Un appel lancé pour sauver les tigres sauvages de l’extinction

2 novembre 2011

HANOÏ (VIET NAM) – Le projet Predator, une initiative visant à protéger et à sauver les derniers tigres vivant toujours à l’état sauvage dans le monde, a été présenté aujourd’hui lors de la 80ème session de l’Assemblée générale d’INTERPOL, qui réunit des professionnels de l’application de la loi des 190 pays membres de l’organisation.

Créé par INTERPOL, le projet Predator associe l’action de la police, des douanes et des services chargés de la protection des espèces sauvages dans les 13 pays d’Asie où le tigre sauvage est toujours présent. Établi dans le cadre de la Global Tiger Initiative, ce nouveau partenariat rassemble des fonctionnaires des 13 pays de l’aire de répartition du tigre, de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), du département de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (Defra) du Royaume-Uni, de la Banque mondiale, de la Smithsonian Institution et d’INTERPOL.

« Des braconniers sans scrupules menacent d’extinction les quelques tigres vivant toujours à l’état sauvage, et nous devons travailler tous ensemble afin de protéger cette espèce emblématique. Avec le projet Predator, INTERPOL donne une nouvelle preuve de son engagement et de sa détermination à protéger non seulement les tigres, mais plus largement les espèces sauvages et les écosystèmes menacés par des malfaiteurs », a déclaré M. David Higgins, Responsable du Programme INTERPOL sur les atteintes à l’environnement.

Le projet Predator permettra d’accroître les capacités des services chargés de l’application de la loi en matière de lutte contre les activités criminelles liées aux tigres, en renforçant leur aptitude à travailler avec des responsables de la protection des espèces sauvages en utilisant des méthodes d’enquête modernes, fondées sur le renseignement. Cette initiative encouragera par ailleurs les pays à mettre en place et à financer des Groupes nationaux de lutte contre la criminalité liée aux tigres.

Dans un message vidéo à l’attention des délégués présents à l’Assemblée générale d’INTERPOL réunie à Hanoï, M. Robert B. Zoellick, le Président du Groupe Banque mondiale, qui est également à l’origine de la Global Tiger Initiative, a déclaré : « Je suis particulièrement fier du rôle catalyseur de la Global Tiger Initiative et de la contribution apportée dès le départ par le Groupe Banque mondiale au projet Predator. Cette action innovante menée dans les pays de l’aire de répartition du tigre – notamment ici même, au Viet Nam – permettra de réduire le trafic d’organes de tigres, ce qui aura pour effet de réduire d’autres formes de criminalité liées aux espèces sauvages en Asie. » Il a en outre appelé les hauts responsables à « donner aux systèmes de justice pénale de leurs pays le pouvoir et les moyens de protéger les espèces sauvages, les forêts et les zones de pêche contre ceux qui pillent le capital naturel de la planète et le patrimoine vivant des pays ».

En raison du braconnage et de la dégradation et du démembrement de l’habitat, il reste aujourd’hui moins de 3 500 tigres dans les pays constituant le territoire de l’animal sur les quelque 100 000 spécimens qui peuplaient l’Asie en 1900.
« Si le braconnage et le trafic se poursuivent au rythme actuel, il se peut que toute une génération ne sache jamais ce qu’est un tigre vivant à l’état sauvage. Le projet Predator permettra à la police, aux douanes et aux services chargés de la protection des espèces sauvages de mettre en commun les informations dont ils disposent afin d’empêcher de voir les tigres disparaître à tout jamais », a déclaré M. Frank Donovan, Directeur de la Mission d’USAID au Viet Nam.

Les braconniers ont décimé la population mondiale de tigres pour alimenter un important marché illicite de fourrure, d’os et d’autres organes de tigre. Le commerce et le trafic illicites d’organes et de produits issus de tigres est généralisé à l’échelle internationale, rendant particulièrement complexe l’application des différentes législations en la matière.

Le Ministre de l’Environnement du Royaume-Uni, M. Richard Benyon, a déclaré : « Le gouvernement du Royaume-Uni a toujours soutenu les actions visant à protéger les tigres sauvages, c’est pourquoi je suis ravi que nous ayons la possibilité d’apporter notre soutien au projet Predator. Le braconnage et le trafic continuent de menacer cette espèce que nous aimons tant, et ce problème mondial requiert une réponse à l’échelle mondiale si nous souhaitons voir un jour le nombre de tigres sauvages croître à nouveau ».

À l’heure actuelle, dans la plupart des pays de l’aire de répartition du tigre, les services chargés de la protection des espèces sauvages manquent de personnel et de moyens matériels pour lutter sur le terrain contre la criminalité liée aux espèces sauvages, et sont souvent en sous-effectif face à des braconniers bien armés.

« La Smithsonian Institution est fière de participer à cette action internationale visant à renforcer les capacités des services chargés de l’application de la loi des pays de l’aire de répartition du tigre », a déclaré M. Steve Monfort, Directeur du Smithsonian Conservation Biology Institute (SCBI). « Le projet Predator d’INTERPOL mettra à la disposition des gestionnaires de zones protégées et d’autres professionnels de l’application de la loi un excellent dispositif commun leur permettant d’échanger le type de renseignements nécessaire à la mise au jour et au démantèlement des réseaux se livrant au commerce illicite d’espèces protégées. Il complètera à la perfection l’action menée par le SCBI en vue d’aider à renforcer l’efficacité des patrouilles sur le terrain, dans les zones protégées, et d’empêcher la mise sur le marché d’animaux braconnés. »

La phase opérationnelle de ce programme sera rapidement mise en œuvre, une réunion de hauts responsables de la police et des douanes des pays de l’aire de répartition du tigre devant se tenir à Bangkok (Thaïlande) les 13 et 14 février 2012 afin d’élaborer et de mettre en place un plan d’action. INTERPOL organise cet atelier sous l’égide de l’International Consortium on Combating Wildlife Crime (ICCWC), avec pour objectif stratégique d’inciter ces responsables à agir afin de mettre un terme au commerce illicite de tigres et d’autres espèces menacées, par une planification à long terme.

En novembre 2010, de hauts responsables politiques des pays de l’aire de répartition du tigre se sont réunis à Saint-Pétersbourg (Russie) afin d’adopter la Déclaration de Saint-Pétersbourg sur la conservation du tigre ainsi qu’un Programme global de rétablissement des tigres – un engagement sans précédent visant à doubler le nombre de tigres vivant à l’état sauvage d’ici 2022. La Global Tiger Initiative – une initiative multinationale et qui fait appel à de multiples partenaires – a été l’un des fers de lance de cette nouvelle action globale et concertée lancée en 2008. Le lancement du projet Predator marque une étape importante dans le renforcement de l’action menée par les pays de l’aire de répartition du tigre en vue d’intensifier la coopération et l’échange d’informations entre les services chargés de la protection des espèces sauvages, les douanes et les polices de nombreux pays asiatiques.