La criminalité environnementale : une menace pour la paix et la sécurité, selon un nouveau rapport INTERPOL-ONU Environnement

8 décembre 2016

Washington DC (États-Unis) – Plus de 80 % des pays considèrent les atteintes à l’environnement comme une priorité nationale, la majorité d’entre eux affirmant que de nouvelles activités criminelles, plus sophistiquées, menacent de plus en plus la paix et la sécurité.

INTERPOL et l’ONU Environnement ont étudié 70 pays pour leur nouveau rapport conjoint,Environment, Peace and Security – A Convergence of Threats(Environnement, paix et sécurité – une convergence de menaces), publié aujourd’hui dans le cadre de la Semaine du droit, de la justice et du développement 2016 organisée par la Banque mondiale à Washington DC.

Le rapport porte sur les liens entre les atteintes à l’environnement dans le monde, qui représentent entre 91 et 258 milliards d’USD par an, et d’autres activités criminelles, parmi lesquelles la criminalité organisée et le terrorisme.

Plus de 60 % des pays sur lesquels porte l’étude ont indiqué qu’ils assistaient à de nouvelles formes de criminalité environnementale ou à de nouveaux modes opératoires, révélateurs d’une sophistication et d’une adaptation croissantes des organisations criminelles transnationales.

Par ailleurs, 84 % ont signalé une corrélation avec d’autres infractions graves, telles que la corruption (42 %), la contrefaçon (39 %), le trafic de drogues (36 %), la cybercriminalité (23 %) et la criminalité financière (17 %).

Le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock, a déclaré : « La criminalité environnementale revêt une ampleur transnationale et un caractère insidieux. Elle prive les gouvernements de revenus indispensables, les individus de leurs moyens de subsistance et les sociétés de paix et de sécurité. La communauté internationale doit favoriser une approche globale en faisant en sorte que les paroles se traduisent en actes, que les politiques soient mises en œuvre et la loi, appliquée. »

Le rapport constate que certains groupes armés non étatiques, groupes terroristes et réseaux criminels financent leurs activités grâce à l’exploitation de ressources naturelles dans les zones de conflit, ce qui constitue une grave menace pour la paix et la sécurité. On estime qu’au moins 40 % des conflits ont un lien avec les ressources naturelles.

« Le temps est venu de faire face à la menace que représente la criminalité environnementale par une réponse coordonnée des États membres, des organisations internationales et des Nations Unies. Une telle réponse doit prendre en compte la nécessité d’améliorer le partage d’informations, la protection des civils, l’action policière et la connaissance des vecteurs de conflits », a déclaré Erik Solheim, le Sous-secrétaire général des Nations Unies et Directeur de l’ONU Environnement.

Alors que la criminalité environnementale est parfois considérée comme un remède à la pauvreté pour les populations à faible revenu, leurs besoins sont exploités par des groupes criminels qui font appel à elles pour des activités telles que le braconnage et les coupes de bois, la pêche et l’exploitation minière illégales.

Le rapport recommande notamment une approche multidisciplinaire de la lutte contre les atteintes à l’environnement, un accroissement des échanges d’informations intersectoriels, l’intensification des efforts visant à mettre en œuvre une politique environnementale, et un soutien financier accru dans le cadre de l’aide publique au développement.

La publication du rapport fait suite à la résolution adoptée lors de la 71ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, en novembre, qui appelle à un renforcement de la coopération entre les Nations Unies et INTERPOL dans la lutte contre la criminalité transnationale et le terrorisme.