Trafic de migrants
Cela fait des siècles que des personnes quittent leur pays d’origine en quête d’une vie meilleure. Au cours de la dernière décennie, la mondialisation a engendré une migration sans précédent en provenance des pays les moins développés d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe de l’Est vers l’Europe occidentale, l’Australie et l’Amérique du Nord.
Cette situation s’accompagne d’une hausse de l’immigration irrégulière facilitée par les réseaux criminels organisés, qui engrangent des bénéfices juteux en fournissant de faux documents d’identité, en organisant le transport des migrants et en contournant les contrôles officiels aux frontières.
Ce trafic s’effectue par voie terrestre, aérienne ou maritime ; tout dépend de la somme que les personnes paient et des risques qu’elles sont prêtes à prendre.
Réseaux criminels organisés
Les organisations spécialisées dans le trafic de migrants sont gérées comme des entreprises : elles engrangent des bénéfices juteux en prenant peu de risques. Elles tirent parti de la législation lacunaire et du risque relativement faible de détection, de poursuites et d’arrestation par rapport à d’autres domaines de criminalité organisée transnationale.
Les réseaux de trafic de migrants sont souvent vastes et complexes, et impliquent des personnes exerçant diverses fonctions :
- recruteurs, intermédiaires ;
- capitaines de bateau, guides, chauffeurs ;
- personnes chargées de fournir des documents de voyage illicites ;
- personnes chargées d’organiser l’hébergement sur le trajet.
Un rapport publié conjointement par Europol et INTERPOL en mai 2016 estime que plus de 90 % des migrants entrant dans l’Union européenne ont recours aux services de ces réseaux criminels.
En raison du durcissement des politiques d’immigration dans les pays de destination et des technologies de pointe dont disposent les agents de contrôle des frontières, les migrants irréguliers volontaires ont de plus en plus recours aux services de passeurs organisés.
Certains itinéraires de trafic restent simples et directs, mais la plupart sont désormais complexes et interconnectés afin de contourner la législation et les activités des services chargés de l’application de la loi. À titre d’exemple, les migrants d’Afrique et d’Asie se retrouvent parfois sur le même itinéraire de trafic à destination de l’Amérique du Nord.
La relation entre les migrants et les criminels est somme toute temporaire, ce qui complique l’identification de ces derniers. Leur identité n’est généralement pas connue des migrants car ils utilisent, entre autres, des pseudonymes dans le cadre de conversations cryptées, des véhicules de location et plusieurs numéros de téléphone.
Exploitation des technologies
Même si certains migrants et passeurs se donnent rendez-vous dans un lieu de rencontre bien connu, le trafic de migrants s’effectue principalement en ligne. Les groupes criminels utilisent Internet ou le Darknet pour le recrutement, le recueil d’informations en temps réel sur les itinéraires, la communication et la présentation de leurs services.
Ces plateformes sont gérées de manière professionnelle, comme celles d’entreprises, et les migrants ont ainsi l’impression de planifier des vacances. Malheureusement, la réalité est souvent bien différente : les routes accidentées, les bateaux bondés, l’abandon et la criminalité forcée ne sont que quelques exemples des dangers auxquels les migrants font face.
Les technologies sont aussi essentielles pour les migrants : en possession d’un appareil mobile et d’un accès à Internet, ils peuvent se repérer à l’aide d’un GPS ou contacter leur famille restée dans leur pays d’origine.
Trafic de migrants / traite d’êtres humains
La traite d’êtres humains et le trafic de migrants sont tous deux des crimes complexes qui peuvent, dans certains cas, être liés.

En règle générale, les personnes ayant recours à un passeur afin d’entrer illégalement dans un pays le font de leur plein gré, et leur relation avec ce dernier cesse à leur arrivée. En revanche, les personnes victimes de traite sont exploitées à leur arrivée, généralement par la fraude, la force ou encore la contrainte.
Il est toutefois avéré que certains passeurs continuent à exploiter les migrants irréguliers le long du trajet, en ayant recours à la menace et en exigeant davantage d’argent.