LYON (France) – Un ressortissant rwandais recherché en relation avec le génocide de 1994 a été arrêté par les carabiniers italiens et le Bureau central national (B.C.N.) d’INTERPOL à Rome, grâce à une étroite coopération entre le B.C.N. de Kigali (Rwanda) et le service de soutien aux enquêtes sur les malfaiteurs en fuite (FIS) d’INTERPOL au siège du Secrétariat général à Lyon.
Emmanuel Uwayezu, qui fait l’objet d’un avis de recherche INTERPOL (notice rouge), est recherché par les autorités rwandaises pour génocide, association de malfaiteurs en vue de commettre un génocide, complicité de génocide et crimes contre l’humanité.
Au moment de son arrestation en Italie, il vivait sous une fausse identité (Emmanuel Mihigo Wa Yezu) et était vicaire à Ponzano-Empoli, dans la province de Florence. Son interpellation fait suite à l’envoi à l’unité FIS d’INTERPOL par les autorités rwandaises, d’informations et de photographies ayant permis d’identifier l’individu qui était arrivé en Italie en 1997.
Selon le mandat d’arrêt délivré à son encontre par les autorités judiciaires rwandaises, l’intéressé aurait, durant le génocide, agi seul et dans le cadre d’une association de malfaiteurs, afin d’organiser et de commettre un génocide en incitant des Hutus à tuer des Tutsis dans la région de Gikongoro, alors qu’il était directeur du groupe scolaire Marie Merci à Kibeho. Il est également accusé d’avoir participé à des réunions avec des membres du gouvernement et des autorités militaires, qui auraient organisé l’extermination de l’ethnie Tutsi.
Uwayezu est plus particulièrement accusé de complicité dans le massacre de près de 80 étudiants, en mai 1994 dans l’établissement qu’il dirigeait.
« L’arrestation d’Uwayezu démontre la force et l’efficacité de la coopération internationale entre les polices partout dans le monde lorsqu’il s’agit d’obtenir des informations en vue d’identifier, de localiser et d’arrêter des malfaiteurs en fuite en tout point du globe », a déclaré M. Jean-Michel Louboutin, le Directeur exécutif des Services de police d’INTERPOL.
« Cette arrestation prouve que, aussi longtemps que nécessaire, la communauté policière internationale continuera à rechercher les fugitifs jusqu’à ce qu’ils soient retrouvés et arrêtés, même s’ils sont en fuite depuis des années », a-t-il ajouté.
« Cette opération fait honneur aux agents et aux services chargés de l’application de la loi en Italie et au Rwanda », a conclu M. Louboutin.
L’arrestation d’Uwayezu fait suite à celle d’Ildephonse Nizeyimana, un fugitif recherché par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), récemment arrêté par la police ougandaise. Cette interpellation a eu lieu dans le cadre d’une opération conjointe entre le service d’enquêtes du TPIR, les autorités ougandaises, le B.C.N. d’INTERPOL à Kampala et l’unité FIS de l’Organisation.
Le projet de recherche des génocidaires rwandais d’INTERPOL dirigé par l’unité FIS de l’Organisation a été mis sur pied en 2007 afin d’aider à retrouver les individués recherchés par le TPIR des Nations Unies et par les autorités rwandaises, en relation avec les crimes perpétrés durant le génocide rwandais. À ce jour, ce projet a permis d’arrêter cinq suspects recherchés par le TPIR et sept recherchés par les autorités rwandaises, qui faisaient tous l’objet de notices rouges INTERPOL.
Le génocide rwandais de 1994 a entraîné la mort de près de 800 000 Tutsis et Hutus modérés, massacrés en 100 jours.
Uwayezu a été placé en détention et reste à la disposition des autorités judiciaires italiennes en attendant son extradition vers le Rwanda.