Comment enrayer la criminalité financière en Afrique : les notices argent INTERPOL

13 mai 2025
En Afrique, un atelier régional a été organisé pour traquer les avoirs issus d’activités criminelles

NAIROBI (Kenya) – Des spécialistes des services chargés de l’application de la loi et des experts en criminalité financière venus de toute l’Afrique se réunissent pour un atelier consacré à la promotion et à la mise en œuvre des notices et diffusions argent INTERPOL.

En Afrique comme ailleurs, la criminalité organisée tire parti des flux financiers illicites et du blanchiment de produits issus d’activités criminelles, comme les escroqueries en tout genre, l’exploitation forestière illégale, le terrorisme et la corruption. Ces activités s’appuient de plus en plus sur des structures financières complexes qui ne connaissent pas de frontières.

Lancée en janvier 2025, la notice argent INTERPOL permet aux pays participants de demander des informations sur des avoirs d’origine criminelle (tels que des propriétés, des véhicules, des comptes bancaires ou des entreprises), en lien avec des personnes soupçonnées ou accusées de diverses infractions, notamment de fraude, de trafic de stupéfiants et de trafic de migrants. Ce mécanisme facilite l’échange transfrontalier de renseignements et peut jeter les bases d’éventuelles demandes ultérieures de saisie ou de confiscation d’avoirs en vertu des cadres juridiques nationaux.

Actuellement à l’essai dans 51 pays, la notice argent fait partie des outils, avec le mécanisme de blocage des paiements I-GRIP, qui permettent aux services d’intervenir rapidement pour contrecarrer les flux financiers illicites et la fraude.

Cet atelier de quatre jours (13 - 16 mai) rassemble 85 participants venus de 12 pays pilotes africains, dont des représentants des bureaux centraux nationaux INTERPOL, des cellules de renseignement financier, des bureaux de procureurs, des autorités judiciaires et des points de contact chargés du recouvrement d’avoirs. Cet événement régional fait suite à plusieurs séminaires organisés dans les Amériques et en Europe plus tôt dans l’année.

Comme l’affirme Mohamed I. Amin, directeur de la Direction générale des enquêtes judiciaires du Kenya :

« La notice argent est plus qu’un simple outil. Elle symbolise la solidarité mondiale dans la lutte contre la criminalité. En prenant pour cible les profits illicites, nous attaquons les entreprises criminelles là où le bât blesse, pour faire respecter la justice. Nous devons tirer parti de ce mécanisme pour faire en sorte que le crime ne paie pas, jamais, nulle part. »

Theos Badege, directeur par intérim du Centre INTERPOL de lutte contre la criminalité financière et la corruption, a déclaré :

« Dans presque toutes les formes de criminalité organisée, l’argent est le nerf de la guerre. Pour certains, c’est un but en soi. Pour d’autres, ce n’est que le moyen de parvenir à leurs fins. Pour démanteler les réseaux criminels, nous devons suivre la piste de l’argent, remonter à la source et juguler les mécanismes financiers qui leur permettent d’exister et de prospérer. »

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Theos Badege, directeur par intérim du Centre INTERPOL de lutte contre la criminalité financière et la corruption
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Mohamed I. Amin, directeur de la Direction générale des enquêtes judiciaires du Kenya
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Projet pilote des notices et diffusions argent INTERPOL : atelier régional pour l’Afrique
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Alena Kern, cheffe de la coopération au développement de l’ambassade d’Allemagne
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Renforcer les capacités pour une efficacité maximale

Tout au long de l’atelier, les participants apprendront à mettre à profit l’ensemble des capacités d’INTERPOL (notamment ses notices, ses bases de données, ses réseaux d’experts et ses outils d’appui opérationnel) pour mener des enquêtes financières et court-circuiter l’économie du crime. Une partie du séminaire est consacrée aux technologies émergentes, notamment au recours aux cryptomonnaies et à la chaîne de blocs pour blanchir des fonds obtenus de manière illicite.

Des exercices interactifs de simulation et des discussions fondées sur des cas concrets ont été prévus pour favoriser les échanges au sein de la région, repérer les défis communs et encourager l’utilisation des notices argent dans la pratique pour les affaires en cours.

Cet atelier a bénéficié du soutien de l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ), par l’intermédiaire de son programme mondial de lutte contre les flux financiers illicites et son programme de renforcement de la bonne gouvernance au Kenya, ainsi que du projet européen conjoint « SecFin Afrique ».