LYON (France) – Les autorités de 44 pays ont secouru près de 700 victimes de la traite d’êtres humains dans le cadre d’une opération de police dirigée par INTERPOL contre les groupes criminels impliqués dans la traite d’êtres humains et le trafic de migrants.
L’opération Weka II a été menée du 12 au 17 juin. Les fonctionnaires chargés de l’application de la loi participants ont fait progresser plusieurs enquêtes et procédé à des contrôles renforcés aux points de passage frontaliers. Les résultats obtenus jusqu’à présent ont permis d’arrêter 300 personnes, dont 83 passeurs de migrants et 88 personnes sont soupçonnées de traite d’êtres humains. Une centaine d’autres arrestations ont eu lieu pour d’autres infractions, telles que le faux en écriture(s), la criminalité organisée, le trafic d’armes à feu et de stupéfiants, ce qui montre le caractère polycriminel des groupes criminels organisés.
Arrestations de personnes particulièrement recherchées
L’opération Weka II a permis de résoudre plusieurs affaires de traite d’êtres humains liées à des opérations précédemment menées par INTERPOL. Par exemple, les autorités marocaines ont localisé et arrêté un homme de 34 ans soupçonné depuis longtemps de recrutement, d’hébergement et de traite de femmes du Nigéria vers le Maroc, puis vers l’Espagne et d’autres destinations européennes, où elles étaient contraintes de se prostituer. L’arrestation de cette personne particulièrement recherchée est le fruit d’une coopération soutenue entre plusieurs pays depuis l’opération Weka I (2021).
Dans une autre affaire, la police de la Côte d’Ivoire a arrêté un Ivoirien soupçonné de diriger un groupe criminel transnational organisant la traite de femmes du Maroc et de la Guinée vers l’Espagne à des fins d’exploitation sexuelle.
Identifié au cours de l’opération Turquesa II menée en 2020, ce suspect a fait l’objet d’une notice rouge INTERPOL publiée à la demande de l’Espagne. Il a été arrêté à l’aéroport d’Abidjan après que des agents ont procédé à une vérification dans les bases de données d’INTERPOL lors du contrôle de son passeport.
« Ces arrestations majeures montrent la portée et l’utilité des opérations menées à l’échelle mondiale, non seulement sur le moment, mais aussi à long terme puisqu’elles génèrent des pistes et conduisent à des échanges de renseignements et à la mise en place de réseaux prêts à agir au moment opportun », a déclaré Jürgen Stock, le Secrétaire Général d’INTERPOL.
Principaux résultats
Traite d’êtres humains
Preuve que les groupes criminels continuent de s’attaquer aux personnes en quête de sécurité et de stabilité, la police a mis au jour un ensemble de stratagèmes visant à inciter les victimes à franchir les frontières en vue de les exploiter.
- Après plusieurs mois de coordination, les autorités d’Oman ont secouru six victimes de traite d’êtres humains, incitées à se rendre dans divers pays d’Afrique par des annonces sur les médias sociaux promettant un emploi rémunérateur.
- Des enquêtes sont en cours au Burkina Faso après la découverte de 13 victimes de la traite d’êtres humains, attirées par des emplois bien rémunérés dans l’e-commerce. Il leur a été demandé de s’acquitter des frais de formation initiaux, puis elles n’ont jamais été rémunérées par la suite.
- La police du Lesotho a perquisitionné des supermarchés, où elle a arrêté des ressortissants chinois et pakistanais pour des infractions liées au travail et la possession de documents d’identité frauduleux.
- Au Cameroun, trois personnes soupçonnées d’être responsables de la traite de 23 jeunes filles tchadiennes vers le Moyen-Orient ont été arrêtées.
- L’action de la police dans les Émirats arabes unis a conduit à l’arrestation de 34 hommes et femmes pour des activités en rapport avec la traite d’êtres humains.
- Au Togo, la police a arrêté un trafiquant présumé, mettant au jour un mode opératoire selon lequel les victimes traversaient clandestinement les frontières à moto, puis étaient transportées par avion jusqu’au Koweït, où on leur avait promis un emploi, mais où elles étaient en réalité contraintes de travailler pour rembourser les frais de voyage exorbitants.
Trafic de migrants
Environ 4 000 migrants de 29 nationalités ont été repérés au cours de l’opération, mais l’action de la police sur le terrain visait principalement à démanteler les réseaux responsables des activités de trafic :
- en République démocratique du Congo, les autorités ont fermé une agence de voyage qui facilitait le trafic de migrants. Les autorités ont trouvé 79 passeports congolais, 409 tampons (de différentes institutions nationales), ainsi que des ordinateurs portables contenant des modèles de diplômes, de casiers judiciaires, de visas, etc. ;
- des enquêtes sont en cours au Niger après que quatre individus armés ont été interceptés alors qu’ils encadraient un groupe de 103 migrants, dont quatre enfants ;
- les autorités gambiennes ont arrêté cinq suspects qui faisaient payer 1 000 USD aux migrants pour les conduire aux îles Canaries ;
- au Sénégal, grâce à une vérification dans la base de données SLTD d’INTERPOL, les autorités ont détecté une personne voyageant avec un passeport bulgare volé.
Collaboration
L’opération a bénéficié du soutien des partenaires suivants :
- AFRIPOL ;
- AIRCOP ;
- Europol ;
- l’Organisation internationale pour les migrations ;
- le Centre opérationnel régional d’appui au processus de Khartoum et à l’Initiative de la Corne de l’Afrique de l’Union africaine.
Pays participants : Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Brésil, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Émirats arabes unis, Espagne, Eswatini, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Grèce, Guinée, Guinée-Bissau, Iraq, Jordanie, Lesotho, Malawi, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Oman, Ouganda, République démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Soudan, Syrie, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie et Zimbabwe.
Le financement a été assuré par l’Union européenne, la Norvège et le Bureau chargé des aspects internationaux de la lutte antidrogue et de la répression du Département d’État des États-Unis.