LYON (France) – Une opération mondiale ciblant le trafic illicite de biens culturels a permis l’arrestation de 52 personnes et la saisie de 9 408 biens culturels à travers le monde. Parmi les pièces inestimables qui ont été saisies figuraient des objets archéologiques, du mobilier, des pièces, des peintures, des instruments de musique et des statuettes.
Au cours de l’opération Pandora VI, dont la phase opérationnelle s’est déroulée du 1er juin au 30 septembre 2021, les services chargés de l’application de la loi de 28 pays ont effectué des vérifications et des contrôles dans les aéroports et aux postes-frontières, ainsi que dans les maisons de vente aux enchères, les musées et les résidences privées.
Une attention particulière a été accordée à la surveillance des marchés en ligne. À cette fin, une semaine de cyberpatrouille a été organisée par la Police nationale des Pays-Bas (Politie) pour repérer les ventes suspectes en ligne.
Plus de 170 enquêtes sont encore en cours, laissant présager de nouvelles saisies et arrestations, les enquêteurs du monde entier continuant à traquer les personnes qui abîment et détruisent le patrimoine culturel.
Pilotée par l’Espagne (Guardia Civil), l’opération Pandora VI a été coordonnée au niveau international par Europol, INTERPOL et l’Organisation mondiale des douanes (OMD). Des Unités de coordination opérationnelle fonctionnant 24 heures sur 24 et sept jours sur sept ont été mises en place par Europol, d’une part, et par l’OMD et INTERPOL, d’autre part, pour favoriser l’échange d’informations, diffuser des alertes et des avertissements, et procéder à des vérifications croisées dans différentes bases de données internationales et nationales.
Principaux résultats
La Douane française a saisi 4 231 objets archéologiques, dont environ 3 000 pièces, ainsi que des cloches, boucles, anneaux et poteries pillés sur des sites archéologiques par un seul individu utilisant un détecteur de métaux. Dans une autre affaire, elle a également saisi trois statuettes anciennes de la culture La Tolita – Tumaco, de la période précolombienne.
La Police nationale espagnole (Policía Nacional) a récupéré un trésor composé de 91 pièces d’or de l’Empire romain, dont la valeur est estimée à un demi-million d’euros sur le marché noir. L’enquête a débuté après que ces pièces ont été détectées dans une célèbre maison de vente aux enchères de Madrid. Les enquêteurs ont ensuite identifié le site archéologique espagnol sur lequel ces pièces avaient été pillées.
Des agents du Service des Douanes et de la Protection des frontières des États-Unis (CBP) ont saisi une cargaison contenant 13 artefacts mexicains anciens remontant à l’ère postclassique, jusqu’à l’ère aztèque, dont un crâne et 12 herminettes (outils de coupe).
Une croix processionnaire datant du XIIIème siècle a été retrouvée par la Police roumaine (Poliția Română) et restituée au musée de l’église évangélique de Cisnadie, d’où elle avait été dérobée en 2016. Une vérification lancée via l’application mobile ID-Art dINTERPOL a permis d’identifier l’objet dans la base de données INTERPOL des œuvres d’art volées, où sa description figurait.
Les Carabiniers italiens (Arma dei Carabinieri) ont saisi 79 objets archéologiques de différents types et époques dans la région méditerranéenne. Ces objets n’étaient pas accompagnés de documents attestant de leur origine ou de leur importation légale sur le territoire national.
L’unité de lutte contre la criminalité en matière d’art et d’antiquités (Police nationale des Pays-Bas) a retrouvé deux tableaux de Kees Verweij déclarés volés, après des vérifications dans un catalogue de vente en ligne mettant en cause une maison de vente aux enchères d’Amsterdam.
Des agents de la Police grecque (Ελληνική Αστυνομία) ont retrouvé une colonne en marbre datant de l’époque romaine, ainsi que 13 pièces de monnaie anciennes et trois poteries datant de l’époque hellénistique.
Les détecteurs de métaux restent un produit très prisé des pilleurs. Sept autorités chargées de l’application de la loi en Europe ont signalé la saisie de 90 détecteurs de métaux destinés à un usage illicite sur des sites archéologiques.
Coordination internationale
Europol, qui codirigeait cette initiative, a joué un rôle clé dans la mise en œuvre de l’ensemble de l’opération en facilitant l’échange d’informations et en apportant un soutien analytique et opérationnel. L’OMD a mis à disposition son canal de communication sécurisée « CENcomm » et facilité l’échange de renseignements entre les différents services participants.
INTERPOL, grâce à son système de communication sécurisée I-24/7, a relié les pays des Balkans et de l’Union européenne participant à l’échange d’informations, et apporté son soutien à l’ensemble de l’opération en mettant à disposition un expert chargé de revérifier les informations dans la base de données d’INTERPOL sur les œuvres d’art volées afin de localiser et d’identifier les objets volés et ceux demeurant introuvables.
L’opération Pandora, qui a été lancée pour la première fois en 2016, est une opération menée chaque année par les services chargés de l’application de la loi. À ce jour, elle a permis de procéder à 407 arrestations et de récupérer 147 050 biens culturels.
Pays ayant participé à l’opération Pandora VI :
Les pays membres d’INTERPOL suivants : Albanie, Allemagne, Autriche, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Espagne, États-Unis, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Macédoine du Nord, Malte, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Serbie, Slovaquie, Suède et Suisse.
Le pays tiers suivant : Kosovo.
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