LYON (France) – Une opération internationale coordonnée par INTERPOL et dirigée contre le trafic de stupéfiants en Asie du Sud-Est a abouti à des saisies record de drogues de synthèse d’une valeur d’environ 1,05 milliard de dollars US.
Au vu de la valeur de ces produits confisqués dans le cadre de 58 saisies uniquement, l’opération a mis en relief les énormes bénéfices tirés du commerce des drogues de synthèse par les réseaux criminels, et la menace que représentent les groupes criminels organisés transnationaux dans toutes les régions.
L’opération, qui s’est déroulée du 22 juillet au 7 août et à laquelle ont participé l’Australie, le Cambodge, la Corée, les États-Unis, le Myanmar et le Viet Nam, a également permis de recueillir des renseignements sur l’évolution des itinéraires de trafic et des menaces.
À Sydney, une saisie d’environ 900 kg de méthamphétamine en cristaux a permis de remonter jusqu’aux États-Unis.
Des renseignements semblent en effet indiquer que la méthamphétamine disponible en Australie provient désormais moins souvent d’Asie du Sud-Est que d’Amérique du Nord, à la faveur de liens étroits entre les groupes criminels organisés transnationaux australiens et les cartels mexicains, ce qui montre que les itinéraires de trafic de stupéfiants ont changé au niveau mondial.
De plus, la saisie de 1,5 tonne de kétamine en Asie du Sud-Est donne à penser que la région est une importante source d’approvisionnement de cette drogue dans le monde, les volumes importants saisis témoignant de la croissance rapide de ce marché.
Les services chargés de l’application de la loi ont identifié une autre nouvelle menace, la « Happy Water », une drogue de synthèse populaire dans les hauts lieux de la vie nocturne en Asie du Sud-Est, qui contient de la méthamphétamine, de l’ecstasy, de la kétamine, des benzodiazépines et de la caféine. La Happy Water est conditionnée comme un produit classique afin que les consommateurs n’aient pas conscience de son caractère extrêmement dangereux.
« Le trafic de stupéfiants demeure l’activité dominante de la criminalité organisée transnationale. Il contribue également à l’augmentation de la violence dans les rues et met en péril des entreprises, des communautés et même des pays », a déclaré le secrétaire général d’INTERPOL, M. Jürgen Stock.
« C’est pourquoi ces opérations, cette action collective pour venir à bout de ce fléau mondial sont importantes. »
Des modes de dissimulation mis au jour grâce aux saisies
L’opération baptisée « Lionfish Mayag II » a abouti à 29 arrestations et révélé certaines méthodes utilisées par les trafiquants pour dissimuler des drogues de synthèse et des produits chimiques précurseurs :
- Au Myanmar, en Thaïlande et au Viet Nam, les autorités ont saisi plus de 139 millions de comprimés de yaba dissimulés dans de gros camions, mais aussi dans des boîtes à outils attachées sur les côtés des véhicules. Le yaba est un stimulant addictif qui contient de la méthamphétamine et de la caféine.
- Au Myanmar, 13,5 tonnes de cyanure de sodium, un produit chimique précurseur de la méthamphétamine et de l’ecstasy, ont été retrouvées enfouies dans des tonneaux de 55 kg. Près de 2,3 tonnes de méthamphétamine en cristaux ont également été saisies sur un navire au large du canton de Pyapon. La drogue, conditionnée comme du café de Côte d’Ivoire, était destinée à la Malaisie.
- En Corée, 16 kg de méthamphétamine ont été retrouvés dissimulés dans un mixeur de cuisine expédié de Thaïlande.
- En Australie, de la méthamphétamine était dissimulée dans des pistolets à peinture contenus dans des colis expédiés des États-Unis.
- Au Cambodge, les autorités ont intercepté 200 kg de kétamine que deux ressortissants chinois tentaient de faire passer à la frontière en tant que thé du commerce.
Rôle d’INTERPOL dans la lutte contre le trafic de stupéfiants
La collaboration par l’intermédiaire d’INTERPOL a facilité l’échange de renseignements en temps réel en renforçant l’efficacité de l’opération.
En effet, INTERPOL a analysé 291 kg de cocaïne échoués sur un rivage au Viet Nam en téléchargeant les marques qui y figuraient dans sa base de données RELIEF afin d’aider à suivre les futures expéditions.
La base de données RELIEF effectue un examen précis des marques laissées par les outils sur les paquets de drogue saisis, réalise une analyse complète portant notamment sur la composition chimique et compare automatiquement les logos et ainsi que les marques laissées sur ces paquets par les plaques de pressage et les cartouches.
Une plateforme sécurisée consacrée à l’analyse des drogues aide également les analystes en données criminelles d’INTERPOL à saisir, vérifier, analyser et transmettre systématiquement les informations relatives au trafic de stupéfiants.
De plus, le programme I-RAID d’INTERPOL lutte contre le trafic de drogues illicites par la conduite d’opérations et l’analyse, le renforcement des capacités et la formation, les partenariats et la sensibilisation, en ciblant les produits du crime.
Depuis 2013, les opérations Lionfish ont donné lieu en tout à des saisies d’une valeur de 4,65 milliards de dollars et à 5 646 arrestations dans 108 pays.
L’opération Lionfish Mayag II a été financée par la Police nationale coréenne.