LYON (France) – INTERPOL vient de lancer une application qui vise à faciliter l’identification des biens culturels volés, à réduire le trafic dans ce domaine et à accroître les chances de récupérer les œuvres et objets volés.
L’application ID-Art d’INTERPOL permet à ses utilisateurs, allant des services chargés de l’application de la loi au grand public, de disposer d’un accès mobile à la base de données d’INTERPOL sur les œuvres d’art volées, mais aussi de créer des catalogues de collections artistiques privées et de signaler les sites culturels menacés.
Faisant appel à un logiciel de reconnaissance d’images à la pointe de la technologie, l’application ID-Art peut être téléchargée gratuitement depuis le Play Store (appareils Android ou Google) ou l’App Store d’Apple.
« Depuis quelques années, nous assistons à un pillage sans précédent, par les terroristes, du patrimoine culturel de pays en proie à un conflit armé ou à une épuration culturelle, où ces pratiques sont le fait de réseaux organisés », a déclaré le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock.
« Ce nouvel outil constitue une importante avancée puisqu’il va renforcer la capacité des policiers, des professionnels du patrimoine culturel et du grand public à protéger notre patrimoine commun », a ajouté le Secrétaire Général.
Recherches dans la base de données d’INTERPOL
Accessible au public, l’application facilitera l’accès en temps réel à la base de données d’INTERPOL sur les œuvres d’art volées, seule base de données internationale contenant des informations de police certifiées sur les œuvres et objets d’art volés et manquants.
Les policiers, les douaniers, les collectionneurs privés et les marchands et amateurs d’art peuvent vérifier instantanément si un objet figure parmi les quelque 52 000 œuvres actuellement enregistrées comme volées.
Pour effectuer des recherches dans la base de données à l’aide de l’application, l’utilisateur peut prendre ou téléverser une photo, ou saisir manuellement des critères de recherche.
Création de catalogues
Afin de documenter leurs collections, les musées et collectionneurs privés peuvent prendre des photos de leurs œuvres d’art et en enregistrer les caractéristiques sur l’application en respectant la norme internationale « Object ID ».
En cas de vol, ces informations peuvent être communiquées aux services chargés de l’application de la loi, ce qui augmente considérablement les chances de récupérer les objets dérobés.
Le Président du Conseil international des musées (ICOM), Alberto Garlandini, a déclaré : « Les catastrophes naturelles, le pillage ou les conflits constituent autant de menaces pour le patrimoine mondial. En facilitant l’accès sur appareil mobile à sa base de données sur les œuvres d’art volées et en s’appuyant sur la norme Object ID de l’ICOM pour la création de catalogues de biens culturels, INTERPOL met à la disposition des professionnels des musées comme du grand public un outil innovant et très utile pour protéger le patrimoine menacé. »
Signalement de sites menacés
L’application permet aux acteurs de la protection du patrimoine qui agissent en première ligne de documenter l’état des sites, notamment des monuments historiques et des sites archéologiques.
Elle permet également aux utilisateurs de consigner l’emplacement géographique du site, sa description détaillée et des photos attestant son état.
Les « fiches de site » ainsi obtenues pourront par la suite être utilisées comme éléments de preuve ou servir de références pour les besoins de la reconstruction du site si celui-ci venait à être pillé ou détruit.
« La nouvelle application ID-Art d’INTERPOL marque une étape importante dans la lutte internationale contre le trafic de biens culturels. C’est un outil à la fois de prévention et d’action puisque chacun peut y enregistrer des objets et des sites culturels. L’application permettra également d’améliorer les pratiques en matière de diligence requise de la part des acheteurs potentiels de biens culturels », a déclaré Ernesto Ottone, Sous-directeur général pour la culture à l’UNESCO.
Des succès rapides
Lors de la phase pilote du projet au début de l’année, l’unité des Carabiniers italiens chargée de la protection du patrimoine culturel a pu identifier, grâce à l’application, deux statues volées qui avaient été mises en vente sur une plateforme commerciale, ce qui a conduit à l’ouverture d’une enquête judiciaire.
Aux Pays-Bas, les autorités ont retrouvé deux tableaux volés qui ont pu être identifiés par l’unité néerlandaise spécialisée dans les atteintes au patrimoine culturel grâce à ID-Art, à l’issue de vérifications portant sur un catalogue de vente en ligne dans lequel apparaissait le nom d’une société de vente aux enchères d’Amsterdam.
L’application ID-Art est disponible dans les quatre langues de travail d’INTERPOL – en anglais, en arabe, en espagnol et en français – et est financée par la Fondation INTERPOL pour un monde plus sûr.