INTERPOL : Il faut agir immédiatement pour éviter une pandémie de rançongiciels

12 juillet 2021
Le Secrétaire Général appelle la police et ses partenaires à jouer un rôle moteur au niveau mondial

LYON (France) – Le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock, a appelé les services de police du monde entier à former une coalition mondiale avec des partenaires du secteur privé afin de prévenir une pandémie potentielle de rançongiciels.

S’exprimant à l’occasion du Forum de haut niveau d’INTERPOL sur les rançongiciels (12 juillet), le Secrétaire Général Stock a déclaré que, bien qu’il existe certaines solutions au niveau national ou bilatéral, prévenir et combattre efficacement les rançongiciels nécessite une collaboration internationale semblable à celle mise en place pour lutter contre le terrorisme, la traite d’êtres humains ou les groupes mafieux comme la ‘Ndrangheta.

Cette invitation à renforcer la collaboration contre les rançongiciels fait suite à leur développement exponentiel au sein de l’écosystème de la cybercriminalité, qui voit les malfaiteurs faire évoluer leur modèle économique vers la fourniture de rançongiciels en tant que service.

« Malgré la gravité des infractions commises, les malfaiteurs qui utilisent les rançongiciels adaptent sans cesse leur tactique et opèrent sans se préoccuper des frontières et avec une quasi-impunité », a indiqué le Secrétaire Général Stock.

« Très proches en cela de la pandémie dont ils tirent parti, les rançongiciels donnent lieu à différents “variants” qui génèrent d’importants profits pour les malfaiteurs. »

« Les rançongiciels sont devenus une menace trop importante pour pouvoir être combattue par une seule entité ou un seul secteur. L’ampleur de ce défi exige sans plus attendre une action internationale concertée qu’INTERPOL, partenaire mondial neutre et de confiance, est particulièrement bien placé pour accompagner », a ajouté M. Stock.

Une étude réalisée par Chainalysis a montré que les paiements liés aux rançongiciels avaient rapporté 350 millions d’EUR aux malfaiteurs en 2020, soit une hausse de 311 % en un an. Selon Palo Alto Networks, durant la même période, le montant moyen des rançons versées a augmenté de 171 %.

Quelque 370 participants représentant des entités publiques, privées et internationales – parmi lesquelles le Forum économique mondial (FEM), l’ONUDC et des cellules nationales de réponse aux attaques informatiques – se sont penchés sur les attaques par rançongiciels menées au cours des seuls douze derniers mois dans le monde entier contre des infrastructures essentielles, notamment des écoles, des hôpitaux, des entreprises du secteur alimentaire et un important oléoduc.

« Les rançongiciels deviennent l’équivalent du “Far West” dans le cyberespace, chacun pouvant un jour ou l’autre en devenir la victime. Les combattre exige un effort collectif de part de tous en vue d’améliorer l’hygiène informatique dans les différents secteurs, d’augmenter, pour les cybermalfaiteurs, le coût et le risque liés aux rançongiciels par des actions visant à y faire obstacle, et de réduire les gains qu’ils génèrent », a commenté Tad Goldstein, Chef de la Stratégie, Centre pour la cybersécurité du FEM.

« Le Partenariat du Forum économique mondial travaille en étroite coopération avec INTERPOL pour élaborer des architectures mondiales afin d’appuyer une telle coopération et d’étudier les moyens d’encourager la mise en place de mesures responsables par les dirigeants des organisations victimes de ces agissements. »

Le projet Gateway offrant une plateforme permettant à INTERPOL de coopérer avec des partenaires du secteur privé et de recueillir directement des données sur les menaces, les participants ont adopté quatre recommandations visant à créer un cadre directeur mondial pour les mesures destinées à faire obstacle aux rançongiciels et à en atténuer les conséquences :

  1. Prévenir les rançongiciels par un travail de sensibilisation, et le développement des partenariats et du partage d’informations ;
  2. S’employer à faire obstacle aux rançongiciels et à leur écosystème en phase de préexploitation, grâce à l’action, réactive et proactive, des services chargés de l’application de la loi ;
  3. Apporter une assistance d’urgence en cours d’attaque par rançongiciel en tirant parti du réseau mondial et des capacités d’INTERPOL ;
  4. Apporter une assistance à la suite des attaques par rançongiciels afin d’accroître la résilience, l’agilité et la réactivité.

« Le travail de police doit exploiter les informations dont disposent le secteur de la cybersécurité, les cellules de réponse aux attaques informatiques et d’autres services pour identifier et combattre les cybermalfaiteurs dans le cadre d’une véritable coalition, dont les acteurs œuvrent de concert pour atténuer les effets de la cybercriminalité dans le monde », a conclu le Secrétaire général Stock.

Dans ce contexte, INTERPOL s’efforcera également d’identifier les cybermalfaiteurs à l’origine des attaques par rançongiciels, de les cibler et de s’opposer à leurs agissements en adoptant une approche régionale en vue d’une coordination opérationnelle avec les pays membres.