La réunion INTERPOL sur le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité s’ouvre au Rwanda

14 avril 2014

KIGALI (Rwanda) – Trouver des moyens de renforcer la coopération et les échanges d’informations afin d’identifier et de poursuivre les génocidaires, les criminels de guerre et les auteurs de crimes contre l’humanité qui continuent de se soustraire à la justice, tel est le thème central d’une réunion de trois jours qui se tient à Kigali.

S’articulant autour du thème « Mettre fin à l’impunité », la 6ème Réunion internationale INTERPOL d’experts sur le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, qui se déroule sur trois jours (14 - 16 avril), est organisée par la Police nationale rwandaise, qui soutient l’événement, alors que le monde commémore le 20ème anniversaire du génocide rwandais.

Le Premier ministre rwandais, M. Pierre Damien Habumuremyi, a officiellement ouvert la réunion, qui rassemble une centaine d’experts judiciaires et des services chargés de l’application de la loi de 24 pays, ainsi que des représentants de 10 organisations internationales.

« Cette conférence s’inscrit dans l’action mondiale visant à traduire en justice les auteurs de génocide et d’autres crimes contre l’humanité. Nous apprécions le rôle clé joué par INTERPOL pour aider à localiser et à arrêter les fugitifs qui franchissent les frontières internationales », a déclaré M. Habumuremyi, ajoutant que cette réunion était également l’occasion de mettre en commun l’expertise existant en la matière afin de prévenir ces activités criminelles, de mener des enquêtes et de poursuivre leurs auteurs.

La Présidente d’INTERPOL, Mme Mireille Ballestrazzi, a souligné que le génocide n’est pas un crime ordinaire parce qu’il porte atteinte à tous les préceptes de l’humanité et aux normes internationales les plus fondamentales, et par son impact, déstabilise des régions et des pays.

« La coopération entre tous les acteurs concernés est un facteur clé du succès des actions menées visant à traduire en justice ceux qui sont recherchés pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité », a déclaré Mme Ballestrazzi, attirant l’attention sur les succès obtenus suite à la création, en 2004, du Projet INTERPOL sur les génocidaires rwandais recherchés.

Dans le cadre de ce projet, la collaboration mise en place depuis 10 ans entre INTERPOL, son Bureau central national de Kigali, le Procureur général du Rwanda et le Tribunal pénal international pour le Rwanda a permis l’identification et l’arrestation de 40 personnes dans 14 pays.

« Grâce à son unité de Soutien aux enquêtes sur les malfaiteurs en fuite et à ses outils de police, INTERPOL est un partenaire clé de la Police nationale rwandaise pour traduire en justice certains fugitifs, et nous encourageons les autres pays membres à en faire de même et à contribuer à mettre fin à l’impunité », a déclaré le Directeur général de la Police nationale rwandaise et Délégué pour l’Afrique auprès du Comité exécutif, M. Emmanuel Gasana.

Le Secrétaire Général d’INTERPOL, M. Ronald K. Noble, a déclaré qu’ « aucune action, aucun acte ne peut excuser la communauté internationale de n’avoir pas protégé le peuple rwandais et, par là même, d’avoir manqué à ses obligations envers l’humanité. »

« INTERPOL considère qu’il est vital d’aider à traduire en justice les auteurs du génocide rwandais de 1994 et, de fait, tous les responsables de génocide, de crimes de guerre et de crime contre l’humanité. »

« Que cela prenne un an, cinq ans, dix ans ou un demi-siècle, notre détermination demeurera intacte jusqu’au bout. Cet engagement, nous le devons au Rwanda et au peuple rwandais, et nous l’honorerons », a conclu le chef d’INTERPOL.

Précisant que cet engagement n’était pas pris uniquement envers le Rwanda mais envers la communauté internationale dans son ensemble, le chef d’INTERPOL a annoncé que l’organisation mondiale de police est en passe de créer une unité spécialisée dans les crimes de guerre au siège du Secrétariat général, à Lyon.

Celle-ci sera chargée d’aider les pays membres à enquêter sur les auteurs présumés de génocide, de crimes de guerre et de crime contre l’humanité, et à les poursuivre en justice.

Parmi les orateurs de marque de la réunion d’experts figurent M. Hassan Jallow, Procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI) ; M. Serge Brammertz, Procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) ; M. Michel de Smedt, Chef de la Division des enquêtes au Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale ; ainsi que Mme Adama Dieng, Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, qui s’est exprimée au travers d’un message vidéo.