Une opération mondiale contre la traite d’êtres humains permet de repérer 1 194 victimes potentielles et d’interpeller 158 suspects

11 juillet 2025

LYON (France) – Une opération conjointe de grande envergure contre la traite d’êtres humains a permis de repérer 1 194 victimes potentielles et d’arrêter 158 suspects. Dans le cadre des enquêtes en cours, 205 autres personnes soupçonnées de traite d’êtres humains ont également été identifiées.

Cette opération mondiale était axée sur la traite d’êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle, de criminalité forcée et de mendicité forcée, en particulier au préjudice de victimes mineures. Elle a rassemblé près de 15 000 agents de 43 pays, parmi lesquels des policiers et des gardes-frontières ainsi que des membres des services de l’inspection du travail, du fisc et des douanes.

L’opération Global Chain (1er - 6 juin 2025) était pilotée par les services chargés de l’application de la loi de l’Autriche et de la Roumanie avec la coordination et l’appui d’INTERPOL, d’Europol et de Frontex. Elle visait à repérer des cibles de grande importance et des groupes criminels organisés – responsables de la plupart des affaires de traite d’êtres humains – et à mettre fin à leurs activités, mais aussi à secourir des victimes, à identifier des avoirs d’origine criminelle et à ouvrir des enquêtes complémentaires.

Les victimes potentielles étaient originaires de 64 pays, principalement de Roumanie, d’Ukraine, de Colombie et de Chine. La plupart d’entre elles avaient été transportées par des passeurs de pays en pays, voire entre continents, ce qui met en évidence la dimension transnationale des filières de traite d’êtres humains. La majorité des victimes d’exploitation sexuelle identifiées grâce à cette opération étaient des femmes adultes. Les mineures, elles, étaient plus souvent victimes d’exploitation à des fins de mendicité forcée ou d’activités criminelles forcées telles que le vol à la tire. Bien souvent, il s’avère particulièrement difficile de secourir ces victimes, car bon nombre d’entre elles sont exploitées par des membres de leurs propres familles.

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Deux policiers hongrois ont été déployés pour piloter des actions coordonnées avec les autorités allemandes.
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La police brésilienne a démantelé un réseau criminel qui envoyait des victimes au Myanmar à des fins d’exploitation sexuelle.
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Des policiers moldoves faisaient partie des quelque 15 000 agents participant à l’opération dans le monde entier.
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La police thaïlandaise a démantelé un réseau de prostitution qui faisait travailler des mineurs et qui agissait via un réseau social bien connu.
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Les autorités albanaises ont saisi des armes et secouru trois victimes chinoises de l’exploitation sexuelle qui avaient été amenées par des trafiquants depuis Doubaï.
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Des policiers roumains ont été déployés en Suisse pour y mener des actions conjointes.
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En Ukraine, une suspecte a été arrêtée pour avoir organisé le voyage de victimes potentielles jusqu’à Berlin en vue de leur exploitation sexuelle.
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Des policiers du monde entier ont saisi des armes, de la drogue, de l’argent en espèces et de faux documents lors des journées d’action.
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Temps forts de l’opération :

  • La Police fédérale brésilienne a neutralisé un réseau de trafiquants qui recrutaient des victimes au moyen de fausses offres d’emploi avant de les envoyer au Myanmar à des fins d’exploitation sexuelle. Une victime originaire d’Asie du Sud-Est a fait l’objet d’une notice bleue d’INTERPOL, ce qui a permis de veiller à sa sécurité puis de la secourir.
  • En Italie, la police a mené des perquisitions dans plusieurs salons de massage soupçonnés d’avoir des liens avec l’exploitation sexuelle, y a identifié 75 victimes potentielles de la traite d’êtres humains originaires de Roumanie, de Chine et de Colombie, et a saisi des stupéfiants et des armes à feu. Un suspect italien a été arrêté pour traite d’êtres humains. Cinq autres, originaires d’Italie, de Tunisie, de Colombie et des Philippines, ont été arrêtés pour d’autres infractions. Plusieurs appartements servant à la prostitution forcée ont été saisis par les autorités.
  • Les autorités ukrainiennes ont mené une opération d’infiltration qui a permis de mettre au jour un système de recrutement et de transport de femmes à destination de Berlin en vue de leur exploitation sexuelle. Une ressortissant ukrainienne a été arrêtée après que l’analyse de ses appareils électroniques a révélé des preuves de l’existence de profils en ligne faisant la publicité pour des services sexuels en Allemagne.
  • La police roumaine a perquisitionné des domiciles, convoqué onze témoins et arrêté neuf personnes pour traite d’êtres humains, qui avaient forcé huit enfants âgés de 7 à 15 ans à mendier.
  • Les services autrichiens chargés de l’application de la loi ont arrêté sept personnes soupçonnées de traite d’êtres humains et secouru huit femmes, et ils ont démantelé un groupe criminel organisé roumain composé de membres d’une même famille qui exerçait ses activités dans plusieurs pays de l’UE. Le groupe avait recours à la méthode du « lover boy » (petit ami), une technique qui consiste à tromper les victimes en leur faisant croire à une relation amoureuse. En fait, elles finissaient victimes d’exploitation sexuelle et de criminalité forcée.
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Lors de l’opération, des victimes potentielles originaires de 64 pays ont été signalées.
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Quarante-trois pays ont participé à l’opération Global Chain.
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L’opération mondiale a rassemblé des policiers et des gardes-frontières ainsi que des membres des services de l’inspection du travail, du fisc et des douanes, notamment ces agents du Moldova.
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L’opération visait à repérer des cibles de grande importance et des groupes criminels organisés –responsables de la plupart des affaires de traite d’êtres humains – et à mettre fin à leurs activités.
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Opération Global Chain : Outre les 158 arrestations, 205 personnes soupçonnées de traite d’êtres humains ont été identifiées dans le cadre des opérations en cours.
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La police brésilienne a secouru une victime d’Asie du Sud-Est grâce à une notice bleue d’INTERPOL.
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La police ukrainienne a mené une opération d’infiltration qui a mis au jour une filière de traite d’êtres humains.
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L’opération Global Chain a conduit à l’ouverture de 182 nouvelles enquêtes, dont 15 transnationales, et à la publication ou à la transmission de 14 nouvelles notices et diffusions d’INTERPOL.

D’importantes saisies ont également été réalisées, à savoir :

  • 277 669 EUR en espèces ;
  • 1 tonne de cannabis ;
  • 899 unités d’autres stupéfiants ;
  • 30 armes à feu ;
  • 15 composants d’explosifs ;
  • 65 documents frauduleux ;
  • 5 propriétés immobilières.

David Caunter, directeur par intérim de la Criminalité organisée et des Nouvelles formes de criminalité d’INTERPOL, a déclaré :

« La traite d’êtres humains est une forme de criminalité cruelle et dévastatrice qui prive les gens de leur dignité, de leur liberté et de leur humanité, en s’attaquant aux plus vulnérables, notamment aux enfants. L’opération Global Chain met en évidence la dimension mondiale de ces systèmes criminels et le pouvoir de la coopération internationale pour les neutraliser. »

À menace transnationale, réponse transnationale

INTERPOL, Europol et Frontex ont appuyé l’opération grâce à des efforts conjoints de coordination internationale. Pour soutenir les agents sur le terrain et faciliter l’échange d’information en temps réel, un centre de coordination a été installé au siège de Frontex à Varsovie (Pologne). Ce centre comptait 33 agents des pays participants, dont des experts envoyés par INTERPOL, Europol, Ameripol et Frontex. INTERPOL a également ouvert l’accès à ses bases de données mondiales ainsi qu’à ses notices internationales, et il a apporté un soutien en matière d’enquêtes et d’analyse concernant des affaires qui sont apparues ou ont connu des avancées durant l’opération.

Tout au long des journées d’action, les pays ont exploité les renseignements partagés pour perquisitionner des lieux préalablement repérés et réaliser des saisies. Les services chargés de l’application de la loi ont également renforcé leur présence à des points névralgiques et dans des centres de transport clés en vue d’identifier des victimes mais aussi des suspects.

Pendant l’opération de six jours, les agents ont contrôlé :

  • 924 392 personnes ;
  • 842 281 documents d’identité ;
  • 181 954 véhicules ;
  • 5 745 avions et bateaux ;
  • 20 783 sites.

L’opération Global Chain a été menée sous l’égide de la plateforme pluridisciplinaire européenne contre les menaces criminelles (EMPACT) et avec le soutien financier du projet I-FORCE d’INTERPOL et du ministère des Affaires étrangères de l’Allemagne.

Pays participants : Albanie, Allemagne, Autriche, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Brésil, Bulgarie, Chypre, Colombie, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Kosovo*, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Macédoine du Nord, Malte, Moldova, Monténégro, Nigéria, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Thaïlande, Ukraine et Viet Nam.

*   Cette désignation est sans préjudice des positions sur le statut et est conforme à la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité des Nations unies ainsi qu’à l’avis de la CIJ sur la déclaration d’indépendance du Kosovo.