Une opération mondiale identifie 1 426 victimes potentielles de la traite d’êtres humains

1 juin 2023
L’opération Global Chain a donné lieu à l’ouverture de 244 enquêtes

LYON (France) – Une opération conjointe de grande envergure contre la traite d’êtres humains a abouti à l’arrestation de 212 personnes et à l’identification de 1 426 victimes potentielles d’exploitation sexuelle, de mendicité forcée et de criminalité forcée dans 44 pays.

L’opération Global Chain (8 - 15 mai 2023), pilotée par l’Autriche et la Roumanie et coordonnée par INTERPOL, Europol et Frontex, a porté sur deux axes. Tout d’abord, la détection et le démantèlement des groupes criminels organisés impliqués dans l’exploitation de victimes originaires d’Amérique du Sud, d’Asie, d’Afrique, des Balkans occidentaux et de l’Ukraine. Ensuite, son but n’était pas uniquement de repérer les victimes – avérées ou potentielles –, mais aussi de les protéger et de les orienter vers les services de soutien.

La coordination des actions était donc essentielle au succès de cette opération conjointe, dans laquelle se sont inscrites les journées d’action commune contre la traite des êtres humains de la plateforme EMPACT, et à laquelle ont participé de très nombreuses autorités chargées de l’application de la loi, notamment la police, les services chargés de l’immigration et des contrôles aux frontières, la police des transports, et les services sociaux et de protection de l’enfance.

INTERPOL, Europol et Frontex ont coordonné l’opération en unissant leurs forces dans une initiative sans précédent pour lutter contre les trafiquants d’êtres humains actifs dans le monde entier. Des fonctionnaires étaient présents dans près de 4 000 postes-frontières, ainsi que dans de grands centres de transit afin de détecter les victimes et les suspects potentiels ; les pays avaient adapté les activités opérationnelles aux types de trafic prédominants de leur région.

Opération Global Chain - Autriche
Opération Global Chain - Bangladesh
Opération Global Chain - Brésil
Opération Global Chain - Colombie
Opération Global Chain - Frontex
Opération Global Chain - Secrétariat général d'INTERPOL
Opération Global Chain - Irlande
Opération Global Chain - Nigéria
Opération Global Chain - Philippines
Opération Global Chain - Portugal
Opération Global Chain - Roumanie
Opération Global Chain - Suède
Opération Global Chain - Ukraine
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À travers le monde, quelque 130 000 agents ont contrôlé :

  • 1,6 million de personnes ;
  • 153 300 véhicules ;
  • 72 850 documents ;
  • 25 400 sites ;
  • 8 644 vols.

Ouverture de 244 enquêtes et identification de 138 trafiquants présumés

Afin d’appuyer les agents présents sur le terrain, un centre opérationnel accueillant 24 pays a été mis en place au Secrétariat général d’INTERPOL, à Lyon. Il a apporté un soutien opérationnel et en matière d’analyse 24 heures sur 24, et facilité l’échange en temps réel d’informations entre les autorités participant à l’opération.

Parmi les temps forts de l’opération :

  • En Suède, dans une zone connue pour des faits de mendicité, les enquêteurs ont identifié cinq mineurs accompagnés d’un homme âgé de 19 ans. Dans leurs dépositions, les garçons ont indiqué que l’adulte faisait office de chef et qu’il supervisait leurs activités de mendicité.
  • En Serbie, six suspects ont été arrêtés pour avoir exploité sexuellement 10 victimes féminines. Dans une affaire distincte, un autre suspect a été arrêté pour avoir exploité une femme qu’il avait forcée à mendier et à se livrer à des infractions.
  • Les autorités roumaines ont effectué 19 perquisitions et arrêté quatre personnes soupçonnées d’exploiter par le travail au moins huit victimes.
  • En Macédoine du Nord, 11 suspects ont été arrêtés pour des faits d’exploitation sexuelle de mineurs et de traite d’êtres humains.
  • En Colombie, 27 victimes d’exploitation sexuelle ont été identifiées et sept suspects ont été arrêtés.

En outre, et cela démontre l’intérêt de renforcer les contrôles aux frontières, les autorités bulgares ont arrêté un combattant terroriste présumé qui faisait l’objet d’une notice rouge INTERPOL depuis 2015 et se déplaçait avec un passeport falsifié.

À la suite des actions menées sur le terrain, 244 nouvelles enquêtes ont été ouvertes et 138 trafiquants présumés ont été identifiés.

Les enfants, victimes les plus vulnérables d’une criminalité sous-déclarée

Lorsqu’ils ciblent leurs victimes, les groupes criminels organisés ne font aucune distinction entre les groupes vulnérables. Par conséquent, les mineurs sont souvent victimes de traite aux fins d’exploitation sexuelle et de leur travail, ou de mendicité forcée, ou encore en vue de la commission de diverses infractions comme la contrebande de marchandises ou des infractions mineures.

Stephen Kavanagh, Directeur exécutif des Services de police d’INTERPOL, a déclaré : « Les groupes criminels ne regardent pas les enfants de la même façon que la majeure partie de la société : ils voient en eux le potentiel d’exploitation et de profit.

« Les opérations comme Global Chain nous permettent d’établir les liens essentiels indispensables pour nous attaquer de front aux réseaux de traite, et de montrer que nous sommes unis contre toute forme d’exploitation des groupes vulnérables », a conclu M. Kavanagh.

L’opération Global Chain a été menée sous l’égide de la plateforme pluridisciplinaire européenne contre les menaces criminelles (EMPACT) et avec le soutien financier du ministère des Affaires étrangères de l’Allemagne par l’intermédiaire du projet THB Balkans d’INTERPOL.

Pays participants : Albanie, Allemagne, Autriche, Bangladesh, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Brésil, Bulgarie, Chypre, Colombie, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Kosovo*, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Macédoine du Nord, Maroc, Moldova, Monténégro, Nigéria, Pays-Bas, Philippines, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Ukraine et Viet Nam.

* Cette désignation est sans préjudice des positions sur le statut et est conforme à la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité des Nations unies ainsi qu’à l’avis de la CIJ sur la déclaration d’indépendance du Kosovo.