KHARTOUM (Soudan) – La police du Soudan a secouru près de 100 victimes de traite d’êtres humains et de trafic de migrants dans le cadre d’une opération coordonnée par INTERPOL.
L’opération Sawiyan (menée du 26 au 30 août) a mobilisé 200 agents soudanais qui ont secouru 94 personnes, dont 85 mineurs, victimes de réseaux criminels impliqués dans des affaires d’immigration illégale, de travail des enfants, d’exploitation d’enfants et de mendicité forcée. Ces agents représentaient des entités nationales telles que la police judiciaire, les services de l’immigration, les services de lutte contre la traite d’êtres humains, l’unité chargée de la protection des enfants, ainsi que le Bureau central national INTERPOL du Soudan (INTERPOL Khartoum).
La police a également saisi 20 000 USD, dont une partie pourrait correspondre au versement d’une rançon suite à l’enlèvement d’un migrant. La victime figurait parmi celles secourues lors de l’opération.
Dans le cadre des enquêtes en cours, 14 trafiquants présumés (12 femmes et 2 hommes) ont été arrêtés.
L’opération s’est déroulée dans plusieurs zones sensibles de Khartoum, à savoir l’aéroport international ainsi que des mines d’or à ciel ouvert situées à l’est de la ville.
Donner aux policiers les moyens d’agir
Le renforcement des compétences des services chargés de l’application de la loi, afin que ces services soient dotés de capacités durables pour gérer des affaires de traite d’êtres humains et de trafic de migrants et enquêter à leur sujet, est au cœur de la stratégie d’INTERPOL relative aux groupes vulnérables.
Avant l’opération Sawiyan, une formation opérationnelle avait été organisée par INTERPOL sous les auspices de son projet Flyway dans le but d’aider les policiers de terrain à améliorer leurs compétences, notamment en techniques spécialisées d’audition des victimes et d’interrogatoire des auteurs d’infractions, et en techniques d’enquête.
L’accès au système de communication sécurisé d’INTERPOL I-24/7 a également été mis en place dans les zones opérationnelles, ce qui a permis à la police d’interroger en temps réel des bases de données criminelles mondiales contenant des millions d’enregistrements, notamment sur des documents de voyage volés et perdus et sur des données biométriques.
« Les opérations telles que Sawiyan offrent au Soudan une excellente occasion de renforcer sa coopération internationale avec le réseau mondial d’INTERPOL, en particulier sur les problèmes urgents de criminalité liés à la traite d’êtres humains et au trafic de migrants », a déclaré le Directeur de la Police judiciaire du Soudan, le Major général Hussein Naveh Mahmoud.
Le projet Flyway aide les pays membres à protéger les groupes vulnérables en Afrique du Nord et au Sahel grâce au renforcement des capacités, au soutien opérationnel et à la consolidation des plateformes mondiales de partage d’informations.
Travail forcé et exploitation
La plupart des mineurs secourus lors de l’opération Sawiyan travaillaient en conditions extrêmes dans des mines d’or à ciel ouvert exploitées illégalement, où des enfants – pour certains âgés d’à peine 10 ans – manipulaient de surcroît des substances et produits chimiques tels que du mercure ou du cyanure.
« Au nombre des points communs observés lors de nos opérations contre le trafic d’êtres humains figurent l’exploitation de la situation de vulnérabilité des victimes et les conditions périlleuses dans lesquelles on les force à travailler pour engranger des profits », a déclaré le Directeur exécutif des Services de police d’INTERPOL, Tim Morris.
D’après des informations disponibles au niveau régional, les victimes de traite aux fins de travail forcé sont recrutées et emmenées par des trafiquants qui utilisent la tromperie et la contrainte, puis retenues en esclavage pour accomplir différents types de travaux exigeant une main d’œuvre importante, comme le travail de la mine.
Aide et protection apportées aux victimes
Alors que le Soudan est un pays d’origine, de transit et de destination du trafic de migrants entre l’Afrique et l’Europe, les victimes secourues lors de l’opération étaient originaires de l’Érythrée, du Niger, de la République démocratique du Congo, du Soudan, du Soudan du Sud et du Tchad.
« La diversité des nationalités des personnes secourues témoigne du caractère véritablement transnational du problème de la traite d’êtres humains et du trafic de migrants, lequel exige une réponse internationale coordonnée, impliquant un partage d’informations et de bonnes pratiques entre la police et les acteurs concernés », a ajouté M. Morris.
À cet égard, le Bureau central national INTERPOL du Soudan à Khartoum a travaillé en collaboration avec des organismes nationaux, parmi lesquels l’unité soudanaise chargée de la protection des enfants, dans le but de faciliter l’organisation de l’aide et de la protection à apporter immédiatement aux victimes secourues lors de l’opération.
L’aide à long terme aux victimes est assurée par le ministère des Affaires sociales du Soudan.