Un Groupe de travail INTERPOL pointe les cybermenaces dans la région Amériques

19 septembre 2022
Les données opérationnelles, un élément essentiel pour réduire l’incidence de la cybercriminalité dans le monde

BUENOS AIRES (Argentine) – L’évolution du paysage numérique dans la région Amériques a multiplié les défis et les failles en matière de cybersécurité. Les pays de la région sont aujourd’hui confrontés à des attaques cybercriminelles qui vont de l’escroquerie aux faux ordres de virement et des arnaques en ligne à l’utilisation de rançongiciels et au blanchiment d’argent.

Cybermenaces

Les groupes criminels qui cherchent à réaliser des gains financiers ne se sont pas contentés de cibler des organisations situées en Amérique latine, principalement à l’aide de rançongiciels, mais ils ont élargi leur champ d’action. Au premier semestre 2020, les pays de cette région ont par exemple enregistré les taux de cyberattaques les plus élevés au monde, avec un nombre d’attaques via les navigateurs mobiles près de trois fois supérieur à la moyenne mondiale.

Ainsi, en avril 2022, le Costa Rica a été victime d’une série d’attaques par rançongiciels à grande échelle lancée par le groupe « Conti ». Amorcée au ministère des Finances du Costa Rica, cette série de cyberattaques interconnectées a finalement touché 27 ministères. L’action de Conti a paralysé une partie des infrastructures numériques du pays pendant des mois et perturbé les services de santé publique et le versement des salaires de certains travailleurs du secteur public.

L’un des plus grands fournisseurs d’accès à Internet en Argentine, Telecom Argentina, a également subi une attaque majeure par rançongiciels, qui a touché près de 18 000 ordinateurs en 2020. À cette occasion, les hackers ont réclamé une rançon de 7,5 millions de dollars, alors que les employés ne pouvaient plus accéder aux bases de données et aux VPN internes.

Dans ce contexte, le Groupe de travail d’INTERPOL sur la cybercriminalité pour la région Amériques a tenu sa 7ème réunion, du 12 au 16 septembre, à Buenos Aires (Argentine), afin d’évaluer les menaces et de cerner les tendances dans la région. La réunion a rassemblé plus de 90 participants issus de 32 pays membres, 4 organisations internationales et 13 entités publiques et privées.

Photo de groupe des participants à la 7ème réunion du Groupe de travail d’INTERPOL sur la cybercriminalité pour la région Amériques.
Allocution d’ouverture de Craig Jones, Directeur de la Cybercriminalité à INTERPOL.
Allocution d’ouverture de Juan Carlos Hernández, Chef de la Police fédérale argentine et membre du Comité exécutif d’INTERPOL.
Allocution d’ouverture d’Aníbal Domingo Fernández, ministre de la Sécurité de l’Argentine.
Table ronde sur les menaces et les tendances les plus récentes en matière de cybercriminalité dans la région Amériques.
Table ronde sur la coopération en matière d’opérations et de partage des renseignements.
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La coopération policière, un élément clé de la lutte contre la cybercriminalité

Entre autres priorités, le Groupe de travail a débattu de la Stratégie mondiale de lutte contre la cybercriminalité 2022 - 2025, qui sera publiée dans le courant de l’année. Cette stratégie vise à renforcer la compréhension de la menace cybercriminelle et à améliorer les capacités de prévention, de détection, d’investigation et de neutralisation des cyberattaques.

Le Groupe de travail s’est également penché sur la création d’un Desk pour les opérations de lutte contre la cybercriminalité dans les Amériques. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie mondiale d’INTERPOL, en vertu de laquelle d’autres bureaux ont déjà été créés pour l’Afrique et les pays de l’ASEAN.

Il a également examiné d’autres thèmes, tels que les initiatives relatives aux interventions en cas de cyberattaque, les enquêtes sur les cybermonnaies, les nouvelles cybermenaces dans la région Amériques et le partage des éléments d’enquête.

« Pendant la réunion, les pays ont échangé des données opérationnelles sur des affaires de cybercriminalité en cours. Ces informations permettront de produire de nouveaux renseignements exploitables en vue de réduire les effets de la cybercriminalité à l’échelle mondiale et de protéger les communautés pour créer un monde plus sûr ». Craig Jones, Directeur de la Cybercriminalité à INTERPOL.

« Ce Groupe de travail offre un cadre favorable pour renforcer la coopération policière internationale et régionale et ainsi lutter plus efficacement contre la cybercriminalité et rendre le monde plus sûr », a déclaré Juan Carlos Hernández, le Chef de la Police fédérale argentine.

Renforcement des capacités dans la région Amériques

Notre dépendance accrue vis-à-vis des nouvelles technologies a ouvert la voie aux cybercriminels, qui conduisent leurs attaques avec une fréquence et une efficacité croissantes. Le manque d’attention portée à la sécurité et aux failles informatiques offre aux cybermalfaiteurs des possibilités de gains illicites à faible risque et à haut rendement.

Devant cette menace grandissante, INTERPOL a mené à bien un ensemble d’activités de sensibilisation à la cybercriminalité et de promotion d’une coopération régionale plus étroite en Amérique latine. Parmi les principales activités figuraient des formations portant sur les capacités policières d’INTERPOL, la criminalistique numérique, les renseignements de sources ouvertes, les cybermonnaies et les enquêtes sur le dark Web.

Ces activités s’inscrivent dans le cadre du projet Cyber Americas (financé par Affaires mondiales Canada) et du projet GLACY+ (Action globale sur la cybercriminalité élargie), une initiative conjointe de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe.