Amériques : 216 arrestations lors d’une opération menée par INTERPOL contre le trafic de migrants et la traite d’êtres humains

10 décembre 2021
Opération Turquesa III

LYON (France) – Une opération conduite par INTERPOL et visant le trafic de migrants et la traite d’êtres humains dans la région Amériques a abouti à 216 arrestations et à l’identification de plus de 10 000 migrants en situation irrégulière originaires de 61 pays.

Dans le cadre de l’opération Turquesa III (29 novembre - 3 décembre), les autorités de 34 pays ont mené des actions ciblées et coordonnées contre des réseaux criminels soupçonnés de faire franchir des frontières à des hommes, des femmes et des enfants vulnérables à des fins lucratives.

De nombreux migrants ont déclaré avoir payé des sommes exorbitantes pour des voyages souvent dangereux, tandis que d’autres victimes ont raconté avoir été exploitées de manière incessante. Lors de l’opération, 127 victimes de traite d’êtres humains ont été délivrées du travail forcé et de l’exploitation sexuelle.

Une unité de coordination opérationnelle spécialement mise en place à Mexico et une unité d’appui hébergée par l’Organisme d’exécution des mesures de sécurité et de lutte contre la criminalité de la Communauté des Caraïbes (CARICOM IMPACS) au sein de son Centre commun régional de communication (Joint Regional Communications Centre, JRCC) ont apporté leur soutien aux pays participants tout au long de la semaine de l’opération. Quelque 65 000 vérifications ont été effectuées dans les bases de données d’INTERPOL aux frontières aériennes, terrestres et maritimes ainsi qu’à 98 points de contrôle stratégiques sur les quatre continents.

Un contrôle sur un axe routier à El Salvador.
Des policiers fouillent un domicile au Brésil lors de l’opération Turquesa III.
10 000 migrants en situation irrégulière en provenance de 61 pays ont été identifiés.
65 000 vérifications ont été effectuées dans les bases de données d’INTERPOL aux frontières aériennes, terrestres et maritimes.
Un homme soupçonné de trafic de migrants est escorté par des policiers du Honduras.
La Police judiciaire du Chili a mis au jour un corridor de trafic par lequel des migrants vénézuéliens étaient amenés illégalement en Bolivie.
L’Organisation internationale pour les migrations a prêté assistance aux migrants et aux victimes de trafic.
127 victimes de traite d’êtres humains ont été délivrées du travail forcé et de l’exploitation sexuelle.
/

Temps forts de l’opération Turquesa III

  • Les autorités d’El Salvador ont arrêté 14 personnes soupçonnées de trafic de migrants qui auraient fait payer à leurs victimes entre 8 000 et 12 000 USD pour les emmener jusqu’aux États-Unis.
  • En Équateur, les autorités ont arrêté 16 ressortissants équatoriens et vénézuéliens soupçonnés d’appartenir au gang du « Tren de Aragua » et de s’être alliés à un groupe armé en Colombie pour acheminer clandestinement des migrants.
  • Au Chili, les autorités ont retrouvé le corps d’un Vénézuélien près de la frontière bolivienne, ce qui leur a permis de mettre au jour un corridor de trafic de migrants vénézuéliens, ce trafic étant facilité par un ressortissant bolivien.
  • La Police fédérale brésilienne a arrêté cinq membres d’un groupe criminel organisé soupçonné de faciliter la migration irrégulière de ressortissants haïtiens depuis le Brésil vers la Bolivie.
  • L’unité en place au JRCC du CARICOM IMPACS a reçu des informations essentielles établissant un lien entre un trafiquant connu au Brésil et un ressortissant pakistanais, et elle a ainsi pu avertir les autorités du Guyana de l’arrivée prochaine de six autres ressortissants pakistanais qui tentaient de se rendre aux États-Unis.
  • Les autorités mexicaines ont saisi 19 370 passeports vierges, qui ont été enregistrés dans la base de données d’INTERPOL sur les documents de voyage et d’identité. Par la suite, l’un de ces passeports a été repéré à l’aéroport international de Mexico, lorsqu’un ressortissant cubain en provenance du Panama a été arrêté alors qu’il tentait d’entrer au Mexique.
  • Des migrants n’ont pas cessé d’entreprendre de périlleux voyages en mer, et les autorités des Îles Turques et Caïques, de Curaçao et des États-Unis ont repéré des bateaux dangereusement surchargés.
  • Plusieurs pays des Caraïbes ont détecté l’utilisation de documents d’identité et de voyage espagnols et portugais frauduleux.

Les contrôles renforcés aux frontières ont également donné lieu à plusieurs arrestations importantes pour des faits ne relevant pas des domaines de criminalité ciblés par l’opération :

  • À El Salvador, un ressortissant costaricien a été arrêté alors qu’il tentait d’importer illégalement dans le pays des médicaments illicites d’une valeur de 83 000 USD.
  • Des policiers portugais ont arrêté deux personnes faisant l’objet de notices rouges INTERPOL, qui étaient recherchées respectivement pour escroquerie et homicide involontaire.
  • Les autorités panaméennes ont détecté une personne faisant l’objet d’une notice rouge INTERPOL, qui était recherchée par le Venezuela pour escroquerie et blanchiment d’argent.

Traite des enfants

Les résultats de l’opération Turquesa menée cette année ont présenté une différence notable avec ceux des précédentes éditions, à savoir le nombre d’enfants emmenés à l’étranger aux fins d’exploitation, souvent sexuelle. Toutes les victimes identifiées ont été prises en charge par les services sociaux et ont bénéficié d’un accompagnement.

  • Les autorités colombiennes ont démantelé une organisation criminelle connue sous le nom de « Casa Inglesa », qui se livrait à la traite d’enfants aux fins d’exploitation sexuelle à Bogota. À la demande de la Colombie, une notice mauve INTERPOL a également été publiée, détaillant le mode opératoire utilisé pour recruter les enfants au Venezuela et les emmener illégalement en Équateur via la Colombie à des fins d’exploitation sexuelle.
  • À El Salvador, 27 personnes ont été arrêtées pour des faits d’abus pédosexuels et de travail d’enfants.
  • Au Belize, les autorités ont identifié 11 victimes potentielles de la traite, notamment une mère de famille originaire du Honduras et ses trois enfants.
  • Les autorités paraguayennes et argentines ont collaboré dans le but de secourir un enfant victime de traite à des fins d’exploitation sexuelle.
  • Le Mexique a demandé la publication de quatre notices rouges INTERPOL à l’encontre de personnes soupçonnées de traite d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle ainsi que de stockage et publication d’images d’abus pédosexuels.
Les autorités mexicaines ont saisi 19 370 passeports vierges qui ont été enregistrés dans la base de données d’INTERPOL sur les documents de voyage et d’identité.
Les autorités panaméennes ont repéré une personne faisant l’objet d’une notice rouge INTERPOL, recherchée par le Venezuela.
Un poste-frontière au Paraguay.
34 pays ont participé à l’opération Turquesa III.
Les autorités ont identifié plusieurs bateaux dangereux lors de l’opération Turquesa III.
Les autorités portugaises et espagnoles ont effectué conjointement des contrôles aux frontières.
Les autorités paraguayennes et argentines ont collaboré dans le but de secourir un enfant victime de la traite à des fins d’exploitation sexuelle.
L’opération Turquesa III en Uruguay.
/

Une coopération internationale et intersectorielle essentielle

Le Secrétaire Général d’INTERPOL, M. Jürgen Stock, a salué la forte mobilisation et la coordination qui ont sous-tendu l’opération Turquesa III : « INTERPOL et ses partenaires poursuivent sans relâche leur mission collective consistant à protéger les personnes vulnérables des groupes criminels. Chaque opération renforce notre réseau, ce qui élargit le dispositif de lutte contre la criminalité organisée. En unissant nos efforts, nous démantelons des structures criminelles, nous coupons d’importantes sources de profits et, surtout, nous portons secours à d’innocentes victimes. »

Outre le soutien des pays membres et de l’infrastructure d’INTERPOL au niveau mondial, l’opération Turquesa III a bénéficié d’un appui opérationnel de la part :

  • du CARICOM IMPACS, qui a mobilisé des pays des Caraïbes et accueilli l’unité d’appui au siège du JRCC à la Barbade ;
  • de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, qui a fourni une assistance judiciaire via son réseau spécialisé REDTRAM (Réseau ibéro-américain de procureurs spécialisés dans la lutte contre la traite des personnes) et qui continuera à le faire dans le cadre du suivi de l’opération ;
  • de l’Organisation internationale pour les migrations, qui a prêté assistance aux migrants et aux victimes de trafic ;
  • d’Europol, qui a effectué des recoupements avec des informations contenues dans ses bases de données.

Pays participants

Argentine, Bahamas, Barbade, Belize, Bermudes, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Curaçao, El Salvador, Équateur, Espagne, États-Unis, Grenade, Guatemala, Guyana, Honduras, Îles Turques et Caïques, Jamaïque, Maroc, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, Portugal, République dominicaine, Royaume-Uni, Suriname, Uruguay et Venezuela.

L’opération Turquesa III a reçu le soutien d’Affaires mondiales Canada via le projet Protéger. Ce projet vise à la fois à lutter contre le trafic de migrants dans la région Amériques et à renforcer les capacités des services régionaux chargés de l’application de la loi en matière de planification, de mise en œuvre et d’évaluation des actions policières selon une démarche prenant en compte les questions de genre.