S’engager contre l’espionnage en ligne pour harcèlement

21 avril 2021
INTERPOL soutient la Coalition contre les stalkerware (Coalition Against Stalkerware) dans son action contre les abus, l’espionnage et le harcèlement

SINGAPOUR – Être espionné par l’intermédiaire de son ordinateur ou son téléphone est un véritable cauchemar.

Or, les « stalkerware » – ces logiciels, disponibles dans le commerce, permettant de surveiller des personnes à leur insu via leurs appareils – constituent une réelle menace qui s’est rapidement développée durant la pandémie de COVID-19.

Forte augmentation de l’espionnage pour harcèlement

Depuis le début de la pandémie, on a constaté un net accroissement de l’utilisation de ces logiciels espions de harcèlement, étroitement corrélé à une hausse des cas de violence domestique pendant les épisodes de confinement.

La société de cybersécurité Malwarebytes a enregistré une envolée des chiffres relatifs aux applications de surveillance et aux logiciels espions entre le 1er janvier et le 30 juin 2020, avec des détections augmentant respectivement de 780 % et de 1 677 %.

De son côté, le Laboratoire des menaces Avast a constaté une augmentation de 55 % de l’utilisation des logiciels espions de harcèlement depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Sept femmes sur dix ayant fait l’objet de cette forme de cyberharcèlement par logiciel espion ont également subi au moins une forme de violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime, d’après l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes.

Les violences domestiques se sont intensifiées depuis le début de la pandémie, ce qui a amené l’Organisation des Nations Unies à désigner par l’expression de « pandémie fantôme » les violences faites aux femmes dans le contexte de la crise du COVID-19.

Dans le même temps, une récente étude britannique menée par la société Certo Software montre que seuls 31 % des personnes interrogées considèrent comme un acte illégal le fait d’espionner quelqu’un via son téléphone.

Une action mondiale et collective

La lutte contre le problème polymorphe que constituent les logiciels espions de harcèlement exige une action mondiale et collective des services chargés de l’application de la loi, des fournisseurs de solutions de cybersécurité, des sociétés spécialisées dans la sécurité des technologies de l’information, des organisations non gouvernementales et du monde universitaire.

C’est pourquoi plusieurs acteurs clés de l’écosystème mondial de la cybersécurité se sont regroupés dans le but de créer la Coalition contre les stalkerware, afin de protéger les utilisateurs contre ces logiciels malveillants.

Cette coalition a deux principaux objectifs : d’une part, mettre l’accent sur l’amélioration de la détection des logiciels espions de harcèlement et la réduction des risques associés et, d’autre part, sensibiliser davantage à ce problème aux côtés des organisations travaillant directement avec les victimes et les survivantes.

Eu égard au rôle important joué par les services chargés de l’application de la loi s’agissant de protéger les personnes, de repérer les menaces et d’amener les auteurs des abus à répondre de leurs actes, la Coalition a invité INTERPOL à soutenir cette action.

« INTERPOL s’engage à soutenir la Coalition contre les stalkerware dans sa lutte contre les abus et le harcèlement au moyen de logiciels espions », a déclaré Stephen Kavanagh, Directeur exécutif des Services de police d’INTERPOL.

« À cette fin, nous allons continuer à sensibiliser la communauté des services chargés de l’application de la loi aux problèmes de la violence et des abus contre les partenaires intimes et de leur surveillance sans leur consentement », a ajouté M. Kavanagh.

INTERPOL fera également la promotion des formations organisées par la Coalition auprès de ses 194 pays membres, afin d’améliorer les capacités d’enquête sur l’utilisation de logiciels espions de harcèlement, d’apporter un soutien aux victimes demandant de l’aide, et d’amener les auteurs d’abus à rendre des comptes.

« Nous considérons que tous les partenaires clés doivent unir leurs efforts pour lutter contre cette technique d’abus très répandue », a déclaré Tara Hairston, représentante officielle de la Coalition contre les stalkerware, Cheffe des Affaires publiques pour l’Amérique du Nord chez Kaspersky. « Nous allons travailler aux côtés d’INTERPOL et de nos autres partenaires pour que les personnes ayant subi un harcèlement par logiciel espion n’en soient plus jamais victimes. »

Les membres fondateurs de la Coalition sont Avira, l’Electronic Frontier Foundation, le European Network for the Work with Perpetrators of Domestic Violence, G DATA Cyber Defense, Kaspersky, Malwarebytes, le National Network to End Domestic Violence (États-Unis), NortonLifeLock, Operation Safe Escape et WEISSER RING.