L’Italie et INTERPOL lancent un projet mondial de lutte contre la 'Ndrangheta

30 janvier 2020
L’objectif est de renforcer la capacité des services chargés de l’application de la loi à mettre au jour les activités de cette organisation criminelle, l’une des mieux implantées et des plus puissantes au monde, en vue de son démantèlement

REGGIO DE CALABRE (Italie) – Aujourd’hui marque le lancement du projet INTERPOL baptisé « Coopération contre la ‘Ndrangheta » (I-CAN), initiative conjointe avec l’Italie visant à lutter contre la menace mondiale de plus en plus insidieuse que représente la criminalité mafieuse.

Financé par le Département italien de la Sécurité publique, le projet ciblera la 'Ndrangheta, l’organisation criminelle la mieux implantée et la plus puissante au monde.

Présente dans 32 pays, dont 17 pays européens, la 'Ndrangheta s’appuie sur une puissance financière colossale, fondée principalement sur le trafic de drogue, la corruption et le détournement de fonds publics par des moyens tels que l’escroquerie et les contrats truqués.

« Qui dit menace mondiale, dit riposte mondiale. Nous préconisons d’éradiquer cette menace en nous y attaquant à l’échelle mondiale, dans le cadre d’un projet ciblé mené en partenariat avec INTERPOL et avec la police d’État, les Carabiniers et la Guardia di Finanza, » a déclaré le préfet Vittorio Rizzi, Directeur général adjoint de la Sécurité publique.

Le Préfet Vittorio Rizzi, Directeur général adjoint de la Sécurité publique et Directeur général de la Police criminelle italienne, lors du lancement du projet I-CAN à Reggio de Calabre.
Le Préfet Vittorio Rizzi, Directeur général adjoint de la Sécurité publique et Directeur général de la Police criminelle italienne, lors du lancement du projet I-CAN à Reggio de Calabre.

L’accent sera mis dans un premier temps sur certains pays, mais à terme, l’objectif du projet I-CAN est de renforcer la capacité des services chargés de l’application de la loi, dans le monde entier, à reconnaître les organisations mafieuses et à lutter efficacement contre elles.

Le projet I-CAN s’appuiera sur trois piliers :

  • Contenu : mise à profit de l’expérience directe de l’Italie et de sa connaissance de la menace posée par la ‘Ndrangheta, de sa structure et de son mode opératoire.
  • Accès : mise à la disposition des pays concernés de ces informations de police cruciales, afin d’identifier des modes de fonctionnement, de dégager des tendances et de définir des cibles potentielles pour les services chargés de l’application de la loi.
  • Action : coordination des enquêtes menées conjointement avec les services nationaux chargés de l’application de la loi afin d’identifier et d’arrêter les individus recherchés en relation avec des activités liées à la ‘Ndrangheta.

« La ‘Ndrangheta figure parmi les organisations criminelles les plus riches et les plus puissantes. Elle a prouvé à maintes reprises sa capacité à infiltrer les milieux politiques et économiques, et ses capacités remarquables en matière de corruption, » a déclaré le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock.

« Bien que des succès soient à noter au niveau bilatéral, le projet I-CAN verra une intensification de la coopération et de l’activité opérationnelle entre les pays qui utilisent INTERPOL comme plateforme mondiale, » a ajouté le Chef d’INTERPOL.

Le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock, a déclaré que le projet I-CAN verrait une intensification de la coopération et de l’activité opérationnelle entre les pays qui utilisent INTERPOL comme plateforme mondiale.
Le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock, a déclaré que le projet I-CAN verrait une intensification de la coopération et de l’activité opérationnelle entre les pays qui utilisent INTERPOL comme plateforme mondiale.

Comment opère la 'Ndrangheta

Les bénéfices sont réinvestis à l’aide de techniques de blanchiment sophistiquées. Dans de nombreux pays, des financements qui semblent a priori « propres » finissent par polluer, corrompre et étrangler l’économie car ils faussent le jeu de la concurrence en excluant du marché les entreprises honnêtes.

Pour avoir la mainmise sur les marchés publics, la ‘Ndrangheta n’a généralement pas recours à la violence ou à l’intimidation, mais établit des sociétés pratiquant la collusion et la corruption.

Elle contrôle directement ou indirectement des sociétés dans tous les secteurs d’activité : dans le bâtiment, mais aussi dans la restauration, l’import-export, les transports, les jeux d’argent et les paris, ou encore la collecte et l’élimination des déchets.

Profitant des avancées technologiques, la 'Ndrangheta se sert également du deep web et du dark net pour se livrer au commerce illicite.