INTERPOL publie le rapport d’expertise demandé par la Colombie sur les ordinateurs et le matériel informatique saisis aux mains des FARC

15 mai 2008

BOGOTA (Colombie) - INTERPOL a présenté aujourd’hui les résultats de l’expertise auquel il a procédé sur les huit ordinateurs et équipements informatiques saisis aux mains des FARC à la suite de la demande d’assistance qui lui a été adressée en mars dernier par la Colombie, l’un de ses 186 pays membres.

Le Secrétaire Général d’INTERPOL, Ronald K. Noble, a informé les hauts représentants des services chargés de l’application de la loi colombiens que l’équipe des experts en informatique légale d’INTERPOL n’avait découvert "aucun élément attestant la modification, l’altération, l’ajout ou la suppression" de fichiers utilisateur sur aucun des trois ordinateurs portables, trois clés USB et deux disques durs externes saisis au cours d’une opération antidrogues et antiterrorisme menée par la Colombie contre un camp des FARC le 1 er mars 2008.

"À l’issue de l’analyse minutieuse et complète dont a fait l’objet chacune des huit pièces à conviction informatiques saisies aux mains des FARC, et après évaluation de tous les éléments examinés par ses experts, INTERPOL conclut qu’aucune des données contenues dans les pièces à conviction informatiques n’a subi d’altération postérieurement à leur saisie, le 1 er mars 2008, par les autorités colombiennes », a déclaré le Secrétaire Général.

D’autres conclusions importantes confirment que les experts en informatique légale de la Police judiciaire colombienne ont procédé selon des principes reconnus au niveau international en ce qui concerne le traitement des éléments de preuve électroniques dès l’instant où ils ont pris possession des pièces à conviction, le 3 mars 2008. En revanche, entre le 1 er et le 3 mars, l’accès direct dont ont fait l’objet les équipements informatiques en question par l’unité antiterroriste de la Colombie qui a été la première à les avoir entre les mains, afin de voir et de télécharger leur contenu, est contraire aux principes internationaux devant être appliqués en la matière dans des circonstances ordinaires. Les experts d’INTERPOL ont vérifié que cet accès direct et les opérations de téléchargement n’avaient eu aucune incidence sur le contenu des fichiers utilisateur des huit équipements informatiques saisis.

"Il n’est que trop fréquent, lors des opérations de police menées partout dans le monde, que les unités qui sont les premières à intervenir accèdent directement aux éléments de preuve électroniques saisis sans en faire de copies protégées contre l’écriture. Les services antiterroristes en particulier pensent à accéder aux éléments de preuve et à les analyser immédiatement afin d’empêcher un prochain attentat. L’une des trois recommandations d’INTERPOL propose que la police consacre davantage de temps et de ressources à la formation de ces services qui interviennent en premier lieu afin de limiter les situations, par exemple, où ces derniers n’ont pas d’autre choix que d’accéder directement aux éléments de preuve saisis ou de risquer une attaque terroriste", a ajouté le Secrétaire Général Noble.

Le rapport d’INTERPOL a également souligné que l’objet de son analyse technique n’était pas d’établir l’exactitude ou l’origine du contenu des éléments de preuve informatiques.

Grâce à du matériel de pointe, les experts d’INTERPOL ont établi que les huit pièces à conviction informatiques saisies contenaient plus de 600 gigaoctets de données, comprenant 37 872 documents écrits, 452 feuilles de calcul, 210 888 images , 22 481 pages Web, 7 989 adresses e-mail, 10 537 fichiers multimédia (son et vidéo) et 983 fichiers chiffrés.

En termes non techniques, un tel volume de données correspondrait à 39,5 millions de pages pleines au format Word de Microsoft et, si la totalité des données saisies étaient au format Word, il faudrait plus de mille ans pour prendre connaissance de toutes à raison de 100 pages de lecture par jour. Afin de décrypter les 983 fichiers chiffrés, les experts d’INTERPOL ont relié et fait fonctionner 10 ordinateurs simultanément 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pendant deux semaines.

"L’assistance technique d’INTERPOL, dans cette affaire, a été sollicitée parce qu’il est le seul, en tant qu’organisation policière la plus importante au monde, à pouvoir fournir une expertise indépendante et objective à l’un quelconque de ses 186 pays membres – et c’est ce qui a été clairement démontré tout au long de l’enquête", a indiqué M. Noble.

"La participation d’INTERPOL à la demande expresse de l’un de ses pays membres a mis en évidence qu’il lui était possible de tirer profit des meilleures ressources et compétences existant dans le monde pour répondre aux besoins des services chargés de l’application de la loi au niveau national et international ».

Début mars, le Secrétaire Général Noble a proposé de rencontrer les autorités chargées de l’application de la loi équatoriennes et vénézuéliennes au sujet de cette affaire – offre qu’il a renouvelée en avril lorsqu’il a vu les chefs des Bureaux centraux nationaux INTERPOL de Bogota, Quito et Caracas à l’occasion de la première réunion à laquelle aient assisté des représentants des services chargés de l’application de la loi des trois pays depuis la saisie des ordinateurs et du matériel informatique des FARC.

"À aucun moment le résultat des constatations qu’il a effectuées n’a constitué un enjeu pour INTERPOL, sauf lorsqu’il s’est agi d’établir la vérité et d’en rendre compte. Comme l’indique clairement le rapport rendu public aujourd’hui, l’aide en matière d’informatique légale apportée par INTERPOL a été approuvée par l’Organisation des États américains et aucun de nos 186 pays membres n’y a vu d’objection", a précisé le Secrétaire Général Noble.

Outre les initiatives mondiales qu’il met actuellement en œuvre dans la guerre livrée au terrorisme comme aux activités criminelles transnationales traditionnelles, INTERPOL a souvent vu son expertise sollicitée pour d’autres enquêtes sensibles, notamment dans le scandale lié au programme des Nations Unies "Pétrole contre nourriture", et dans l’enquête en cours sur l’assassinat de Rafik Hariri, l’ancien premier ministre libanais, en 2005.