Une opération menée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord cible la criminalité pharmaceutique

16 juillet 2020
L’opération Qanoon permet la saisie de produits médicaux illicites d’une valeur de plus de 14 millions d’USD

LYON (France) – Près de 20 millions d’articles pharmaceutiques illicites ont été retirés du marché lors d’une opération régionale coordonnée par INTERPOL au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

COVID-19 : une nouvelle tendance de la criminalité pharmaceutique

Menée du 1er février au 1er avril 2020, l’opération a coïncidé avec la pandémie de coronavirus et mis en évidence une tendance au trafic d’articles liés au COVID-19. Parmi les produits saisis figuraient notamment :

  • 61 000 masques respiratoires et un respirateur artificiel au Maroc ;
  • 63 418 masques et 360 produits désinfectants en Jordanie ;
  • 85 000 produits médicaux (masques, gants, thermomètres, lunettes de protection médicale, etc.) au Qatar.

Ces résultats confirment la tendance observée au mois de mars lors de l’opération Pangea mondiale, également menée par INTERPOL. La flambée de maladie à coronavirus est l’occasion de gagner rapidement de l’argent pour certains malfaiteurs qui profitent de la forte demande de produits de protection individuelle et d’hygiène personnelle.

Des articles potentiellement dangereux retirés de la circulation

  

Les pays participants – l’Arabie saoudite, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, le Maroc et le Qatar – ont procédé à des inspections et à des saisies dans des ports et des aéroports, aux frontières terrestres, dans des zones franches (entrées et sorties), des centres de tri postal, des entrepôts, des pharmacies et d’autres points de vente.

Ils ont fait état de saisies de toutes sortes de médicaments, parmi lesquels des anesthésiques, des analgésiques, des antipaludéens, des benzodiazépines (tranquillisants) et des corticoïdes, ainsi que des compléments alimentaires, des stimulants sexuels et des hormones de croissance. Parmi les produits médicaux figuraient notamment des seringues, du fil de suture, du sparadrap chirurgical et des glucomètres électroniques.

La criminalité pharmaceutique constitue un grave danger pour la santé publique. Les médicaments falsifiés et de contrefaçon menacent la vie des personnes les plus vulnérables.

« INTERPOL s’emploie à lutter contre toutes les formes de criminalité pharmaceutique et à faire échec aux activités des groupes criminels organisés qui en tirent profit. Le volume de médicaments illicites et de produits médicaux de contrefaçon saisis durant cette opération vient nous rappeler l’ampleur de ce problème mondial et le risque très réel qu’il représente pour la sécurité publique », a déclaré Paul Stanfield, Directeur de la Criminalité organisée et des Nouvelles formes de criminalité d’INTERPOL.

Principales affaires mises au jour

Iraq : les autorités nationales ont opéré d’importantes saisies d’articles pharmaceutiques lors de l’opération Qanoon 2020.
Iraq : les autorités nationales ont opéré d’importantes saisies d’articles pharmaceutiques lors de l’opération Qanoon 2020.

Les autorités iraquiennes ont signalé deux affaires importantes. Dans le premier cas, elles ont saisi environ 761 000 cartons de médicaments illicites qui se trouvaient dans sept conteneurs, pour une valeur estimée à près de 2 millions d’USD. Dans le second, environ 400 cartons et 9 millions de comprimés illicites.

« L’ampleur de ces saisies souligne la nécessité d’opérations de type Qanoon et montre les succès que peuvent remporter les pays qui coordonnent l’action de lutte contre la criminalité de leurs polices, de leurs services douaniers et de leurs autorités de contrôle », a commenté la Direction générale chargée de la lutte contre les stupéfiants et les substances psychotropes du ministère iraquien de l’Intérieur.

Koweït : saisies effectuées par les autorités nationales dans le cadre de l’opération Qanoon 2020.
Koweït : saisies effectuées par les autorités nationales dans le cadre de l’opération Qanoon 2020.

Au Koweït, 16 saisies ont été signalées, avec au total près de 10 millions de comprimés, principalement de tramadol (un analgésique opioïde). Le commerce illicite de cette substance touche un certain nombre de pays de la région sous l’impulsion de groupes terroristes qui y trouvent un moyen de financer leurs activités.

S’appuyant sur les bases jetées lors de la première phase de l’opération Qanoon en 2018, cette deuxième phase s’est traduite par des saisies nettement plus importantes : environ 20 millions d’articles en 2020 contre 1,5 million en 2018.

Des saisies de captagon en marge de l’opération

Les services chargés de l’application de la loi de la région ont également opéré d’importantes saisies de méthamphétamine et de captagon, avec près de 5 millions de pilules et de comprimés. Ces stupéfiants, qui ne relevaient pas spécifiquement de l’opération Qanoon, ne sont pas inclus dans les résultats officiels, mais dénotent clairement une prolifération de ce type de drogues illicites aux propriétés fortement stimulantes dans la région. Le captagon, une amphétamine, est largement associé à l’EIIL/Daech, que ce soit pour le financement de ses activités terroristes ou pour son utilisation au combat par ses membres.

À propos de Qanoon

L’initiative pluriannuelle Qanoon cible les médicaments et produits médicaux illicites au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Elle vise à recueillir et à partager des informations afin d’identifier les tendances et problèmes transnationaux, d’apporter un soutien aux enquêtes et de démanteler les réseaux criminels.

Elle a également pour objectif de créer un groupe de spécialistes (services de police, autorités sanitaires, douanières et judiciaires, et secteur privé) afin de favoriser une coopération et des actions pérennes.