Opération Flycatcher : démanteler les réseaux terroristes de Sri Lanka

11 janvier 2022
Des terroristes et des combattants étrangers présumés parmi les personnes arrêtées lors d’une opération coordonnée par INTERPOL

COLOMBO (Sri Lanka) – Accroître la capacité des agents de première ligne en poste aux frontières à détecter les terroristes potentiels lors de leurs déplacements, tel était l’objet d’une opération de lutte contre le terrorisme et de gestion des frontières menée par INTERPOL à Sri Lanka.

Baptisée Flycatcher II, l’opération, d’une durée de cinq jours (8 - 12 novembre), a permis d’appréhender six suspects liés au terrorisme, d’autres arrestations et poursuites judiciaires devant intervenir dans le monde entier au fur et à mesure du déroulement des enquêtes.

Dans ce cadre, des services de police, de protection des frontières et de l’immigration ont suivi des formations spécialisées INTERPOL sur les techniques d’identification médico-légale, les compétences en matière d’enquête antiterroriste et les dispositifs INTERPOL de partage de données, avant de mener les opérations tactiques sur le terrain.

Les bonnes données au bon endroit et au bon moment

« L’accès aux informations dans nos bases de données est au cœur des activités antiterroristes d’INTERPOL, surtout celles qui peuvent empêcher les déplacements », a déclaré le Directeur de l’Antiterrorisme à INTERPOL, Gregory Hinds.

« L’opération Flycatcher montre l’importance pour les pays d’utiliser toute la gamme de bases de données criminelles d’INTERPOL aux endroits stratégiques tels que les points de passage frontaliers », a ajouté M. Hinds.

Les données biométriques jouent un rôle croissant dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme, et les agents ont travaillé ensemble en utilisant les capacités biométriques d’INTERPOL pour identifier les potentiels suspects de terrorisme.

L’opération a donné lieu à plus de 800 signalements positifs et nouveaux téléversements dans les différentes bases de données criminelles, en particulier celle sur les documents de voyage volés, qui contient plus de 100 millions de documents déclarés volés dans le monde entier.

Les passeports volés sont une ressource clé pour la mobilité des terroristes, en particulier les combattants terroristes étrangers de retour des zones de conflit.

Les bases de données d’INTERPOL contiennent des informations sur quelque 135 000 combattants terroristes étrangers, collectées dans des points névralgiques tels que les frontières, les champs de bataille et les prisons.

Preuve s’il en est des liens fréquents entre l’activité terroriste et d’autres formes de criminalité, plus de 200 000 vérifications effectuées dans la base de données d’INTERPOL sur les personnes recherchées ont permis non seulement d’identifier des terroristes potentiels, mais aussi des hommes et des femmes recherchés pour fabrication de faux documents voyage, escroquerie et criminalité financière, contrebande d’armes et traite d’êtres humaines.

L’objectif de l’opération Flycatcher II était d’accroître la capacité des agents de première ligne en poste aux frontières de Sri Lanka à détecter les terroristes potentiels lors de leurs déplacements

Remonter la piste de l’argent

Le financement du terrorisme est un élément central de la stratégie d’INTERPOL de lutte contre le terrorisme.

Les noms des voyageurs ont fait l’objet de vérifications dans les bases de données d’INTERPOL sur les transactions financières suspectes dans le cadre de l’initiative FIN-LEX (Échange de données entre les Cellules de renseignement financier et les services chargés de l’application de la loi).

Sept suspects et cinq transactions financières suspectes ont été détectés, déclenchant des enquêtes dans les pays concernés.

« Améliorer notre façon de travailler au niveau national pour détecter les terroristes présumés se rendant à Sri Lanka revient à s’assurer que tous nos services de police disposent des moyens, des compétences et des dispositifs nécessaires pour prévenir cette activité criminelle dans son ensemble et mener des enquêtes dans ce domaine », a déclaré l’inspecteur principal Lakshman Rajakaruna, qui dirige les opérations au Bureau central national d’INTERPOL, à Colombo.

« C’est la raison pour laquelle les services sri-lankais ont été aussi nombreux à participer à cette importante opération, conjuguant leurs efforts dans l’objectif commun de lutter contre le terrorisme sur tous les fronts, avec le concours d’INTERPOL », a ajouté M. Rajakaruna.

Les agents ont utilisé les capacités biométriques d’INTERPOL pour identifier les suspects de terrorisme potentiels

Une opération locale avec des moyens mondiaux

de la loi travaillant ensemble sur tout le territoire de Sri Lanka et à l’aéroport international Bandaranayaka et utilisant les capacités d’INTERPOL pour détecter les terroristes potentiels :

  • Bureau central national INTERPOL de Sri Lanka à Colombo
  • Division de lutte antiterroriste et d’enquêtes
  • Police judiciaire
  • Service du casier judiciaire
  • Service d’enquêtes financières de la Police judiciaire
  • Cellule de renseignement financier de la Banque centrale de Sri Lanka
  • Service de l’immigration et de l’émigration
  • Task Force spéciale
  • Service national de renseignement.

En amont des opérations, les services sri-lankais ont reçu et analysé des renseignements provenant d’INTERPOL sur les réseaux terroristes transnationaux pour mieux comprendre leurs méthodes, leurs mobiles et leur financement, et – in fine – identifier et arrêter les suspects.

Les opérations sur le terrain ont permis aux enquêteurs d’établir des liens entre un certain nombre de suspects et des organisations terroristes actives à Sri Lanka, à savoir les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE, ou Tigres tamouls), l’État islamique (EI) et le National Thowheeth Jama’ath, qui est le groupe terroriste responsable des attentats à la bombe commis à Pâques 2019 à Sri Lanka.

Les services sri-lankais ont analysé des renseignements provenant d’INTERPOL sur les réseaux terroristes transnationaux afin d’identifier et d’arrêter les suspects

Attentats de Pâques : sept frappes en 21 minutes

En avril 2019, neuf kamikazes ont fait exploser simultanément leurs engins en sept endroits de Sri Lanka, faisant 269 morts et 500 blessés.

Alors que le terrorisme intérieur – principalement celui des Tigres tamouls – a représenté la principale menace terroriste pendant des décennies, l’attaque a montré l’escalade d’un extrémisme religieux qui s’inspire de l’EI.

La coopération entre les autorités sri-lankaises et INTERPOL a abouti à un certain nombre de pistes solides et à des arrestations. L’un des principaux auteurs présumés des attentats, Ahamed Milhan Hayathu Mohamed, a été arrêté au Moyen-Orient à la suite de la publication d’une notice rouge d’INTERPOL. Il a ensuite été extradé vers Sri Lanka, ainsi que quatre autres suspects après leur arrestation au Moyen-Orient.

Flycatcher est une opération antiterroriste menée dans le cadre du programme INTERPOL de lutte contre le terrorisme pour Sri Lanka et les Maldives (CT-SLaM), financé par l’Union européenne et mis en œuvre en collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.

La première opération Flycatcher a été menée avec les Maldives en juillet 2021 avec la participation de fonctionnaires de plusieurs services chargés de l’application de la loi nationaux. Elle a donné lieu à un millier de signalements positifs dans les bases de données d’INTERPOL, une arrestation pour une infraction liée à des armes à feu et au recueil de renseignements visant à étayer des enquêtes connexes menées dans le monde entier.

Plus de 200 000 vérifications effectuées dans la base de données d’INTERPOL sur les personnes recherchées ont permis l’identification de nombreux terroristes potentiels