Les pays de l’aire de répartition du tigre sauvage adoptent des mesures de contrôle douanières et policières pour une espèce en voie d’extinction

14 février 2012

Bangkok (Thaïlande), 14 février 2012 – Les responsables de la police et des douanes de 13 pays d’Asie ont convenu aujourd’hui de renforcer les contrôles et d’améliorer la coopération transfrontalière afin de stopper le trafic illicite de tigres et d’autres espèces gravement menacées d’extinction. L’accord a été conclu à la fin du « Séminaire des  Responsables de la police et des douanes sur les délits contre le tigre » qui a rassemblé pendant deux jours des fonctionnaires de haut rang de la police et des douanes de pays  où vivent encore aujourd’hui des tigres à l’état sauvage.

Accueilli par le Consortium international de lutte contre la criminalité liées aux espèces sauvages (ICCWC), et organisé par INTERPOL, en coopération avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’Organisation mondiale des douanes (OMD), et avec le soutien technique et financier du Secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et de la Banque mondiale, ce Séminaire sur les délits contre le tigre avait pour objectif de faire en sorte que les participants marquent leur accord sur un ensemble de solutions fortes fondées sur la lutte contre la fraude en vue de protéger les tigres et les autres espèces rares et gravement menacées.

« La saga du tigre n’est pas seulement affaire de conservation, c’est aussi un crime » a déclaré M. Yury Fedotov, Directeur exécutif de l’ONUDC. « Y figurent  la criminalité transnationale organisée, des bénéfices énormes, une corruption généralisée, le blanchiment de fonds, la fraude, la contrefaçon et la violence ».

Le Séminaire sur le tigre a réuni 26 délégués provenant de 13 pays de l’aire de répartition du tigre ainsi que des représentants de haut rang des membres de l’ICCWC et d’organisations partenaires clés, actives dans les domaines de la conservation du tigre et de la criminalité contre les espèces sauvages. L’une des activités clés du Séminaire sur le tigre a consisté à susciter auprès des autorités policières et douanières une prise de conscience des répercussions du trafic des espèces sauvages sur les tigres vivant à l’état sauvage.

« Nous devons prendre des mesures urgentes et immédiates pour sauver ces magnifiques animaux de l’extinction » a déclaré M. Kunio Mikuriya, Secrétaire général de l’OMD. « La communauté douanière mondiale est résolument déterminée à travailler en étroite coopération avec ses partenaires afin de stopper le trafic criminel frappant les espèces en danger et les autres marchandises environnementales sensibles, en assurant un contrôle plus vigilant et plus efficace aux frontières à travers un ensemble de mesures ».

Les délits environnementaux constituent un grave problème international, avec des répercussions néfastes sur l’économie et la sécurité mondiales. Les criminels enfreignent les législations nationale et internationale en ayant recours à des techniques de plus en plus sophistiquées et à des réseaux hautement organisés. Leurs activités mettent en péril la santé des populations et menacent l’environnement et la biodiversité à l’échelon mondial.

« Nos efforts pour combattre les délits contre les tigres ne doivent pas seulement se traduire par des saisies ; ils doivent aboutir à des poursuites, des condamnations et des sanctions fortes pour enrayer l’écoulement des produits de contrebande, » a déclaré M. John. E. Scanlon, Secrétaire général de la CITES. « Si nous réussissons à mettre en place un système d’application des lois adéquat pour le tigre, nous contribuerons à sauver d’innombrables autres espèces ainsi que leurs habitats ».

Les experts en matière de conservation du tigre ont présenté une analyse à jour de la situation des menaces pesant sur la conservation des tigres à l’état sauvage, en particulier les liens, à l’échelon mondial et asiatique, entre la criminalité organisée et les délits contre la vie sauvage, y compris le commerce du tigre et de parties de tigre.

« La criminalité contre la vie sauvage et contre l’environnement s’exerce trop souvent dans des zones éloignées et en toute impunité, échappant à la détection et aux foudres de la justice », a déclaré M. Keshav Varma, Directeur de Programme pour l’Initiative mondiale pour la sauvegarde du tigre de la Banque mondiale. « La Banque mondiale et l’Initiative mondiale pour la sauvegarde du tigre appuient totalement  la volonté des policiers et douaniers des pays de l’aire de répartition du tigre de collaborer en échangeant des renseignements et nous saluons les efforts visant à augmenter la pression sur les organisateurs des réseaux criminels et les fonctionnaires corrompus qui les protègent ».

De conserve avec des experts en matière de délits environnementaux, les fonctionnaires de haut rang de la douane et de la police des pays de l’aire de répartition du tigre participants à la réunion ont convenu de mesures, d’opportunités et de stratégies de coopération frontalières, après avoir procédé à des échanges de vues sur les priorités et enjeux nationaux, ainsi que les bonnes pratiques.

« Cet important séminaire a mis l’accent sur les défis en matière de délits environnementaux auxquels font face les fonctionnaires  responsables  dans le domaine de la lutte contre la fraude et sur la nécessité de renforcer la coopération internationale », a déclaré M. Jean-Michel Louboutin, Directeur exécutif des Services de police à INTERPOL. « Nous ne pouvons tolérer que les criminels prospèrent en pillant notre patrimoine naturel ».

Les participants au séminaire sur le tigre ont évoqué la nécessité de mettre au point une réaction coordonnée afin de combattre la criminalité contre le tigre.

« Nous devons travailler collectivement à travers nos programmes environnementaux respectifs », a ajouté M. Jean-Michel Louboutin. « Dans ce contexte, le Complexe mondial INTERPOL pour l’innovation à Singapour constituera à compter de 2014 une plate-forme cruciale pour combattre les délits environnementaux au 21ème siècle ».

Le Séminaire a également pris connaissance du Projet Predator d’INTERPOL, qui a pour objectif de développer l’efficacité des autorités de lutte contre la fraude et de constituer des Groupes nationaux de sécurité de l’environnement.

« Si nous laissons disparaître une espèce aussi emblématique que le tigre, cela revient à dire que l’humanité est prête à voir disparaître n’importe quel animal sur la planète ; il ne faut pas permettre que cela se produise », a ajouté M. Yury Fedotov. « Par nos actes, nous devons montrer que nous avons la capacité, l’aptitude et la volonté de protéger les autres espèces vivant sur notre planète ».

ANTECEDENTS DU SEMINAIRE SUR LE TIGRE

Poussés par la nécessité de réagir d’urgence face à la menace croissante de la criminalité environnementale, cinq organisations intergouvernementales ont constitué en 2010 le Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages ICCWC. Il s’agit des organisations suivantes : le Secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), d’INTERPOL, de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale des douanes (OMD). Le Consortium a vocation à accroître l’efficacité des mesures de lutte contre les délits contre la vie sauvage, en recourant à des méthodes d’interception reposant sur le renseignement et à des méthodes d’enquête évoluées.

Le « Séminaire des  Responsables de la police et des douanes sur les délits contre le tigre » est l’une des premières manifestations du Consortium. Il fait suite au Sommet de Saint-Pétersbourg sur la conservation du Tigre de novembre 2010, durant lequel les Chefs de gouvernement de 13 pays de l’aire de répartition du tigre se sont engagés à intensifier leur coopération pour éradiquer le braconnage, la contrebande et le commerce illicite des tigres et parties de tigre.  Faire face au commerce illicite est un aspect essentiel du Programme mondial de sauvegarde du tigre, une stratégie complète sur  12 ans entérinée par la totalité des 13 pays en vue de doubler la population des tigres à l’état sauvage pour 2022, prochaine année du Tigre.

Le Séminaire s’est également penché sur la Décision 15.48 élaborée lors de la 15ème réunion des Parties à la Convention sur le commerce internationale des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction  (CITES) tenue à Doha en 2010 et qui stipule ce qui suit :

« Le Secrétariat [de la CITES] recherchera des fonds pour réunir dès que possible un séminaire impliquant des cadres des douanes et de la police des Etats de l’aire de répartition du tigre, afin de les informer du statut d’espèce menacée qu’est celui du tigre et, en particulier des effets qu’a sur lui la criminalité liée aux espèces sauvages. Le Secrétariat informera également ces cadres de la tenue du Sommet mondial sur le tigre, prévu dans le cadre de l’Initiative mondiale sur le tigre, de façon que les milieux de la lutte contre la fraude de tous les Etats de l’aire de répartition du tigre soient prêts à entreprendre des actions pour sauvegarder cette espèce et appliquer les mesures adoptées au Sommet. Le Secrétariat collaborera avec l’OIPC-Interpol, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et l’Organisation mondiale des douanes pour la préparation de ce séminaire ».

Traduction fournie par l’OMD