#WorldWildlifeDay : Comment la police protège la biodiversité pour que l’avenir soit plus vert

3 mars 2022
Les infractions visant les espèces sauvages connaissent un taux de croissance jusqu’à trois fois supérieur à celui de l’économie mondiale

L’acquisition et la consommation illégales d’espèces sauvages figurent parmi les principaux facteurs mondiaux de la décimation de certaines des espèces les plus menacées d’extinction à l’échelle de la planète et constituent un risque majeur pour l’équilibre délicat entre les écosystèmes et pour la biodiversité.

Célébrée cette année sur le thème « Récupérer les espèces clés pour la restauration des écosystèmes », la Journée mondiale de la vie sauvage organisée par les Nations Unies met un coup de projecteur sur la situation de certaines des espèces les plus exposées à un danger critique d’extinction dans le monde.

Bien que cet aspect soit parfois méconnu, les services chargés de l’application de la loi ont un rôle essentiel à jouer au regard de la protection des espèces de faune et de flore menacées d’extinction et, par conséquent, de la sauvegarde des écosystèmes au sens large et de l’assurance d’un avenir plus vert.

Les infractions contre les espèces sauvages et les forêts alimentent un commerce illégal qui occupe la quatrième place au niveau mondial, et INTERPOL travaille sans relâche pour permettre aux services de police de ses 195 pays membres de lutter contre cette forme de criminalité sous tous les angles et sur tous les continents.

Des liens avec la cybercriminalité et la criminalité financière

Les frontières ne freinent pas les atteintes à la vie sauvage ni n’atténuent leurs conséquences sur le climat, la biodiversité, la sécurité et la santé publique. Les espèces menacées d’extinction, qui sont essentielles à l’écosystème de la planète, sont des cibles lucratives pour les réseaux de criminalité organisée transnationale du monde entier.

La criminalité liée aux espèces sauvages connaît chaque année une augmentation comprise entre 5 et 7 %, soit deux à trois fois le taux de croissance de l’économie mondiale.

Pour contrer cette menace, il est indispensable d’adopter une démarche véritablement mondiale. Le Programme INTERPOL sur la sécurité environnementale contribue à désorganiser et à démanteler les réseaux qui se livrent au commerce illégal d’espèces sauvages en aidant les services chargés de l’application de la loi de tous les continents à faire respecter efficacement les législations nationales et internationales ainsi que les traités.

Étant donné les liens fréquents entre, d’une part, la criminalité liée aux espèces sauvages et, d’autre part, la cybercriminalité et la criminalité financière, INTERPOL met à la disposition de ses pays membres les outils et les bases de données nécessaires pour suivre les principaux suspects tout au long de ces « cheminements criminels », de la détection à l’enquête puis à l’arrestation, aux poursuites et à la condamnation.

Les malfaiteurs adaptent en permanence leurs modes opératoires de manière à ne pas se faire repérer. En collaborant avec l’ensemble du secteur de la protection des espèces sauvages et de la chaîne logistique afin de mettre au jour et de répertorier les méthodes utilisées pour commettre des atteintes à la vie sauvage, et également en publiant des notices mauves, INTERPOL peut aider ses pays membres à garder une longueur d’avance.

Plus de 3 000 malfaiteurs arrêtés

INTERPOL coordonne également des opérations de police mondiales qui ont déjà permis de traduire en justice de nombreux auteurs d’infractions liées aux espèces sauvages. Ces opérations aident à démanteler les réseaux impliqués et ont conduit à la saisie de tonnes de produits illicites issus d’espèces sauvages ainsi que de spécimens vivants d’espèces menacées d’extinction.

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Durant la décennie écoulée, INTERPOL a coordonné plus de 50 opérations régionales et mondiales contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Les opérations menées par l’Organisation en se fondant sur des renseignements ont aidé à mettre au jour des plaques tournantes du trafic et à identifier des cibles criminelles, mais aussi à saisir des spécimens d’espèces sauvages protégées, tels que des grands félins ou des reptiles vivants, ou encore du bois d’œuvre.

En octobre dernier, l’opération Thunder 2021 d’INTERPOL contre la criminalité liée aux espèces sauvages et au bois a permis de désorganiser des réseaux criminels spécialisés et d’arrêter des centaines de personnes partout dans le monde. Elle a mobilisé des policiers ainsi que des agents des douanes, des cellules de renseignement financier et des services de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages et aux forêts de 118 pays. Elle a abouti à l’identification de quelque 300 suspects et aux saisies suivantes :

  • 423,31 kg / 520 objets en ivoire ;
  • 25 grands félins vivants et 85 parties de grands félins ;
  • 2,1 kg de corne de rhinocéros, 51 cornes entières et trois carcasses ;
  • 856 kg / 4 491 unités d’écailles de pangolin ;
  • 9 796 tortues aquatiques/marines et terrestres ;
  • 5 094 oiseaux et 171 produits issus d’oiseaux ;
  • 342 reptiles vivants et 253 produits issus de reptiles ;
  • 820 animaux aquatiques/marins vivants et 4 675 unités / 5 990,3 kg de produits de la mer (totoaba, coraux, anguilles, ailerons de requins et concombres de mer) ;
  • 516,7 kg / 7 246 plantes vivantes et 1,4 million d’articles issus de plantes ;
  • 2 143 unités / 97,4 tonnes de bois d’œuvre et 280 unités / 11,7 tonnes de bois de rose (313 m3).

L’opération a donné lieu dans le monde entier à des arrestations et à des enquêtes en lien avec des activités de commerce, de transformation, d’exportation et d’importation illégaux d’espèces sauvages et de produits forestiers protégés. Depuis leur première édition, en 2017, les opérations Thunder ont abouti à quelque 8 000 saisies de spécimens d’espèces sauvages et forestières protégées et à l’arrestation de plus de 3 000 malfaiteurs.

L’an dernier, d’autres opérations coordonnées par INTERPOL ont permis de procéder à d’importantes arrestations et saisies de spécimens d’espèces menacées d’extinction, notamment l’opération Golden Strike, qui a donné lieu à des arrestations dans toutes les régions du monde et à l’ouverture de nouvelles enquêtes en relation avec le trafic d’espèces sauvages.