La vente en ligne de faux médicaments et de produits de contrefaçon ciblée par une opération d’INTERPOL

9 juin 2016

LYON (France) – Faux médicaments anticancéreux, tests de dépistage du VIH ou du diabète non conformes aux normes, matériel dentaire de contrefaçon et matériel chirurgical illicite : voilà un aperçu des médicaments et produits potentiellement mortels saisis lors de l’opération Pangea IX d’INTERPOL.

Cette opération, qui ciblait la vente en ligne illicite de médicaments et de dispositifs médicaux et à laquelle ont participé 193 services de police et de douane et autorités de contrôle du médicament de 103 pays, a abouti à 393 arrestations dans le monde entier et à la saisie de médicaments potentiellement dangereux d’une valeur de plus de 53 millions d’USD.

Des partenaires privés des secteurs de l’Internet et des services de paiement ont également prêté leur concours à cette opération, qui a donné lieu à la fermeture de 4 932 sites Web de vente de produits pharmaceutiques illicites.

L’opération s’est par ailleurs intéressée aux principaux secteurs d’activité exploités par la criminalité organisée pour vendre en ligne des médicaments illégaux : les bureaux d’enregistrement de noms de domaines, les sociétés de paiements électroniques et les services de livraison. Sept cents autres enquêtes ont également été ouvertes par des autorités nationales dans le monde entier, et 40 d’entre elles au minimum portent sur des affaires directement liées à la criminalité organisée.

Outre les perquisitions menées à des adresses ayant un lien avec les sites Web illicites de vente de médicaments, quelque 334 000 colis ont été inspectés par des agents des douanes et des organismes de contrôle du médicament et 170 340 d’entre eux ont été saisis au cours de la semaine internationale d’action qui s’est déroulée du 30 mai au 7 juin.

Parmi les 12,2 millions de produits faux et illégaux saisis au cours de l’opération figuraient des comprimés amaigrissants, des antipaludiques, des médicaments anticholestérol, des traitements des troubles de l’érection, des traitements de la chute des cheveux et des compléments alimentaires. Plus de 270 000 dispositifs médicaux d’une valeur estimée à 1,1 million d’USD ont également été retrouvés.

En Hongrie, la police a saisi près de 65 000 comprimés d’anxiolytiques dissimulés dans la banquette arrière d’une voiture et à l’intérieur de la roue de secours, selon le même mode opératoire que celui souvent utilisé par les trafiquants de drogue, et un laboratoire clandestin produisant de faux médicaments et stéroïdes a été découvert en Autriche.

Les autorités du Myanmar ont saisi des médicaments anticancéreux illicites, et à Singapour, des stéroïdes anabolisants, des somnifères, des tests de grossesse, des traitements contre l’infertilité et des pilules minceur ont également été découverts au cours de l’opération Pangea IX.

Une enquête menée par le groupe de travail sur les faux médicaments de la Food and Drug Administration des États-Unis a établi qu’entre août 2013 et janvier 2014 un homme de 29 ans vivant en Californie avait vendu sur eBay du 2,4-dinitrophénol (DNP) comme produit favorisant la perte de poids. Un consommateur des États-Unis est décédé en octobre 2013 suite à l’ingestion de ce produit et, en mai dernier, le vendeur a plaidé coupable de commercialisation entre États d’une substance non autorisée.

En mai 2015, INTERPOL a publié une notice orange donnant l’alerte au sujet des dangers du DNP suite au décès d’une femme au Royaume-Uni et alors qu’un Français était tombé gravement malade après avoir consommé cette substance achetée sur Internet.

« Si les saisies sur le terrain permettent d’empêcher que des consommateurs peu méfiants entrent en possession de ces médicaments et produits potentiellement mortels, il est tout aussi important de fermer les sites Internet sur lesquels les malfaiteurs se livrent à leurs activités », a déclaré Tim Morris, Directeur exécutif des Services de police d’INTERPOL.

« Il est essentiel de sensibiliser le public aux dangers que représente l’achat de médicaments en ligne si nous voulons tarir cette source de financement de la criminalité organisée, qui engrange des profits considérables au prix de la santé et de la sécurité des populations. »

L’opération Pangea IX était coordonnée par INTERPOL avec le concours de l’Organisation mondiale des douanes (OMD), du Permanent Forum on International Pharmaceutical Crime (PFIPC), du Heads of Medicines Agencies Working Group of Enforcement Officers (HMA WGEO), d’Europol, du Pharmaceutical Security Institute (PSI), du Center for Safe Internet Pharmacies (CSIP) et de sociétés privées telles que Discover, G2, LegitScript, MasterCard, PayPal et VISA.

Un centre d’opérations dédié, au siège du Secrétariat général d'INTERPOL, à Lyon, a servi de plateforme d’échange d’informations entre les pays et services participants. C’est depuis cette base que l’OMD a coordonné les activités des services de douane participants et de l’équipe de l’opération Pangea, via son système sécurisé de messagerie. Un bureau mobile Europol a en outre effectué des vérifications croisées.