INTERPOL : les infractions forestières, qui génèrent des milliards de dollars, doivent être considérées comme relevant de la criminalité en col blanc

15 juin 2017

LYON (France) – Les participants à une réunion internationale d’experts organisée par INTERPOL ont recommandé aux services chargés de l’application de la loi de renforcer leurs stratégies de lutte contre les infractions commises par des entreprises du secteur forestier.

La Conférence mondiale sur la criminalité forestière a rassemblé trois jours durant (du 12 au 14 juin) une centaine de représentants de l’industrie du bois, d’organismes financiers, d’organisations non gouvernementales menant des enquêtes et de services chargés de l’application de la loi, dans le but de préparer une riposte transnationale contre le « business » des infractions forestières.

Les participants, réunis au siège du Secrétariat général d’INTERPOL, ont montré qu’il était pour cela nécessaire de collaborer avec le réseau mondial de l’Organisation dans le but de recenser les priorités, de partager les bonnes pratiques et de coordonner les activités.

« Les services chargés de l’application de la loi et les procureurs sont encouragés non seulement à enquêter sur les personnes responsables d’atteintes à l’environnement, mais aussi sur les entreprises. INTERPOL peut jouer un rôle important en renforçant les capacités des services chargés de l’application de la loi dans ce domaine », a déclaré Joseph Poux, du ministère de la Justice des États-Unis.

Comme l’a dit Renato Madsen, de la Police fédérale brésilienne, « la Conférence mondiale INTERPOL sur la criminalité forestière a offert aux services chargés de l’application de la loi des pays qui importent et exportent du bois une occasion unique de se rencontrer et d’échanger des informations sur le commerce illicite de cette marchandise. La Police fédérale brésilienne reste désireuse de collaborer avec INTERPOL afin d’être en lien avec la communauté internationale des services chargés de l’application de la loi. »

Soulignant que le commerce illicite de bois dans le monde représente entre 51 et 152 milliards d’USD par an, le Directeur exécutif des Services de police d’INTERPOL, Tim Morris a déclaré : « Les renseignements criminels détenus par INTERPOL confirment que les itinéraires et les modes opératoires utilisés pour le commerce illicite de bois sont les mêmes que ceux utilisés pour le trafic de marchandises telles que les drogues et les espèces de faune et de flore sauvages protégées. »

Alors que le coût annuel de la corruption dans le secteur forestier est estimé au niveau mondial à 29 milliards d’USD, les participants à la conférence ont recommandé aux services chargés de l’application de la loi de renforcer leurs stratégies de lutte contre les infractions commises par des entreprises du secteur forestier en adaptant leurs enquêtes financières et leurs mesures anticorruption afin que le secteur du bois et les organismes financiers respectent la législation.

« Il est important que les enquêtes sur les infractions forestières ciblent les gros bonnets qui contrôlent les réseaux et financent les opérations de coupe illégale de bois dont ils font leur activité. Nous devons prendre la mesure de l’implication des organisations criminelles dans les infractions commises par des entreprises du secteur forestier, et intensifier la coopération et les enquêtes transnationales interservices », a ajouté M.  Morris.

Lancé il y a cinq ans, le projet Leaf pilote les activités d’INTERPOL en matière de lutte contre les organisations criminelles se livrant à des infractions forestières. Ce projet, qui est financé par la Norvège, aide les pays membres à intensifier la riposte collective des services chargés de l’application de la loi via le réseau mondial d’INTERPOL, à identifier les malfaiteurs et à mettre au jour leurs modes opératoires, et à faire cesser les activités criminelles transnationales.

En novembre 2014, le projet Leaf a coordonné l’opération Amazonas II, qui visait à enquêter sur les individus et les réseaux se livrant au commerce illicite de bois en Amérique centrale et du Sud, à arrêter les auteurs d’infractions de ce type et à les traduire en justice. Cette opération a permis de procéder à 200  arrestations et à saisir un volume de bois équivalent au contenu de 20 piscines olympiques.

À l’issue de la conférence, les représentants d’une quarantaine de pays membres d’INTERPOL des régions Afrique, Amériques, Asie et Europe ont mis en place un groupe de travail international spécialisé dans la criminalité forestière.