Des mesures énergiques pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme

19 mai 2025
Le GAFI, INTERPOL et l’ONUDC lancent un appel à l’action contre la criminalité financière

VIENNE (Autriche) – Plusieurs organisations internationales ont appelé les pays à prendre des mesures draconiennes pour mettre un terme aux profits illicites colossaux générés par le trafic de stupéfiants, la traite d’êtres humains, le trafic de migrants, les fraudes et les escroqueries. Elles ont rappelé que derrière chaque dollar blanchi se cache une victime : une famille détruite, une vie perdue, une communauté meurtrie.

C’est à Vienne que les dirigeants du Groupe d’action financière (GAFI), d’INTERPOL et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ont lancé cet appel à l’action sans précédent, lors d’une rencontre de haut niveau organisée en marge du premier jour de la 34ème session de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale (CCPCJ).

En effet, il est essentiel de s’attaquer sans détour à la délinquance économique et financière pour mettre nos sociétés à l’abri des préjudices occasionnés par les activités criminelles, et garantir ainsi la stabilité financière et la croissance économique.

À l’occasion de l’actuelle session de la CCPCJ, le GAFI, INTERPOL et l’ONUDC ont appelé les pays à s’investir davantage dans le recouvrement d’actifs, dans l’objectif d’empêcher l’enrichissement et l’expansion géographique des réseaux criminels organisés et des groupes terroristes. Ils ont également invité les gouvernements à coopérer à l’échelle internationale afin de mieux cibler les enquêtes financières et d’en accroître l’efficacité.

Les ministres des Finances ont appelé à redoubler d’efforts pour lutter contre la criminalité et le terrorisme en tarissant les sources de profits qui leur permettent de se développer. Le GAFI, l’organisme international de surveillance contre le financement illicite, qui supervise plus de 200 territoires, a répondu à l’appel en renforçant les normes relatives au recouvrement des actifs.

Les évaluations du réseau mondial du GAFI révèlent en effet que, dans près de 80 % des pays, les mesures prises pour recouvrer des actifs ne portent pas leurs fruits ou aboutissent à des résultats médiocres.

La directrice exécutive de l’ONUDC, Ghada Waly, a déclaré :

« Il s’agit d’un appel à l’action pour trouver des solutions innovantes et évolutives contre la criminalité économique. Nous devons tirer parti de nos partenariats pour travailler ensemble et saisir l’occasion offerte par cette session de la CCPCJ, ainsi que par le 15ème Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, qui se tiendra en 2026, pour accélérer la mise en place de mesures collectives contre le financement des activités criminelles et terroristes. Notre objectif est de faire en sorte que nos systèmes financiers soient des vecteurs de paix, de sécurité et de prospérité. »

La présidente du GAFI, Elisa de Anda Madrazo, a quant à elle affirmé :

« Le GAFI s’efforce de fournir aux pays les outils dont ils ont besoin et une tribune internationale pour relever conjointement les défis auxquels nous sommes tous confrontés aujourd’hui. Il en va de la stabilité économique, du développement, de la paix et de la sécurité. S’agissant de l’économie illégale, la robustesse des défenses du monde ne tient qu’à celle de leur maillon le plus faible. Nous tirons donc la sonnette d’alarme pour encourager tous les pays à travailler ensemble afin de répondre aux menaces complexes de notre époque, qui ne connaissent pas de frontières. Ne laissons pas la criminalité se développer. »

Sur le plan opérationnel, INTERPOL déploie actuellement sa notice argent, tout juste inaugurée, qui est conçue pour accélérer la coopération internationale en matière de ciblage des actifs criminels et en améliorer l’efficacité. À l’heure actuelle, 51 pays participant à la phase pilote ont indiqué qu’ils allaient se servir de cette nouvelle notice pour demander des renseignements sur des actifs détenus dans le monde entier.

Cyril Gout, directeur exécutif par intérim des Services de police d’INTERPOL, a déclaré :

« Le financement illicite n’est pas seulement une menace criminelle parmi tant d’autres. Il est le moteur qui permet à toutes ces menaces de se concrétiser. C’est la raison pour laquelle INTERPOL s’attelle à concevoir des outils innovants et à les mettre à disposition pour faciliter la coopération policière internationale et endiguer les flux financiers illicites. Nous sommes fiers de notre rôle de passerelle entre les engagements pris dans la sphère internationale et les interventions effectuées à l’échelle nationale. »

Les trois dirigeants ont mis en avant le travail collectif qu’ils ont accompli récemment pour élaborer des outils pratiques, destinés à améliorer considérablement la capacité des praticiens à travailler par-delà les frontières nationales. Comme l’a souligné la présidente du GAFI, Elisa de Anda Madrazo : « Les frontières nationales n’arrêtent pas les criminels. Nous devons donc veiller à ce que ces mêmes frontières ne leur offrent pas en plus la possibilité de dissimuler leurs fonds et d’échapper aux poursuites ».

Dans le courant de l’année, les trois organisations et le Groupe Egmont de cellules de renseignement financier publieront des conseils pratiques à l’intention des praticiens sur les principaux axes de collaboration internationale.

Les dirigeants ont mis en exergue les normes internationales renforcées du GAFI sur la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent, et ont appelé à accélérer les progrès en matière de coopération transnationale et de renforcement des capacités avant l’édition de 2026 du Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, qui sera organisée par les Émirats arabes unis.

Ils ont en outre reconnu les effets positifs de la collaboration croissante des pays membres avec le secteur privé et la société civile pour mettre en œuvre des approches communes de lutte contre la criminalité financière. Par ailleurs, ils ont salué la progression des activités opérationnelles menées dans le cadre de partenariats public-privé et de groupes spéciaux.

Les hauts responsables présents à la conférence intitulée « Appel mondial à l’action contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme : coopération internationale » ont débattu des principales mesures que les pays membres vont devoir prendre pour améliorer de manière significative la coopération internationale dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, notamment en ce qui concerne le renforcement des capacités, la mise en œuvre efficace d’une approche fondée sur les risques, les partenariats public-privé et l’innovation à l’aide des nouvelles technologies.

Le 15ème Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale (Abou Dhabi (Émirats arabes unis), 25 - 30 avril 2026) sera pour les pays membres l’occasion de se pencher sur ces enjeux complexes et de trouver des solutions évolutives et novatrices pour combattre la criminalité financière.