Une opération antidrogue conduit à des saisies record et à 1 333 arrestations

22 septembre 2022
La valeur des stupéfiants saisis est estimée à près de 750 000 USD

LYON (France) – Une opération internationale coordonnée par INTERPOL a conduit à la saisie de stupéfiants illicites et de précurseurs chimiques d’une valeur de plus de 717 000 USD et à l’arrestation de 1 333 suspects à travers le monde, mettant ainsi au jour l’ampleur du trafic de stupéfiants.

Menée du 23 juin au 31 juillet et reposant sur la coordination transfrontalière, l’opération Lionfish V ciblait le trafic de stupéfiants illicites par voie aérienne, terrestre et maritime dans 22 pays et a abouti à la saisie de plus de 291 tonnes de précurseurs chimiques et de 35,5 tonnes de stupéfiants.

Si les stupéfiants traditionnels comme la cocaïne et le cannabis représentent toujours une part importante du marché des drogues illicites, l’opération a permis de constater l’augmentation de la production et de la vente de drogues de synthèse telles que la méthamphétamine, le captagon et la kétamine.

Les précurseurs chimiques sont particulièrement précieux pour les organisations criminelles car ils leur permettent de produire des quantités illimitées de drogues de synthèse, synonymes de profits très élevés. La production de drogues de synthèse ne dépend pas de facteurs externes, comme celle de la cocaïne et de l’héroïne, ces drogues pouvant être produites en milieu urbain à proximité des grands axes de transport.

Bilan de l’opération

Dans le cadre de l’opération, qui aura duré cinq semaines, les autorités ont saisi 1,8 tonne de kétamine, 683 kg de méthamphétamine et 581 kg de captagon. Ont également été saisis :

  • 20,2 tonnes de cocaïne
  • 11,7 tonnes de cannabis
  • 158 kg d’héroïne
  • 65 100 comprimés et 48 kg de tramadol
  • 9 500 000 comprimés de pseudoéphédrine, substance utilisée pour la fabrication de méthamphétamine
  • des douzaines d’armes à feu, de roquettes et d’explosifs

Un « superlaboratoire » clandestin capable de produire des milliers de kilos de kétamine a été démantelé au Cambodge, où la police a arrêté un individu qui était recherché au niveau international sur le fondement d’une notice rouge d’INTERPOL pour des faits allégués de trafic de stupéfiants transnational.

Les 1 333 arrestations effectuées dans le cadre de l’opération concernent des personnes de 25 nationalités différentes, ce qui confirme une fois de plus que le trafic de stupéfiants est un phénomène mondial qui appelle une riposte mondiale.

Les autorités indiennes ont procédé à la plus importante saisie d’héroïne de l’opération, avec l’interception de 75,3 kg de cette drogue dans le port de Mundra. Dans une déclaration, le Bureau central d’enquête indien (Central Bureau of Investigation - CBI) a souligné la manière dont le Bureau central national INTERPOL du pays et les services chargés de l’application de la loi d’autres pays ont coordonné leur action contre des réseaux de trafic de stupéfiants ayant des ramifications internationales afin de porter un coup d’arrêt à ces réseaux, de les affaiblir et, in fine, de les démanteler.

L’opération a montré que les trafiquants utilisaient des modes de transport très divers pour se livrer à leur trafic : conteneurs maritimes, transport aérien, services postaux/express, véhicules commerciaux, embarcations rapides (« GoFast »), petits aéronefs, etc.

Un « superlaboratoire » clandestin capable de produire des milliers de kilos de kétamine a été démantelé au Cambodge.
Les autorités indiennes ont procédé à la plus importante saisie d’héroïne de l’opération Lionfish V.
Opération Lionfish V : saisie de cocaïne au Brésil.
Armes saisies en Iraq lors de l’opération Lionfish V.
Opération Lionfish V - Philippines.
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Le réseau mondial d’INTERPOL

Lors de l’opération, l’unité Réseaux criminels et Stupéfiants d’INTERPOL a coordonné des réunions opérationnelles pour faciliter l’échange d’informations entre les pays participants via I-24/7, le système mondial sécurisé de communication d’INTERPOL.

INTERPOL a déployé avec succès sa base de données Relief dans le cadre de l’opération. Cet outil de criminalistique, qui est capable d’établir des liens entre les saisies de stupéfiants réalisées au niveau mondial, a permis d’obtenir une correspondance avec deux saisies de stupéfiants précédentes au Brésil et en Allemagne.

« Les groupes criminels ont le même mode de fonctionnement que les très grandes entreprises. Ils cherchent à optimiser leurs bénéfices, à minimiser le risque et à diversifier leurs avoirs et sont à l’affût de nouveaux marchés », a déclaré le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock.

« L’opération Lionfish montre les résultats que l’on peut obtenir dans la lutte contre cette menace mondiale lorsque les pays membres travaillent ensemble par l’intermédiaire d’INTERPOL pour communiquer et pour donner aux policiers du monde entier les moyens nécessaires pour assurer la sécurité de nos concitoyens », a ajouté le Secrétaire Général Stock.

Les réunions de renforcement des capacités qui ont eu lieu à Abou Dhabi (Émirats arabes Unis) en amont de l’opération ont démontré l’efficacité de la coopération entre les spécialistes de l’application de la loi pour ce qui est d’échanger des renseignements en temps réel afin de porter un coup d’arrêt aux filières mondiales du trafic de stupéfiants et aux organisations criminelles complexes qui les contrôlent.

Le Lieutenant-Colonel Dana Humaid, Directeur général du Bureau des Affaires internationales, au sein du ministère de l’Intérieur des Émirats arabes unis, a déclaré : « La complexité des organisations criminelles d’aujourd’hui appelle une riposte très fine et coordonnée de la part des services chargés de l’application de la loi. Les Émirats arabes unis sont heureux d’avoir pu, grâce à leur position stratégique au carrefour de l’Europe, de l'Asie et des Amériques, réunir des spécialistes de la répression du trafic de stupéfiants et ainsi porter un coup d’arrêt à des activités criminelles qui ne connaissent pas de frontières. »

« Le succès de l’opération Lionfish V envoie un message clair aux groupes criminels internationaux : une collaboration efficace, au niveau international, entre les services chargés de l’application de la loi est possible. Les Émirats arabes unis auront à cœur de soutenir leurs partenaires au sein d’INTERPOL afin de renforcer cette coopération dans les années à venir. »

L’opération Lionfish a été menée dans le cadre du projet AMEAP (Afrique, Moyen-Orient, Asie-Pacifique), projet pluriannuel de lutte contre le trafic de stupéfiants financé par la Fondation INTERPOL pour un monde plus sûr.

L’opération devrait donner lieu à la publication de plusieurs notices mauves INTERPOL sur les modes opératoires des réseaux criminels.

Pays participants : Australie, Bahreïn, Brésil, Cambodge, Colombie, Émirats arabes unis, Inde, Indonésie, Iraq, Japon, Jordanie, Malaisie, Maldives, Maroc, Nigéria, Oman, Philippines, Qatar, Sri Lanka, Syrie, Thaïlande et Turquie.