Ces dix dernières années, les atteintes à l’environnement ont augmenté de plus de 5 % par an, soit trois fois plus vite que le PIB mondial. Ce chiffre montre que la criminalité environnementale augmente de façon spectaculaire, et plus particulièrement le commerce illicite d’espèces sauvages, de bois d’œuvre, de poissons, de déchets et de minéraux.
Compte tenu des énormes profits qui peuvent être engrangés et des facteurs de risque relativement faibles en matière de sanction, INTERPOL a anticipé très tôt l’intérêt que manifesteraient les groupes criminels organisés pour ce domaine de criminalité en mettant en place en novembre 2010 un programme consacré à la sécurité environnementale pour attaquer ce problème de front. Ce mois-ci, nous célébrons une décennie de pilotage par l’unité spécialisée de l’action fondée sur le renseignement menée par les services chargés de l’application de la loi du monde entier en vue de lutter contre les atteintes à l’environnement de façon globale.
Toutes les formes d’atteintes à l’environnement sont organisées et ont une dimension mondiale. Elles nécessitent donc une réponse tout aussi organisée et mondiale. Le seul moyen de s’attaquer à ce problème est de permettre aux services chargés de l’application de la loi dans le monde entier de collaborer au niveau transnational. INTERPOL, qui est l’organisation internationale de police la plus importante au monde, a montré qu’il était le mieux placé pour ce faire.
Dix ans en dix actions d’éclat
Ces dix dernières années, INTERPOL a assuré la coordination d’opérations transnationales et apporté un appui aux pays membres dans le cadre de leurs enquêtes qui ont permis :
1. Plus de trois mille arrestations pour des infractions relatives aux atteintes à l’environnement et le démantèlement de multiples réseaux criminels transnationaux associés ;
2. La mise en évidence régulière des liens entre la criminalité environnementale et des domaines liés à la grande criminalité tels que la fraude, la corruption, le trafic d’êtres humains, de drogues et d’armes, le blanchiment d’argent, le meurtre et le terrorisme ;
3. La publication de centaines de Notices de différentes couleurs, en particulier pour les fugitifs recherchés pour grande criminalité organisée touchant l’environnement ;
4. La détection régulière de nouvelles tendances en matière de trafic et de nouveaux itinéraires commerciaux empruntés par les groupes criminels organisés spécialisés dans les atteintes à l’environnement, grâce à sa visibilité unique en son genre dans le paysage mondial de la criminalité environnementale par l’intermédiaire des forces de police dans 194 pays ;
5. La saisie de plus d’un million de cargaisons de bois illicite (bois brut et bois traité) ;
6. La saisie de plus de deux cent mille espèces protégées de faune sauvage et espèces marines (spécimens vivants, parties et leurs produits) ;
7. La détention et la saisie de centaines de navires et de véhicules transportant des espèces sauvages protégées, du bois, des déchets illégaux ou pratiquant une pêche illégale ;
8. La détection de près de six mille cas de pollution marine (déversements en mer, dans des cours d’eau ou sur des zones côtières) et de trafic de déchets ;
9. La coordination des grandes enquêtes sur la criminalité liée à la pêche entre une multitude de pays et territoires maritimes, ce qui a permis de détecter des centaines de cas de récolte, de traitement et de transport illicites déclenchant de nouvelles enquêtes et de nouvelles actions à des fins de recouvrement d’avoirs dans le monde entier ;
10. Les gouvernements et les services de répression reconnaissent mieux les dangers que représentent ces infractions et sensibilisent mieux les citoyens à la question.
Une décennie de partenariats précieux
Les activités menées par INTERPOL dans le domaine de la sécurité environnementale bénéficient toutes d’un financement externe et dépendent de la mise en place de partenariats durables. Le Programme sur la sécurité environnementale travaille en étroite collaboration avec des organisations gouvernementales, non gouvernementales et internationales en vue de démanteler les groupes criminels organisés transnationaux impliqués dans la criminalité environnementale. Ces partenaires nous aident également à fournir à nos pays membres une assistance technique et logistique.
Nous souhaitons remercier chaleureusement nos groupes de travail et nos partenaires pour leur précieux soutien et invitons d’autres acteurs nationaux, régionaux et internationaux à nous rejoindre dans la lutte en faveur d’un environnement plus sûr.
Suivez-nous ces cinq prochaines semaines pour en savoir plus sur le Programme sur la sécurité environnementale et ce qu’il fait pour lutter contre la criminalité liée à la pêche, à l’exploitation forestière, à la pollution, à la faune sauvage et aux minéraux. Nous vous montrerons comment le Programme sur la sécurité environnementale a œuvré ces dix dernières années au démantèlement des réseaux criminels à l’origine des atteintes à l’environnement en fournissant aux services chargés de l’application de la loi les outils et l’expertise dont ils avaient besoin pour protéger l’environnement de toute exploitation criminelle.
La criminalité environnementale est une forme de grande criminalité organisée
La criminalité environnementale ne diffère en rien de la criminalité organisée ordinaire. Les itinéraires empruntés pour la contrebande de produits présentant un risque pour l’environnement entre les pays et les continents sont souvent les mêmes que ceux utilisés pour le trafic d’armes et de drogues et la traite d’êtres humains, lesquels vont souvent de pair avec d’autres infractions telles que la fraude documentaire (passeports), la corruption, le blanchiment d’argent et même le meurtre. La lutte contre les flux financiers illicites est indispensable pour s’attaquer à la corruption qui facilite le commerce.
Certes, la criminalité environnementale est souvent considérée comme une activité peu risquée, et très lucrative, mais on oublie souvent que le produit de ces actes illicites peut financer des organisations criminelles violentes, des terroristes et des groupes d’insurgés et nuire au bien-être des populations.
Actualités : le Programme INTERPOL sur la sécurité environnementale :