Chili : La police démantèle un groupe criminel responsable du trafic de centaines d’enfants

4 octobre 2021
Le réseau aurait tenté de faire passer aux États-Unis des enfants de migrants haïtiens souvent non accompagnés de leurs parents.

LYON (France) – Une opération portant le nom de code « Frontera Norte » a permis à la police judiciaire chilienne (Policía de Investigaciones – PDI) d’arrêter neuf membres présumés d’un réseau de trafic de migrants, à l’issue d’une enquête menée avec le soutien d’INTERPOL et des services chargés de l’application de la loi de toute l’Amérique centrale et du Sud.

Les arrestations ont eu lieu le 29 septembre dans la ville d’Arica, dans le nord du Chili, près de la frontière péruvienne. Parmi les personnes arrêtées, on compte quatre Chiliens, deux Vénézuéliens, un Péruvien, un Haïtien et un Paraguayen, qui devront tous répondre de l’accusation d’association illégale et de trafic de migrants.

Le réseau est soupçonné d’avoir fait passer clandestinement la frontière chilienne à un millier de migrants haïtiens ayant pour destination finale le Mexique ou les États-Unis.

À ce jour, 267 enfants chiliens âgés de six ans ou moins – tous enfants de migrants haïtiens – ont été détectés sur la route migratoire illégale vers les États-Unis au Costa Rica, au Guatemala, au Mexique, au Nicaragua et au Panama.

Des enfants voyageant sans leurs parents

L’enquête a débuté en janvier 2020, lorsque la police judiciaire du Chili a commencé à recevoir des signalements faisant état d’un afflux anormalement élevé d’enfants chiliens de migrants haïtiens traversant la frontière avec le Pérou. Peu après, en pleine pandémie mondiale de COVID-19, les postes frontières du Costa Rica, du Mexique, du Nicaragua et du Panama ont signalé qu’un grand nombre d’enfants de nationalité chilienne étaient bloqués, incapables de poursuivre leur voyage vers les États-Unis.

En mars 2020, le Chili a contacté l’unité Traite d’êtres humains et Trafic de migrants d’INTERPOL, et demandé aux pays membres d’Amérique centrale et du Sud et des Caraïbes de lui communiquer toute information pertinente. Les données ainsi obtenues ont permis aux enquêteurs chiliens de dresser une liste de 185 mineurs ayant traversé clandestinement l’Amérique centrale en novembre 2020 – une liste qui s’est depuis étoffée et compte aujourd’hui 267 noms.

Sur la base de cette liste et dans le cadre de l’opération Turquesa II coordonnée par INTERPOL, l’Organisation a publié des notices jaunes (alertes policières mondiales visant à localiser des personnes disparues) pour chacun des 267 enfants, ainsi que 526 notices bleues, dont le but est d’obtenir un complément d’information sur une affaire précise, à la demande du Chili. Les enquêteurs ont tenté de localiser les parents des enfants concernés et de déterminer s’ils étaient en route vers les États-Unis.

Dans certains cas, il a été confirmé que les enfants ne voyageaient pas avec leurs vrais parents et dans d’autres cas, qu’ils avaient été abandonnés ou que leurs parents étaient morts pendant le voyage.

267 enfants chiliens âgés de six ans ou moins ont été détectés sur la route migratoire illégale.
Dans certains cas, il a été confirmé que les enfants ne voyageaient pas avec leurs vrais parents.
La police judiciaire du Chili a arrêté neuf membres présumés d’un réseau de trafic de migrants.
Nous avons reçu le soutien de services chargés de l’application de la loi de différentes régions du monde, a déclaré le Directeur général de la police judiciaire chilienne, M. Sergio Muñoz Yañez.
Les passeurs actifs au Chili avaient également des contacts avec les passeurs de migrants dans d’autres pays.
Parmi les personnes détenues, on compte quatre Chiliens, deux Vénézuéliens, un Péruvien, un Haïtien et un Paraguayen.
Le réseau est soupçonné d’avoir fait passer clandestinement la frontière chilienne à un millier de migrants haïtiens.
Les personnes arrêtées devront toutes répondre de l’accusation d’association illégale et de trafic de migrants.
Les migrants avaient pour destination finale les États-Unis.
Les passeurs ont fait connaître leurs services au moyen de groupes WhatsApp.
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Publicité au moyen de groupes WhatsApp

Lors de l’enquête de la police judiciaire chilienne, les policiers ont repéré un réseau criminel transnational promouvant et organisant le passage irrégulier de migrants haïtiens du Chili vers les États-Unis.

Les passeurs faisaient connaître leurs services au moyen de groupes WhatsApp et se chargeaient de faire passer la frontière aux migrants entre le Chili et le Pérou, après quoi ces derniers entamaient le long itinéraire terrestre vers les États-Unis. Les passeurs actifs au Chili avaient également des contacts avec des passeurs œuvrant dans les autres pays situés le long de l’itinéraire.

« Il est terrifiant de penser à ce que ces enfants vulnérables, dont certains n’ont que quelques années, ont subi », a déclaré le Secrétaire Général d’INTERPOL, M. Jürgen Stock. « La diligence dont a fait preuve la police judiciaire chilienne pour enquêter sur ce réseau et le démanteler, avec le soutien des autres pays concernés par l’intermédiaire d’INTERPOL, montre ce que la coopération entre les services chargés de l’application de la loi peut accomplir lorsque les informations sont partagées ».

« Les bases de données et autres outils d’INTERPOL permettant d’échanger des informations ont constitué un élément clé qui a permis à la police judiciaire chilienne de démanteler ce réseau international de trafic de migrants haïtiens vers les États-Unis et le Mexique », a déclaré le Directeur général de la police judiciaire chilienne, M. Sergio Muñoz Yañez. « Au cours de l’enquête menée par la Brigade d’enquête sur la traite des êtres humains de la police judiciaire chilienne, qui a duré plus d’un an, nous avons bénéficié du soutien des services chargés de l’application de la loi de différentes régions du monde, ce qui démontre l’engagement et le soutien de nos pairs lorsqu’il existe un objectif commun tel que la lutte contre la criminalité transnationale organisée ».

Pour faire face au trafic de migrants, INTERPOL met à la disposition des services chargés de l’application de la loi des pays d’origine, de transit et de destination un éventail de compétences, de bases de données et de services, contribuant ainsi à l’échange d’informations et à la coordination de la lutte contre les organisations spécialisées dans le trafic de migrants entre ses 194 pays membres.