Un alignement stratégique accru, la clé de la lutte contre les menaces criminelles en Europe

10 mai 2023
Les chefs de police de la région souhaitent renforcer la coopération contre le terrorisme, le trafic et d’autres formes de criminalité

OHRID (Macédoine du Nord) – À l’issue de trois journées de discussion entre les officiers de police de 53 pays d’Europe et d’autres pays membres d’INTERPOL, un appel à une coordination accrue a été lancé en vue de lutter efficacement contre les principales menaces de sécurité dans la région.

À l’occasion de la 50ème Conférence régionale européenne d’INTERPOL, les délégués ont adopté des recommandations visant à harmoniser davantage les initiatives internationales dans divers domaines stratégiques, tels que l’antiterrorisme, la répression du trafic et le partage des données de police.

La réunion est intervenue alors même que l’Europe connaît un pic historique de production de stupéfiants illicites, qui renforce les groupes criminels organisés et s’accompagne d’une hausse des actes criminels violents à travers la région.

« La dimension internationale de la criminalité signifie que nos frontières sont aussi solides que nos maillons les plus faibles », a déclaré Stephen Kavanagh, Directeur exécutif des Services de police d’INTERPOL.

« Les données transmises à INTERPOL participent non seulement à la sécurité nationale ou régionale, mais également à la sécurité mondiale », a-t-il ajouté.

Pas le choix

Une table ronde réunissant les dirigeants des services européens chargés de l’application de la loi Europol et Frontex était axée sur la nécessité d’un alignement accru entre INTERPOL et les organismes de police régionaux, avec l’objectif de concevoir un modèle mondial d’architecture de partage des données de police et de garantir la cohérence des Objectifs de l’action policière mondiale avec les Objectifs de développement durable des Nations Unies.

« La pierre angulaire de la coopération policière internationale est l’échange d’informations », a déclaré Peter De Buysscher, Vice-président pour l’Europe d’INTERPOL, qui présidait la conférence. « Nous avons besoin d’un cadre mondial de partage des données. Nous n’avons pas le choix. »

Le volume des données de police a considérablement augmenté ces dernières années, créant des opportunités d’enquête mais rendant également la gestion des données plus complexe. Sur le plan international, il est impératif de limiter au maximum les doublons et d’harmoniser les données afin que les enquêteurs et les agents de première ligne aient accès aux bonnes informations, au bon moment.

Les initiatives communes telles que FIELDS, qui réunit les capacités d’INTERPOL et de Frontex au sein d’un système unifié permettant aux gardes-frontières de détecter les documents de voyage et d’identité frauduleux, ont été citées comme exemples concrets d’alignement réussi.

La pire crainte des trafiquants de stupéfiants

Les chefs de police européens ont par ailleurs évoqué l’évolution rapide de la situation concernant le trafic de stupéfiants et les groupes criminels organisés qui se livrent à cette activité illégale.

La capacité d’adaptation des réseaux a été identifiée comme un défi majeur pour les services chargés de l’application de la loi, puisque ces groupes s’affranchissent des frontières nationales et régionales pour engranger des bénéfices toujours plus juteux. La police doit faire preuve de la même capacité d’adaptation et d’un esprit encore plus collaboratif si elle veut lutter efficacement contre ces réseaux.

Les récents accomplissements d’initiatives menées par INTERPOL comme le projet I-CAN, qui cible l’organisation mafieuse ‘Ndrangheta, impliquée dans le trafic de cocaïne de l’Amérique latine vers l’Europe, ont été cités comme exemples de coopération policière internationale innovante.

Lancé en 2020, le projet I-CAN a d’ores et déjà porté ses fruits et « dépassé les attentes », d’après un intervenant de la conférence, ayant donné lieu à l’arrestation de plus d’une quarantaine d’individus parmi les plus recherchés et à l’échange de dizaines de milliers de renseignements.

« C’est la pire crainte des trafiquants de stupéfiants », a conclu l’un des intervenants. « Que nous nous réunissions tous au même endroit pour collaborer, échanger des informations et éliminer les obstacles. »