qui se sont tenus lors de la réunion ont mis en évidence que les paris sportifs demeurent une source de renseignements importante pour les enquêtes, mais qu’il est nécessaire d’exploiter également d’autres sources. Par exemple, bien que le dopage soit traditionnellement envisagé sous l’angle de la lutte antidrogue, il a été indiqué aux participants que les tests antidopage positifs et les alertes peuvent être à l’origine de renseignements utiles pour les enquêtes relatives à l’intégrité, notamment celles visant les organisations criminelles responsables de manipulations de compétitions.
INTERPOL et le Comité international olympique (CIO) ont organisé, en marge de la réunion principale, une réunion spécialement destinée aux parties prenantes des Émirats arabes unis dans un objectif de sensibilisation, de renforcement des capacités et de perfectionnement des mécanismes nationaux de prévention, de détection et de répression des manipulations de compétitions.
La Cellule spéciale d’INTERPOL sur les matchs truqués (IMFTF) a été mise en place en 2011 pour apporter un soutien aux pays membres lors des enquêtes et des opérations concernant toutes les disciplines sportives. Elle s’appuie sur un réseau mondial d’enquêteurs qui partagent informations, renseignements et bonnes pratiques. Elle compte actuellement cent membres et dispose de plus de 150 points de contact nationaux dans le monde.
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