Le chef d’INTERPOL fait une proposition en vue de débloquer l’enquête sur l’attentat terroriste contre l’AMIA

3 novembre 2009

LYON (France) – Au terme d’une proposition du Secrétaire Général d’INTERPOL, Ronald K. Noble, l’Organisation va inviter les autorités argentines et iraniennes à se rencontrer au siège de son Secrétariat général à Lyon (France) afin d’étudier la possibilité qu’un pays tiers se charge des procédures judiciaires concernant l’attentat à la bombe perpétré en 1994 contre le centre de l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA), à Buenos Aires, lequel attentat avait fait 85 morts et des centaines de blessés.

La proposition du Secrétaire Général Noble s’inscrit dans les efforts déployés sans relâche par INTERPOL pour faciliter l’instauration d’un dialogue direct entre l’Iran et l’Argentine en ce qui concerne l’attentat terroriste contre l’AMIA. En septembre, M. Noble s’est rendu à Téhéran afin de rencontrer les hauts responsables iraniens chargés de l’affaire AMIA ; ce lundi, il a organisé au siège du Secrétariat général d’INTERPOL une réunion avec une délégation conduite par le procureur argentin en charge de l’affaire, M. Alberto Nisman.

À cet égard, le Secrétaire Général Noble a été encouragé par l’Iran et par le procureur argentin à entamer une « navette diplomatique » afin d’aider les deux parties à coopérer dans cette affaire.

Les hauts responsables aussi bien argentins qu’iraniens ont des avis très arrêtés sur l’affaire, avis qui sont fréquemment relayés par les médias.

« S’agissant d’INTERPOL, j’encourage toute personne qui souhaite connaître notre position sur cette question extrêmement sensible à ne se fier qu’aux seules déclarations officielles faites par l’Organisation », a indiqué le Secrétaire Général Noble.

Chaque pays a le droit de prendre position, mais la position d’INTERPOL ne sera exprimée que par INTERPOL lui-même.

Le but d’INTERPOL est d’appliquer la décision de son Assemblée générale sur cette affaire, ainsi que d’aider la coopération entre l’Argentine et l’Iran à sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve actuellement en soumettant aux deux parties une solution concrète permettant de faire progresser l’enquête relative à l’attentat terroriste qui a visé l’AMIA.

« Nous ne pouvons pas aider ces pays à sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent en critiquant l’un ou l’autre », a déclaré le Secrétaire Général Noble.

Rappelons que le 7 novembre 2007, l’Assemblée générale d’INTERPOL, organe de direction suprême de l’Organisation, a approuvé la publication de notices rouges (avis de recherche internationaux) demandée par le Bureau central national (B.C.N.) de l’Argentine concernant six personnes recherchées par l’Argentine en relation avec l’attentat contre l’AMIA, en vue de leur arrestation.

« L’Assemblée générale d’INTERPOL a entériné les demandes d’arrestation à l’encontre de six Iraniens, et le Secrétariat général de l’Organisation a le devoir d’appliquer la volonté de l’Assemblée générale. Il revient ensuite à chaque pays de se référer à ses propres lois afin de décider d’accéder ou non aux demandes concernant les personnes en question. La décision de l’Assemblée générale n’obère cependant en rien la présomption d’innocence dont doit bénéficier toute personne accusée d’une infraction quels que soient les faits qui lui sont reprochés », a ajouté le Secrétaire Général Noble.

En facilitant la coopération entre l’Argentine et l’Iran, INTERPOL espère faire en sorte que les parties étudient la solution concrète qu’il propose et y donnent suite.

« L’Iran et l’Argentine sont l’un et l’autre des membres estimés d’INTERPOL et partagent un grand nombre de préoccupations communes s’agissant de la lutte que nous menons au niveau mondial contre le terrorisme et d’autres formes graves de criminalité internationale, et nous devons trouver un moyen de les aider à sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent. Les victimes de ce terrible attentat terroriste ainsi que leurs familles méritent qu’INTERPOL déploie tous ses efforts pour aider l’Iran et l’Argentine à faire avancer l’affaire », a affirmé le Secrétaire Général Noble.

« La force d’INTERPOL est que lorsque des divergences apparaissent entre nos pays membres, nous demeurons toujours impartiaux et continuons à centrer notre action sur le développement de la coopération internationale entre la police et les services chargés de l’application de la loi. »

« INTERPOL n’a cependant pour l’instant pas l’intention de demander à un troisième pays en particulier d’aider à débloquer la situation. Une telle solution impliquerait de consulter officiellement aussi bien l’Iran que l’Argentine et de recueillir leur consentement, ce qui n’a pas encore été fait à ce jour », a ajouté le chef d’INTERPOL.

INTERPOL ne peut obliger aucun de ses pays membres à arrêter une personne faisant l’objet d’une notice rouge, mais nombreux sont ceux qui accordent aux notices rouges INTERPOL une valeur juridique permettant l’arrestation et la détention provisoires d’une personne. Certains pays membres d’INTERPOL n’autorisent pas l’extradition de leurs ressortissants vers un autre pays, quel que soit le motif pour lequel elle est demandée, mais si suffisamment d’éléments de preuve leur sont présentés pour pouvoir engager des poursuites contre une personne et donner lieu à sa condamnation, ils ouvrent une procédure pénale devant leurs propres tribunaux.

Les affaires relatives à des contestations ou à des différends ayant pour objet la publication de notices rouges sont une rare exception, et non la règle. Ainsi, l’année dernière, 3 126 notices rouges ont été publiées sans donner lieu à aucune controverse.