Afrique de l’Ouest : 56 mineurs victimes d’exploitation secourus

21 décembre 2022
15 suspects arrêtés lors d’une opération contre la traite d’êtres humains et l’exploitation d’enfants

ABIDJAN (Côte d’Ivoire) – Une opération menée par INTERPOL contre les groupes criminels responsables de la traite d’êtres humains et de l’exploitation d’enfants au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Togo a permis de secourir 90 victimes et d’arrêter 15 trafiquants présumés.

Parmi les personnes secourues lors de l’opération Priscas (5 - 12 décembre), 56 étaient des mineurs victimes d’exploitation sexuelle et de travail forcé dans des mines d’or, sur des marchés en plein air ou chez des particuliers.

Afin qu’un suivi adéquat soit assuré, des services sociaux et des organisations non gouvernementales ont été désignés et intégrés dans le plan opérationnel de chaque pays. Les victimes ont ainsi été prises en charge afin d’être entendues et de recevoir un soutien à la suite de l’opération.

Temps forts de l’opération

En Côte d’Ivoire, les autorités ont effectué plusieurs interventions et contrôles de véhicules sur des itinéraires majeurs de trafic. Lors d’un vaste coup de filet, l’un de ces contrôles a permis d’identifier un groupe de 35 victimes, dont 8 mineurs, accompagnées d’un homme connu pour présomption de traite d’êtres humains et de sa complice.

Soupçonnés depuis longtemps de gérer un réseau d’exploitation sexuelle comme une véritable entreprise, ces deux individus étaient recherchés à l’échelle nationale depuis deux ans. Ils espéraient se fondre au milieu des victimes, mais ont été arrêtés après que des policiers ont comparé les données de leurs documents d’identité avec celles du Système d’information policière d’Afrique de l’Ouest (SIPAO).

Au Burkina Faso, grâce à la définition de profils de véhicules, 10 mineurs ont été identifiés alors qu’ils se rendaient dans une mine d’or illégale, où on leur avait promis du travail. Les enfants, qui n’avaient aucun document d’identité, ont été pris en charge par les services sociaux et leur « employeur » a été arrêté. L’enquête se poursuit.

Au Bénin, les autorités ont concentré leurs efforts sur le marché Dantokpa, à Cotonou, le plus grand marché en plein air d’Afrique de l’Ouest, où elles ont délivré quatre enfants du travail forcé.

Au Togo, une ressortissante nigériane a été interceptée alors qu’elle se rendait au Mali en compagnie de cinq femmes, parmi lesquelles trois mineures. Les données de son téléphone ont montré que bien que ces femmes aient officiellement été recrutées pour un emploi dans un salon de coiffure, elles allaient travailler dans des clubs où elles seraient exploitées sexuellement. La Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) a été chargée de l’enquête.

Décembre 2022 : les officiers et les procureurs se préparent à l'Opération Priscas.
Une réunion pré opérationnelle s'est tenue au Bureau régional INTERPOL pour l'Afrique de l'Ouest, à Abidjan.
Les autorités en Côte d'Ivoire lors de l’Opération Priscas.
Contrôles de véhicules au Togo.
Contrôles aux frontières pendant l'Opération Priscas.
Les officiers contrôlent les documents d'identité avec le Système d'information policière d’Afrique de l’Ouest d'INTERPOL
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Capacités et réseau d’INTERPOL

Tout au long des huit jours de l’opération, les autorités ont pleinement exploité les capacités policières d’INTERPOL. Un fonctionnaire du Centre de commandement et de coordination a été déployé au Bureau régional d’INTERPOL pour l’Afrique de l’Ouest à Abidjan, où plus de 202 000 vérifications instantanées ont été effectuées dans les bases de données de l’Organisation. Des membres du Groupe INTERPOL d’experts sur le trafic d’êtres humains (HTEG) étaient également disponibles en Côte d’Ivoire pour donner des avis spécialisés sur les affaires sensibles et complexes.

Plusieurs notices bleues INTERPOL, destinées à obtenir des informations sur d’autres suspects identifiés lors de l’opération, seront publiées dans les semaines à venir pour soutenir les enquêtes en cours.

Jürgen Stock, le Secrétaire Général d’INTERPOL, a déclaré : « À mesure que les pays et les policiers coopèrent, en tirant le meilleur parti de nos systèmes et de notre réseau mondial, le filet s’élargit et davantage de malfaiteurs sont identifiés. Des victimes de tous âges sont mises en sécurité après avoir été éloignées du cycle de l’exploitation, et les suspects sont traduits en justice afin de répondre de leurs méfaits.

« C’est là l’essence même d’INTERPOL. Nous demeurons résolus à coordonner ce type d’opérations et à assurer le suivi de leurs résultats, car le travail ne s’arrête pas là », a conclu le Secrétaire Général.

Plus qu’un simple nom

L’opération porte le nom d’une petite fille secourue alors qu’elle travaillait dans une plantation de cacao, en 2015, durant l’opération Akoma d’INTERPOL. Aujourd’hui, elle va bien et, grâce à l’opération Priscas et à d’autres initiatives, l’unité d’INTERPOL chargée de la lutte contre la traite d’êtres humains et le trafic de migrants continuera à faire le lien entre les services chargés de l’application de la loi et les structures d’aide aux victimes afin d’offrir un avenir meilleur à de nombreux autres enfants.

L’opération Priscas a été menée sous l’égide du projet de lutte contre la traite d’êtres humains en Afrique de l’Ouest (projet « THB West Africa »), avec le soutien et le financement du Bureau chargé des aspects internationaux de la lutte antidrogue et de la répression (INL) des États-Unis et en partenariat avec le programme SIPAO.