BUENOS AIRES (Argentine) – Une opération menée en Amérique du Sud et ciblant des marchandises pirates et de contrefaçon a conduit à l’arrestation de 104 personnes et à la saisie de plus de 11 millions de produits.
L’opération Crete II (août à septembre 2024) a rassemblé 12 pays pour lutter contre un certain nombre de violations des droits de propriété intellectuelle et industrielle. Son objectif était notamment de viser le commerce illicite d’articles de mode et de produits médicaux contrefaits, ainsi que le piratage numérique. Coordonnée et soutenue par INTERPOL, cette opération a mis l’accent sur les produits représentant une menace pour la santé et la sécurité des consommateurs.
Elle a débouché sur des saisies d’une valeur estimée à 225 millions d’USD. Parmi les millions d’articles confisqués, se trouvaient environ 300 000 produits pharmaceutiques, y compris des médicaments délivrés uniquement sur ordonnance tels que des vaccins, des antidépresseurs et des précurseurs chimiques pouvant servir à la fabrication de drogues illicites.
Sur les 104 personnes arrêtées au cours de l’opération, 35 l’ont été pour contrebande, 45 pour violation de la propriété industrielle et intellectuelle, 15 pour commercialisation illégale de médicaments et de fournitures médicales, et sept pour d’autres faits de criminalité.
Faux, falsifications et escroqueries : le lien avec la criminalité organisée
Dans le cadre de l’opération Crete II, la police brésilienne a démantelé une organisation criminelle responsable du trafic de plus de 250 millions d’USD de cigarettes de contrefaçon. L’enquête a révélé que le groupe avait utilisé de faux documents et de fausses factures afin d’échapper aux contrôles et de transporter la marchandise par la route. Cette opération a donné lieu à l’arrestation de plusieurs suspects et à la saisie d’avoirs. Les malfaiteurs sont accusés de falsification, de commerce de produits impropres à la consommation, d’exploitation et de blanchiment d’argent, et ils encourent des peines pouvant être supérieures à 48 ans d’emprisonnement.
Au Chili, des enquêteurs travaillant dans le cadre de cette opération ont découvert des sites de vente de reproductions d’une célèbre marque de bijoux espagnole. Au total, 2 478 bijoux contrefaits ont été saisis, dont des colliers, des bracelets et des bagues, pour une valeur estimée à 523 000 USD.
La police équatorienne a démantelé un réseau de contrefaçon d’alcool qui produisait et distribuait des versions frelatées de marques de whisky haut de gamme. Le groupe fabriquait cet alcool non réglementé dans de mauvaises conditions d’hygiène, en utilisant des bouteilles recyclées et en copiant des éléments de marque tels que les étiquettes, les timbres fiscaux et les codes QR afin d’imiter les produits authentiques.
Au Paraguay, les autorités ont mené une perquisition dans un entrepôt clandestin dans la région des trois frontières entre l’Argentine, le Brésil et le Paraguay. Sur place, ils ont découvert des moules et des plaques utilisés pour la fabrication de chaussures de contrefaçon. La valeur des produits saisis s’élevait à environ 750 000 USD.
Le secrétaire général d’INTERPOL, M. Valdecy Urquiza, a déclaré :
« La contrefaçon et le piratage sont inextricablement liés à des formes graves de criminalité comme la traite d’êtres humains, le trafic de stupéfiants, la corruption et le blanchiment d’argent. Les groupes criminels organisés impitoyables qui s’adonnent à ces activités illégales placent les profits avant les vies humaines, d’où la nécessité d’apporter une réponse unifiée afin de démanteler ces opérations et de protéger nos communautés. »
Action coordonnée contre la contrefaçon
Dans le cadre de l’opération, le Bureau régional d’INTERPOL pour l’Amérique du Sud à Buenos Aires a travaillé en étroite collaboration avec le projet IP KEY Amérique latine et l’International IP Crime Investigators College (IIPCIC) sur un ensemble de formations et d’activités de partage d’informations. Une réunion clé a rassemblé plus de 100 parties prenantes, dont des policiers, des douaniers, des procureurs et des entreprises du secteur privé. Cela a permis de renforcer la coordination au niveau national entre les officiers de première ligne et de nouer des liens entre les représentants des marques et les entités publiques en Amérique du Sud.
Pays participants : Argentine, Brésil, Bolivie, Chili, Colombie, Équateur, Guyana, Paraguay, Pérou, Suriname, Uruguay et Venezuela.
