LYON (France) – Dans le cadre d’une vaste opération internationale ciblant les paris illégaux sur le football et les activités criminelles connexes, les autorités ont procédé à plus de 5 100 arrestations et saisi plus de 59 millions d’USD de produits illicites.
Selon une recherche menée par la Fédération asiatique des courses de chevaux, le marché des paris illégaux pèse 1 700 milliards d’USD dans le monde et est étroitement lié à d’autres activités criminelles. Outre la fermeture de dizaines de milliers de sites Web illégaux, les enquêtes menées dans le cadre de SOGA X ont permis de secourir des travailleurs forcés et de démasquer les organisations chargées du blanchiment d’argent.
Des centaines de victimes de la traite d’êtres humains secourues aux Philippines
Dans une affaire importante aux Philippines, les autorités locales, avec le soutien d’INTERPOL, ont démantelé un centre d’escroqueries fonctionnant aux côtés d’un site de jeux d’argent agréé.
L’opération a permis de secourir plus de 650 victimes de la traite d’êtres humains – près de 400 Philippins, et plus de 250 ressortissants étrangers venant de six pays différents.
De nombreuses victimes avaient été attirées sur les lieux par de fausses promesses d’emploi et y ont été détenues par la menace, l’intimidation et même la confiscation de leur passeport. Elles étaient ensuite forcées à travailler pour le site de jeux d’argent légal, tout en commettant des escroqueries en ligne, comme des escroqueries aux sentiments ou des escroqueries aux cryptomonnaies.
Une équipe d’appui opérationnel d’INTERPOL est venue apporter une aide cruciale aux autorités philippines sur le terrain, en fournissant une expertise pour l’extraction et l’analyse criminalistique des preuves obtenues dans les appareils saisis, en retrouvant la trace des flux financiers illicites et en identifiant les victimes potentielles et les suspects dans d’autres pays.
Des escroqueries financières lucratives au Viet Nam et en Thaïlande
L’opération SOGA X a aussi permis de fermer des sites de paris illégaux à grande échelle et de porter un coup d’arrêt à des systèmes d’infractions financières complexes.
Au Viet Nam par exemple, où les jeux d’argent en ligne sont interdits aux citoyens, les autorités ont pu démanteler un réseau complexe de jeux d’argent qui générait la somme stupéfiante de 800 000 USD en transactions quotidiennes.
Le groupe criminel, qui exploitait des serveurs situés dans plusieurs pays, utilisait un réseau élaboré de comptes bancaires et de portefeuilles électroniques pour recevoir les paris illégaux et distribuer les gains.
En Thaïlande, la police a perquisitionné dans deux lieux hébergeant d’importants sites de paris illégaux, arrêté les chefs de file et les membres de leur réseau pour jeux illicites et blanchiment d’argent, et saisi des avoirs d’une valeur de plus de .
En Grèce, les autorités ont démantelé un important réseau de paris illégaux qui utilisait de faux comptes et des comptes de mules financières pour parier sur des événements sportifs. Le groupe criminel organisé, qui se servait de réseaux privés virtuels (VPN) pour contourner les blocages d’Internet en Grèce, exploitait au moins sept sites de paris illégaux, et avait accès à des comptes sur 60 autres sites Internet illégaux.
Le groupe gérait 3 000 faux comptes et comptes de mules financières sur des sites Internet agréés de jeux d’argent en Grèce, à Chypre et en Espagne. Ces comptes avaient été créés en utilisant des cartes d’identité volées et des documents falsifiés, et utilisaient souvent des portefeuilles électroniques pour faciliter leurs activités illégales. Au cours de l’enquête, 9 000 photos de fausses cartes d’identité ont été retrouvées dans les ordinateurs portables saisis.
L’objectif de ce système est de diviser de grandes quantités d’argent en des sommes plus petites et moins facilement détectables. En dispersant leurs profits sur plusieurs comptes, les malfaiteurs tentent de passer sous les radars des services chargés de l’application de la loi, des institutions financières et des sites de jeux d’argent légitimes. C’est aussi une méthode utilisée pour faciliter le blanchiment d’argent.
L’opération SOGA X était une action coordonnée sous la houlette d’INTERPOL, qui a bénéficié du soutien crucial du Groupe d’experts Asie-Pacifique sur la criminalité organisée, de la Cellule spéciale d’INTERPOL sur les matchs truqués (IMFTF) et de l’UEFA, partenaire de l’opération. INTERPOL a facilité le partage d’informations entre les pays participants, et a fourni des conseils sur les affaires ainsi que des formations destinées aux autorités locales.
Stephen Kavanagh, directeur exécutif des Services de police d’INTERPOL, a déclaré :
« Les réseaux de criminalité organisée engrangent des profits colossaux grâce aux paris illégaux, qui sont souvent intrinsèquement liés à la corruption, à la traite d’êtres humains et au blanchiment d’argent. Le succès de l’opération SOGA X n’aurait pas été possible sans le partage mondial d’informations et les efforts déployés par les services chargés de l’application de la loi sur le terrain. »
Les paris illégaux peuvent aussi être étroitement liés au trucage de matchs, car les malfaiteurs essayent de manipuler l’issue des événements sportifs pour s’assurer des bénéfices. Lorsque ce type de paris est omniprésent, il devient plus facile de corrompre des personnes pour influencer les résultats des jeux. L’opération SOGA X avait donc également pour objectif de détecter et de faire cesser toute forme de manipulation. Les enquêtes sont toujours en cours.
Pays et territoires participants : Afrique du Sud, Australie, Belgique, Brunéi, Espagne, Grèce, Guinée-Bissau, Hong Kong (Chine), Hongrie, Inde, Italie, Liban, Macao (Chine), Maldives, Malte, Namibie, Philippines, Portugal, République de Corée, Saint-Marin, Singapour, Sri Lanka, Suisse, Tchéquie, Thaïlande, Trinité-et-Tobago, Türkiye, Viet Nam.