LYON (France) – Deux trafiquants présumés ont été arrêtés et 33 personnes ont été secourues alors qu’elles étaient prisonnières d’un réseau criminel qui forçait ses victimes à participer à des escroqueries pyramidales fondées sur l’exploitation.
Cette opération couronnée de succès a été menée par la police de la Côte d’Ivoire à la suite d’une enquête réalisée conjointement avec les autorités ghanéennes et le soutien d’INTERPOL.
L’affaire avait été portée à l’attention de la police du Ghana par le père de deux victimes qui avait été trompées par de fausses offres d’emploi sur Internet. Ses filles avaient payé près de 9 000 USD pour se rendre au Canada afin d’y travailler, par l’intermédiaire d’un recruteur qui utilisait un numéro de téléphone canadien, ce qui conférait une apparence de légitimité à la proposition.
En réalité, les victimes ont été conduites à Abidjan (Côte d’Ivoire), où elles ont été retenues contre leur gré à des fins d’exploitation. Soumises à des pressions physiques et psychologiques, notamment des menaces et des abus, elles ont été forcées de participer à l’escroquerie en recrutant de nouvelles victimes au moyen de plateformes de vente multi-niveaux (MLM) connues.
Pour cacher cette exploitation aux proches des victimes, les organisateurs fournissaient à celles-ci des coordonnées au Canada et veillaient à ce qu’elles ne parlent pas ouvertement de la situation. Ils les emmenaient dans des boutiques haut de gamme et des hôtels de luxe d’Abidjan, où elles devaient poser pour des photos donnant l’impression qu’elles vivaient dans l’aisance à l’étranger.
Une enquête a été ouverte au Ghana après le retour chez elle d’une victime ayant échappé à ses ravisseurs, qui a alerté les familles et donné des informations cruciales à la police.
Grâce à un accord de coopération policière entre les pays d’Afrique de l’Ouest qui permet de franchir librement les frontières aux fins des enquêtes judiciaires, la victime qui s’était enfuie a pu retourner en Côte d’Ivoire, où son témoignage a été essentiel. Ce témoin clé a pu fournir des renseignements en vue de l’opération de secours aux victimes. Les membres des familles des personnes toujours détenues ont également reçu une assistance pour se rendre à Abidjan afin de donner des informations complémentaires aux forces locales.
Tout au long de l’enquête, INTERPOL a fait office de coordinateur entre les deux pays, facilitant l’organisation de perquisitions dans deux lieux importants en février 2025. Cette mission réussie, menée par des services spécialisés de Côte d’Ivoire, a permis de procéder à deux arrestations et de libérer 33 victimes.
Les victimes secourues, originaires de quatre pays – le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana et le Togo – ont été orientées vers une ONG locale qui leur a prodigué assistance et soins. Le principal suspect a été arrêté et remis aux autorités ghanéennes aux fins de poursuite.
Valdecy Urquiza, le secrétaire général d’INTERPOL, a déclaré :
« Ce succès de la Côte d’Ivoire et du Ghana illustre parfaitement l’importance de la coopération policière en matière de lutte contre les escroqueries fondées sur la traite d’êtres humains. Les efforts conjoints des deux pays ont permis de secourir les victimes, tandis que les trafiquants doivent maintenant répondre de leurs actes devant la justice. INTERPOL continuera d’appuyer les efforts déployés par ses pays membres pour démanteler ces réseaux criminels et mettre fin à la traite d’êtres humains sous toutes ses formes. »
Youssouf Kouyate, directeur général de la Police nationale de Côte d’Ivoire, a déclaré :
« Notre étroite coopération avec INTERPOL et la Police ghanéenne a été cruciale pour le succès de cette opération et atteste de la vigueur de nos partenariats régionaux. J’aimerais saluer le courage des victimes qui se sont manifestées pour prêter assistance à cette enquête, et réaffirmer notre volonté de poursuivre et de démanteler les réseaux qui se livrent à ces infractions. »
Les escroqueries sont en augmentation : à quoi faut-il faire attention ?
Les systèmes pyramidaux fondés sur l’exploitation constituent une menace croissante en Afrique centrale et de l’Ouest. Ils présentent souvent des caractéristiques semblables à celles de l’affaire susmentionnée. Généralement, les victimes se voient promettre un emploi ou la possibilité d’étudier à l’étranger. On les persuade de payer en amont des frais de déplacement ou d’administration.
Une fois qu’elles sont prises au piège des trafiquants, leurs documents personnels leur sont confisqués et elles font souvent l’objet de différentes formes d’abus atroces : travail forcé, extorsion, violences physiques ou exploitation sexuelle. Pour recruter de nouvelles victimes, elles sont habituellement forcées de cibler leurs propres amis, leur famille ou leurs connaissances, tablant sur la confiance pour étendre l’escroquerie.
INTERPOL conseille vivement aux membres du public de faire preuve de la plus grande prudence face à des offres d’emploi ou à des possibilités de suivre des études, même lorsque la proposition émane d’une personne qu’ils connaissent personnellement. Parmi les signes qui doivent alerter :
- Demandes d’informations à caractère personnel ou d’argent – L’un des signes d’escroquerie les plus évidents est une demande de paiement ou d’investissement durant le processus de candidature, d’entretien ou d’intégration. On ne doit jamais verser d’argent pour recevoir une offre légitime.
- Pressions – Les escrocs peuvent créer un sentiment d’urgence en fixant des délais courts ou en prétendant que quelqu’un d’autre bénéficiera de l’offre si l’on ne répond pas rapidement. Les véritables recruteurs vous laissent le temps de réfléchir.
- Offres trop belles pour être vraies – L’offre est-elle vague ou mal expliquée ? L’avez-vous reçue sans qu’il y ait eu d’entretien approfondi ? Le salaire ou les conditions sont-ils anormalement généreux ? Effectuez une comparaison avec des offres semblables. Si quelque chose semble trop beau pour être vrai, c’est sûrement le cas.
- Présence sur Internet – Par le passé, une simple recherche sur Internet suffisait souvent pour mettre au jour une escroquerie, en raison de l’amateurisme du site Web ou d’une communication non professionnelle. De nos jours, nombreux sont les groupes criminels qui mettent en place des entreprises convaincantes et imitent des marques connues, souvent avec une présence numérique très au point.