LYON (France) – INTERPOL appelle à un changement de terminologie dans le cadre de la lutte contre les escroqueries aux placements et aux sentiments en ligne, et plaide pour l’utilisation du terme « escroquerie aux sentiments » pour remplacer le terme très utilisé mais trop stigmatisant d’« arnaque de type dépeçage de cochon ».
Le terme vient des escrocs eux-mêmes, qui qualifient leurs victimes de « cochons » qu’ils engraissent en les attirant dans de fausses relations romantiques ou amicales avant de les « dépecer » en les poussant à investir dans des mécanismes de cryptomonnaies frauduleux.
Une fois que les victimes ont investi d’importantes sommes d’argent, les escrocs continuent de les manipuler ou coupent soudainement tout contact avec elles, les laissant souvent avec des pertes financières colossales et de graves dommages psychologiques.
INTERPOL estime que le terme « dépeçage de cochon » déshumanise les victimes de ces escroqueries et leur fait honte, ce qui décourage d’autres personnes de demander de l’aide et de donner des informations aux autorités.
À l’inverse, le terme « escroquerie aux sentiments », qui est déjà utilisé par certains services chargés de l’application de la loi et des experts de la sécurité en ligne, reflète les tactiques complexes et la manipulation émotionnelle utilisées par les escrocs pour gagner la confiance de leurs victimes. Il place les projecteurs au bon endroit : sur les actes des malfaiteurs plutôt que sur ceux des victimes.
Cyril Gout, directeur exécutif par intérim des Services de police d’INTERPOL, a déclaré :
« Les mots comptent. Nous l’avons déjà expérimenté dans les domaines des infractions sexuelles violentes, des violences conjugales et de l’exploitation des enfants en ligne. Nous devons reconnaître que nos mots comptent aussi pour les victimes de ces escroqueries.
« Il est temps de changer de terminologie afin de prioriser le respect et l’empathie à l’égard des victimes et de tenir les escrocs responsables de leurs crimes. »
Elisabeth Cartern, professeure associée de criminologie et linguiste judiciaire à l’université Kingston de Londres, a affirmé :
« Les recherches universitaires montrent clairement les liens entre les tactiques des escrocs et celles des auteurs de violences domestiques et de contrôle coercitif. Il est essentiel que nous n’adoptions pas le langage de ces criminels mais que nous utilisions plutôt une terminologie qui contribue à la protection du public et encourage les victimes à signaler les faits. »
L’appel d’INTERPOL à abandonner le terme « dépeçage de cochon » fait partie de la campagne « Think Twice », qui vise à sensibiliser le public à la sécurité et à la vigilance lors des interactions en ligne.
La campagne de sensibilisation comprend une série de courtes vidéos mettant en lumière cinq menaces de plus en plus présentes en ligne : les attaques par rançongiciel, les attaques par logiciel malveillant, l’hameçonnage, les escroqueries tirant parti de l’IA générative et les escroqueries aux sentiments.