WIESBADEN (Allemagne) – Au terme de la réunion des ministres de l’Intérieur et de la Sécurité du G7, ces derniers ont appelé à intensifier la lutte contre la grande criminalité et la criminalité organisée transnationales, en étroite collaboration avec INTERPOL.
Les ministres ont également réaffirmé leur engagement visant à poursuivre le développement des outils et services proposés par INTERPOL, notamment en s’assurant que tous les pays membres ont accès aux outils dont ils ont besoin, en fournissant un appui et des informations si nécessaire, et en coordonnant le financement pour éviter la duplication des activités.
S’il y a bien un domaine dans lequel une coordination mondiale est cruciale, c’est la lutte contre les abus pédosexuels sur Internet. La base de données internationale d’INTERPOL sur l’exploitation sexuelle des enfants (ICSE) permet aux enquêteurs spécialisés du monde entier de télécharger et de comparer du contenu à caractère pédosexuel afin d’identifier les victimes et leurs agresseurs ainsi que les chevauchements dans les enquêtes.
Identification des victimes
La base de données ICSE relie actuellement 68 pays et, depuis son lancement il y a 13 ans, elle a contribué à identifier plus de 31 000 victimes et 14 000 auteurs d’abus à l’échelle mondiale.
Le Secrétaire général d’INTERPOL, Jürgen Stock, a indiqué que le nombre considérable de victimes nécessitait une coopération internationale en matière de lutte contre l’exploitation et les abus pédosexuels sur Internet.
« Chaque enfant ou personne vulnérable connecté(e) à Internet est une victime potentielle.
Le marché des abus sur Internet, et en particulier la diffusion en direct, est mondial et ne cesse de prendre de l’ampleur. Il n’y a donc jamais eu autant d’éléments de preuve à exploiter par les services chargés de l’application de la loi, c’est pourquoi il est impératif d’éviter la duplication des initiatives.
Nous devons veiller à ce que ce type de contenu, qu’il soit d’origine nationale ou régionale, soit systématiquement intégré à la base de données ICSE afin de combler l’écart entre le nombre de victimes et le nombre de personnes secourues », conclut Jürgen Stock.
Criminalité environnementale
Les ministres du G7 ont par ailleurs salué la contribution significative d’INTERPOL aux initiatives mondiales de lutte contre les atteintes à l’environnement, et se sont engagés à prendre des mesures ciblant les finances illicites générées par ces infractions.
D’après les estimations de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, les pays interceptent et recouvrent actuellement moins d’un pour cent des flux financiers illicites mondiaux.
Au mois de septembre, INTERPOL et le Groupe d’action financière (GAFI) ont lancé une initiative conjointe visant à déposséder les malfaiteurs de leurs produits illicites. Cette initiative marque un tournant dans les efforts déployés au niveau mondial pour recouvrer les avoirs illicites.
INTERPOL a également développé un mécanisme mondial de blocage des paiements baptisé « Protocole d’intervention rapide antiblanchiment de fonds » qui, depuis janvier 2022, a aidé les pays membres à recouvrer des produits d’escroqueries commises au moyen d’Internet pour un montant total de plus de 120 millions USD.
Armes à feu illicites
Concernant l’appui apporté à l’Ukraine en vue de sa reconstruction, les ministres de l’Intérieur du G7 ont souligné la nécessité de coopérer avec INTERPOL dans le domaine de la sécurité.
Afin d’endiguer la prolifération attendue d’armes à feu illicites à l’issue du conflit, le Secrétaire général d’INTERPOL, Jürgen Stock, a insisté sur l’importance du Système de gestion des données sur les armes illicites et du traçage des armes (iARMS) d’INTERPOL.
La base de données iARMS, qui contient plus d’un million d’entrées, peut contribuer à identifier les schémas criminels et les itinéraires de trafic d’armes, comme ce fut le cas lors du traçage de stocks d’armes officielles détournés par Daech en dehors de l’Iraq, à destination des Caraïbes et d’autres régions.
Les autorités de police du monde entier peuvent enregistrer des armes à feu illicites dans la base de données iARMS et effectuer des recherches sur les armes saisies afin de vérifier si elles figurent parmi les armes perdues, volées ou faisant l’objet de trafic ou de contrebande. Des alertes INTERPOL peuvent en outre être diffusées auprès de ses 195 pays membres.
Ce système, financé par l’Union européenne, offre également la possibilité de tracer des armes à feu découvertes/saisies afin de déterminer exactement à quel moment et à quel endroit elles ont été détournées à des fins de détention illicite, et d’identifier, par des analyses, les caractéristiques, les itinéraires et les responsables potentiels des trafics.